Cliniques mobiles dans le Hodh El Chargui : rapprocher la santé des populations isolées

Cliniques mobiles dans le Hodh El Chargui : rapprocher la santé des populations isolées

Nouakchott - « Avant, il fallait marcher des heures sous le soleil pour trouver un centre de santé. Aujourd’hui, la clinique vient à nous », confie Fatimata, mère de trois enfants, vivant dans le village de Hel Heyba, situé à 70 Km du centre de santé. 

Dans les vastes étendues semi-désertiques du Hodh El Chargui, à la frontière avec le Mali, l'accès aux soins de santé a toujours représenté un défi majeur. Pour des milliers de personnes vivant dans cette région enclavée — qu’il s’agisse des communautés hôtes, des réfugiés Maliens ou des retournés — se soigner relevait souvent d’un véritable parcours du combattant. À cette réalité déjà complexe s’ajoute la surpopulation croissante du camp de Mbera, situé dans le sud-est de la Mauritanie, qui a entraîné une dispersion progressive des réfugiés Maliens vers les localités environnantes. Ainsi, de nombreuses communautés hôtes dans les moughataas voisines accueillent désormais un nombre important de réfugiés, accentuant la pression sur des services sociaux de base déjà limités, notamment en matière de santé.

Face à cette réalité, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), grâce au financement du Fonds central d'intervention d'urgence (CERF), a soutenu le Ministère de la Santé en déploiyant deux cliniques mobiles dans les moughataas de Timbedra et Amourj. De décembre 2024 à mai 2025, ces unités mobiles, équipées de personnel de santé qualifié, de médicaments essentiels et de matériel médical, ont permis d’offrir gratuitement des soins de santé primaires à plus de 3 500 personnes vulnérables dans plus de 100 localités.

Les services offerts incluent des consultations de médecine générale, des consultations prénatales et post natales, le dépistage de la malnutrition, la vaccination, les traitements pour les infections respiratoires et les diarrhées, mais aussi des séances de sensibilisation et des accompagnements en santé mentale. Ces services sont désormais accessibles au plus près des communautés vivant dans des zones isolées. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’un service de santé s’installe dans leur environnement immédiat.

« Beaucoup de personnes ne se rendaient pas au centre de santé avant, surtout les femmes enceintes et les personnes âgées. Elles préféraient aller chez les guérisseurs, parce que ces personnes n’avaient pas d’autre choix », relève Fatimetou. « J’ai perdu un neveu, emporté par la rougeole parce qu’il n’avait jamais été vacciné. Si les soins avaient été plus proches, peut-être qu’il serait encore là. Aujourd’hui, avec la clinique mobile, on se sent enfin pris en compte. » 

Les résultats sont visibles : dans certaines zones, le taux de couverture vaccinale chez les enfants a augmenté de plus de 30 %, en six mois, et de nombreux cas de malnutrition modérée ont pu être pris en charge à temps, avant qu’ils ne deviennent sévères. Les femmes enceintes, autrefois contraintes d’accoucher seules ou avec l’aide de proches, bénéficient désormais d’un suivi régulier et personnel qualifié.

Au-delà des chiffres, ce sont des vies transformées. Des enfants soignés à temps, des femmes enceintes mieux suivies, des personnes âgées traitées avec dignité. Et surtout, un message fort se dégage : chaque vie compte, où qu’elle se trouve.

« Ce programme a radicalement changé la relation entre les populations rurales et le système de santé. Aujourd’hui, les communautés sentent qu’on ne les a pas oubliées. Même dans les zones les plus reculées, l’État est là, avec ses partenaires, pour assurer un accès aux soins essentiels, » souligne le Dr Mohamed Lemine, Médecin Chef de la Moughataa de Timbedra. « C’est une avancée majeure pour l’équité en santé dans notre pays. »

L’OMS a joué un rôle déterminant dans la mise en place de la stratégie de clinique mobile. L'organisation a apporté un appui technique et opérationnel au ministère de la Santé pour la planification et le déploiement des cliniques mobiles, tout en assurant la formation du personnel de santé, la dotation en médicaments essentiels, en kits d’urgence et en équipements de vaccination. L’OMS a également contribué au renforcement de la surveillance épidémiologique, à la fourniture de carburant et à la logistique pour les zones difficiles d’accès, ainsi qu’à l’élaboration de protocoles standardisés pour la prise en charge de la malnutrition et des maladies prioritaires en collaboration avec les autres partenaires.

« Cette initiative ne se limite pas à une réponse ponctuelle. Elle incarne une vision plus large : celle d’un système de santé plus mobile, inclusif et résilient, capable de s’adapter aux défis humanitaires et géographiques de la région », explique le Dr Luigino Minikulu Mpia, gestionnaine d’incident de l’OMS à Bassikounou. Cet accompagnement s’inscrit dans le cadre de la stratégie conjointe humanitaire de l’OMS et du gouvernement. « Nous soutenons les efforts de mobilisation d’autres partenaires autour de cette initiative pour assurer la continuité de cette assistance vitale. Le gap financier reste important, et l’OMS poursuit activement son plaidoyer pour mobiliser les ressources nécessaires. »

Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Kissima Tandia

Chargé de communication

OMS Mauritanie

tandiak [at] who.int (tandiak[at]who[dot]int)

Maria Ludovica Carucci

Chargée des relations extérieures

OMS Mauritanie

caruccim [at] who.int (caruccim[at]who[dot]int)