Burkina : réduire la mortalité maternelle grâce à une anesthésie obstétricale de qualité
Ouagadougou – En 2021, le ratio de mortalité maternelle au Burkina Faso était estimé à 198 décès pour 100 000 naissances vivantes (EDS 2021). Bien que ce chiffre reste préoccupant, il témoigne d’une amélioration significative comparée aux années précédentes. Entre 2010 et 2021, ce taux est passé de 341 à 198 décès pour 100 000 naissances vivantes (EDS 2010), soit une baisse de près de 50 %, grâce à des politiques sanitaires efficaces, à un meilleur accès aux soins et, surtout, au renforcement des compétences du personnel de santé. Cependant, des défis subsistent, notamment en matière de qualité des soins anesthésiques en obstétrique.
Face à cette réalité, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en collaboration avec la Société d’Anesthésie, de Réanimation et de Médecine d’Urgence du Burkina (SARMUB), a organisé une série de 4 sessions de formations intensives destinées à renforcer les compétences des professionnels de santé dans la prise en charge de la femme enceinte et de la douleur. Cette formation a porté sur deux modules complémentaires : l’anesthésie obstétricale sécurisée et la Gestion essentielle de la douleur (GED centrée sur la personne (Safer Anaesthesia From Education (SAFE) Obstetrics). Après une formation préliminaire de 20 formateurs nationaux, 147 professionnels de santé issus des Centres hospitaliers universitaires (CHU) Yalgado Ouedraogo, Bogodogo, Tengandogo et Sourô Sanou ont été formés, parmi lesquels des médecins anesthésistes-réanimateurs, des ingénieurs en soins infirmiers et obstétricaux option anesthésie-réanimation, des sage-femmes, des maïeuticiens et des gynécologues-obstétriciens.
Soulignant l’importance de cette formation, la Dre Bertille Ki, enseignante en anesthésie réanimation à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou affirme : « Au Burkina Faso, la baisse du taux de mortalité est rendue possible grâce à la mise en œuvre de stratégies efficaces et ciblées. S’inscrivant dans cette dynamique, cette formation, conçue sur mesure pour répondre aux réalités du terrain hospitalier, vient renforcer de manière significative la qualité des interventions médicales et contribuera à accélérer la réduction durable de la mortalité maternelle dans nos établissements de santé. C’est un modèle unique de formation alliant la formation théorique et celle pratique. »
Le cours SAFE, spécifiquement conçu pour les pays à revenus faibles ou intermédiaires, a déjà prouvé son efficacité dans l’amélioration des pratiques cliniques, en dotant les praticiens d’outils concrets pour gérer les situations critiques en salle d’accouchement et au bloc opératoire.
Nadine Ouedraogo, ingénieure en soins infirmiers et obstétricaux, participante à cette formation, témoigne : « La formation SAFE en obstétrique a profondément renforcé mes compétences en anesthésie obstétricale. Elle m’a permis de mieux comprendre les spécificités de cette discipline qui est une spécialité à part entière. Grâce aux modules pratiques et aux échanges entre pairs, j’ai acquis des compétences essentielles pour prendre en charge efficacement les parturientes, en particulier dans les situations d’urgence. »
Cette initiative s’inscrit dans les priorités nationales de lutte contre la mortalité maternelle. Elle illustre l’importance d’une formation continue, ciblée et adaptée aux besoins du terrain, pour améliorer la qualité des soins et assurer une meilleure sécurité pour les femmes enceintes. Au-delà des aspects techniques, cette formation participe à une réflexion plus large sur la valorisation des compétences, la gestion efficace de la douleur et le rôle clé de l’anesthésie dans le parcours de soins maternels. La collaboration entre la SARMU-B et l’OMS contribue activement à améliorer la sécurité des soins maternels.
Réduire la mortalité maternelle demeure une urgence, un devoir, une action collective.