L’OMS relance la surveillance des méningites bactériennes et des gastro-entérites à Rotavirus chez les enfants au Niger
En 2025, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avec le soutien de la Fondation Gates, a intensifié ses efforts pour renforcer la surveillance sentinelle des méningites bactériennes et des gastro-entérites à Rotavirus en milieu pédiatrique au Niger. Cette initiative s’inscrit dans la continuité d’un programme lancé en 2002 à l’Hôpital National de Niamey (HNN), qui a permis d’introduire le vaccin contre Haemophilus influenzae type B (Hib) dans le Programme Élargi de Vaccination (PEV) et d’étendre le réseau de surveillance à quatre autres régions : Dosso, Maradi, Zinder et Tahoua.
Ce vaccin protège contre les infections graves causées par la bactérie Hib, comme la méningite, la pneumonie et d'autres infections invasives, notamment chez les jeunes enfants.
Malgré leur fonctionnement continu, ces cinq sites sentinelles font face à des défis persistants : manque de personnel, pénurie de réactifs, absence de réunions de coordination, et bases de données non mises à jour. Pour y remédier, une mission de supervision formative a été menée entre avril et juin 2025. Elle a permis d’évaluer les performances des sites, d’identifier les obstacles à leur efficacité et de formuler des recommandations concrètes.
Les résultats montrent une amélioration progressive de la notification des cas suspects de méningite, avec 250 cas enregistrés en 2023, 471 en 2024 et 349 à fin mai 2025. Toutefois, seuls les sites de Niamey et de Tahoua atteignent les seuils recommandés par l’OMS. L’engagement des directeurs d’hôpitaux, la présence d’équipes de coordination et la disponibilité de matériel informatique sont des atouts majeurs. En revanche, l’irrégularité des supervisions, la faible implication des cliniciens dans la notification des cas et les ruptures de consommables freinent les progrès.
Une réunion de coordination s’est tenue les 19 et 20 mai 2025 à Maradi, réunissant les représentants des cinq sites, de la DSRE et des directions régionales de la santé. Les échanges ont permis de dresser un état des lieux des activités menées entre 2023 et 2025, de partager les bonnes pratiques et de discuter des défis communs, notamment la mobilité du personnel sans passation, le manque de kits de ponction lombaire et l’insuffisance des plateaux techniques.
Parallèlement, une formation a été organisée en trois sessions pour renforcer les compétences de 75 agents de l’hôpital de Niamey, majoritairement des femmes. Les participants ont été formés à la collecte des données, aux procédures de laboratoire, à la conservation des échantillons et à l’évaluation de la qualité des données. Cette formation a permis de doter les équipes des outils nécessaires pour améliorer la surveillance et garantir des données fiables.
Des recommandations ont été formulées à tous les niveaux. L’atteinte des objectifs de performance dans la surveillance sentinelle des méningites bactériennes et des gastro-entérites à Rotavirus pourrait être facilitée par un ensemble de conditions favorables. Il serait bénéfique que le niveau central organise régulièrement des supervisions formatives, idéalement deux fois par an, et qu’une revue annuelle des activités de surveillance soit tenue pour faire le point sur les progrès réalisés. Un approvisionnement régulier en intrants essentiels, tels que les réactifs et consommables, contribuerait également à la continuité des activités sur les différents sites. Par ailleurs, le renforcement des compétences des acteurs, notamment à travers des formations sur la plateforme RedCap, permettrait d’améliorer la gestion des données à tous les niveaux.
Au sein des sites, la tenue de réunions mensuelles entre les membres des équipes de coordination favoriserait un meilleur suivi des performances. L’implication active des Directions Régionales de la Santé et de l’Hygiène Publique dans le suivi des activités renforcerait la dynamique locale.
Du côté des cliniciens, une attention particulière portée à la notification systématique des cas suspects, à la qualité du remplissage des supports de collecte, ainsi qu’à la réalisation des ponctions lombaires et des prélèvements de selles en cas de gastro-entérite, permettrait d’améliorer la qualité des données collectées.
Les biotechnologistes, en veillant à la qualité des prélèvements et au respect des délais d’acheminement, tout en partageant les résultats avec les services concernés, joueraient un rôle clé dans la fluidité de l’information. De leur côté, les gestionnaires de données contribueraient à la fiabilité du système en renseignant la plateforme dédiée aux nouveaux vaccins de manière complète et dans les délais.
Enfin, la poursuite de l’appui technique, matériel et financier de l’OMS, ainsi que la formation continue des agents à l’utilisation des outils numériques, notamment RedCap, constitueraient un levier important pour renforcer durablement la surveillance sentinelle au Niger.
Grâce à cette relance coordonnée, les cinq sites sentinelles du Niger ont pu reprendre leurs activités de manière plus efficace. Les efforts conjoints des partenaires et des acteurs nationaux visent à renforcer durablement la surveillance des méningites bactériennes et des gastro-entérites à Rotavirus et contribueront à la réduction de la morbidité et de la mortalité infantiles dans le pays.