Aux Comores, une course contre la montre pour interrompre la transmission de la lèpre d’ici 2027 !

Aux Comores, une course contre la montre pour interrompre la transmission de la lèpre d’ici 2027 !

Mutsamudu, 24 mai 2025 – Tôt ce matin-là, les équipes du service de lutte contre la lèpre du CHRI de Hombo prennent la route en direction de Tsembehou, une localité de plus de 12 000 habitants, située dans la région de « La Cuvette ». Leur objectif : poursuivre les efforts de dépistage et de sensibilisation dans le cadre de la campagne nationale d’élimination de la lèpre, et faire le suivi des malades.

Appuyées par l’ONG Action Damien, les équipes du service de lutte contre la lèpre mènent des campagnes de proximité. Elles vont à la rencontre des habitants pour expliquer les signes de la lèpre, proposer un dépistage et le traitement des maladies cutanées et, en cas de détection d’un cas de lèpre, initier un traitement antibiotique spécifique selon la forme de la maladie, d’une durée de six à douze mois.

Cette mission de terrain s’inscrit dans une dynamique plus large menée par le Programme national de lutte contre la tuberculose et la lèpre (PNLT), soutenue par la Fondation Sasakawa, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Action Damien. Elle vise à renforcer la réponse nationale face à une maladie encore présente, notamment sur l’île d’Anjouan et Mohéli.

Deux experts de l’OMS font partie de la mission : le Dr Nassuri Ahamada, chargé des maladies tropicales négligées au bureau de pays, et le Dr Raphaël Ndri de l’Équipe d'Affectation Multipays, basé à Madagascar. Leur participation a permis de renforcer les capacités du personnel engagé sur le terrain et de raffermir la coordination avec les autorités sanitaires locales.

« Aux Comores, notre priorité est d’identifier précocement les cas de lèpre afin d’assurer une prise en charge rapide et efficace », explique le Dr Younoussa Assoumani, représentant d’Action Damien dans le pays.

Sur le terrain, dans les quartiers de Tsembehou, les équipes du PNLT accompagnées par leurs collègues de l’OMS ont visité plusieurs familles qui ont accepté de prendre la Rifampicine, un traitement préventif destiné aux personnes exposées à un risque de contamination. Amina Said, mère de sept enfants, a accueilli les agents de santé à son domicile. « Les agents de santé communautaires nous ont consulté à la maison, nous n’avons pas la maladie mais nous avons compris l’importance de la prévention. C’est pourquoi nous avons accepté le traitement », témoigne-t-elle.

Non loin de là, Daniel, un agent de la société comorienne de l’électricité âgé de 33 ans, accepte, lui aussi, de recevoir le traitement préventif. Après avoir écouté attentivement les explications fournies par un agent de santé communautaire, il décide de suivre les recommandations.
« Ils m’ont examiné et n’ont rien détecté sur ma peau. Mais comme je suis éligible à la Rifampicine, j’ai choisi de suivre leurs conseils », explique-t-il calmement.

Les Comores restent, en 2025, le seul pays de la région africaine de l’OMS à ne pas avoir encore éliminé la lèpre comme problème de santé publique. Le pays enregistre en moyenne 249 cas par an depuis 2020. L’île d’Anjouan concentre 98 % des cas, avec un taux de prévalence de 5,84 pour 10 000 habitants en 2023.

Parmi les nouveaux cas, environ 60 % sont des formes multibacillaires (MB), moins de 4 % présentent des infirmités de degré 2 et au cours des 10 dernières années entre 27 et 38  % des cas  sont des enfants de moins de 15 ans .

Depuis 2019, avec le soutien de l’Action Damien et de l'Institut de Médecine Tropicale d'Anvers, les projets People (2019-2023) et Be-People (2024-2027) ont permis de mettre en œuvre : des campagnes de sensibilisation, des recherches actives autour des cas index et l’administration de la prophylaxie post-exposition.

Ces interventions, coordonnées par le Programme national de lutte contre la tuberculose et la lèpre (PNLT), ont permis de couvrir environ 60 % de la population d’Anjouan et de Mohéli. Le pays affiche un engagement réel en faveur de l’élimination de la lèpre. Toutefois, malgré les ressources déjà mobilisées auprès de la Fondation Sasakawa et de l’OMS, le programme gagnerait à être renforcé davantage afin de consolider les acquis et atteindre les objectifs fixés à l’échelle nationale.

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Abdillahi Ben Charafaine

Chargé de communication
OMS/Comores
Email : bena [at] who.int (bena[at]who[dot]int)
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