Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, à l’occasion de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines

Le 6 février de chaque année, la communauté internationale se mobilise pour célébrer la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF).

Le thème retenu pour l’édition de cette année, « Libérer le pouvoir de la jeunesse : une décennie d’accélération des efforts pour zéro mutilations génitales féminines d’ici à 2030 », vise à fédérer l’action de toutes les parties prenantes, particulièrement des jeunes, afin d’éliminer les MGF dans les 10 prochaines années, comme le préconise la cible 3 de l’objectif 5 de développement durable.

Par le biais de nombreux traités, la communauté internationale reconnaît que les mutilations génitales féminines constituent une violation des droits de la femme. Cette pratique n’a aucun effet positif sur la santé et entraîne généralement des complications chez les femmes et les filles qui en sont victimes. Ces mutilations ont aussi des conséquences sociales néfastes. Elles font peser une charge économique sur les systèmes de santé comme sur la société en général.

À l’échelle mondiale, on estime que plus de 200 millions de femmes et de filles ont subi des mutilations génitales féminines. Chaque année, plus de 3 millions de filles sont exposées à cette pratique néfaste et le nombre devrait passer à 4,6 millions à l’horizon 2030, si nous ne redoublons pas d’efforts pour prévenir les MGF.

L’élimination des mutilations génitales féminines passe par le soutien sans réserve des donateurs et des décideurs. En vue de favoriser des investissements accrus, l’OMS lance, aujourd’hui, un outil interactif de calcul du coût économique des MGF. Cet outil donne une vue d’ensemble de la charge des mutilations génitales féminines sur les plans sanitaire et économique et permet d’évaluer les économies que l’on pourrait réaliser grâce aux interventions axées sur la prévention de cette pratique. L’outil de calcul est conçu à l’usage des décideurs, des donateurs et des communautés, qui peuvent en utiliser les résultats pour prendre des mesures visant à éliminer les mutilations génitales féminines.

Trente pays sont concernés par le phénomène des MGF dans la Région africaine. Des progrès dans la lutte contre ce fléau ont été accomplis au Burkina Faso, au Kenya, au Libéria et au Togo, où le nombre de cas a baissé chez les filles âgées de 15 à 19 ans au cours des 30 dernières années. Malgré cela, nous devons engager des actions collectives et intensifier nos efforts pour protéger les filles, les femmes et les communautés contre les dangers que représentent les mutilations génitales féminines.

À l’OMS, nous œuvrons aux côtés des États Membres et des partenaires pour éliminer les MGF :

  • en mettant des lignes directrices, des outils, des formations et des politiques à la disposition du personnel de santé, de manière à ce qu’il puisse offrir les meilleurs soins de santé possibles aux filles et aux femmes qui subissent des mutilations génitales féminines, en prodiguant notamment des conseils aux victimes et en prenant des mesures pour prévenir cette pratique ;
  • en produisant des connaissances sur les causes et conséquences des mutilations génitales féminines, ainsi que sur les moyens de prévenir ce fléau ; et
  • en diffusant des publications et des outils de plaidoyer pour mettre fin aux MGF.

Aujourd’hui, je lance un appel aux décideurs, aux responsables politiques, aux concepteurs de programmes et aux donateurs et les invite à utiliser le nouvel outil de calcul conçu par l’OMS pour des prises de décisions éclairées et pour accroître les investissements, le but étant d’éliminer les mutilations génitales féminines en une génération.