Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, 2019

Le 1er décembre de chaque année, la communauté internationale se mobilise pour célébrer la Journée mondiale de lutte contre le sida.

Le thème retenu pour l’édition de cette année, « les communautés font la différence », traduit la reconnaissance du rôle primordial que les dirigeants locaux, les réseaux de personnes vivant avec le VIH, les pairs éducateurs, les agents de santé communautaire, les organisations de la société civile et les militants de base jouent dans la riposte au sida. Grâce aux communautés, les interventions menées dans le cadre de cette riposte restent appropriées, avisées et centrées sur la personne.

Sur près de 26 millions de personnes qui vivaient avec le VIH en Afrique en 2018, quatre cas sur cinq (81 %) avaient été dépistés, deux cas sur trois (64 %) recevaient un traitement et une personne sur deux (52 %) parvenait à une suppression de sa charge virale, sans risque de transmettre l’infection. Dans la Région africaine, le nombre de nouveaux cas d’infection par le VIH ne cesse de baisser, et nous progressons vers l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH. Ces résultats doivent être mis à l’actif de millions d’acteurs communautaires, pour la plupart porteurs du VIH ou touchés par cette maladie.

Des pays comme le Rwanda et l’Afrique du Sud ont montré comment des pairs éducateurs et des agents de santé communautaire formés peuvent administrer des tests de diagnostic rapide dont les résultats sont fournis le même jour, permettant à un plus grand nombre de personnes de connaître leur statut sérologique.

Il ressort des initiatives menées dans la Région que les personnes séropositives sont plus disposées à poursuivre leur traitement lorsque des pairs éducateurs leur prodiguent des conseils et leur fournissent un appui. Les acteurs communautaires du Bénin, les mères mentors du Lesotho, les groupes de soutien à l’observance du traitement au Mozambique, les pharmaciens communautaires du Nigéria et les groupes d’appui aux programmes de traitement des adolescents au Zimbabwe renforcent continuellement les liens avec les soins, encouragent l’observance du traitement et, plus généralement, améliorent le bien-être des personnes vivant avec le VIH. En Zambie, de vastes campagnes de proximité sont organisées par les agents de santé communautaire dans certaines communautés périurbaines afin d’assurer la promotion et la fourniture d’un large éventail de services liés au VIH. Ces campagnes ont permis d’atteindre les cibles 90-90-90 fixées pour le dépistage et le traitement du VIH, et de réduire de 30 % le nombre de nouvelles infections par le VIH dans les communautés ciblées.

Malgré ces progrès, au total 1,1 million de personnes contractent le VIH en Afrique chaque année. Nous devons agir ensemble pour relever ces nombreux défis et pour mettre fin au sida d’ici à 2030. Nous assistons à une baisse des financements alloués à la lutte contre le sida, qui met en péril les progrès que nous avons accomplis. Par ailleurs, nous ne sommes toujours pas parvenus à une couverture universelle des services liés au VIH, au grand détriment des personnes qui en ont le plus besoin. Les adolescentes et les jeunes femmes restent exposées à un risque élevé d’infection par le VIH à cause des inégalités entre hommes et femmes, de la violence sexiste, des mariages précoces, des rapports sexuels rémunérés et d’autres pratiques culturelles néfastes. Les hommes quant à eux sont moins enclins à subir un test de dépistage du VIH et à suivre un traitement. La majorité des enfants vivant avec le VIH n’ont pas accès au traitement. La stigmatisation et la marginalisation restent de mise, surtout à l’encontre des personnes les plus exposées au risque d’infection.

La solution à ces défis réside dans une approche communautaire qui ne se limite pas aux formations sanitaires. En effet, les communautés doivent être dotées des moyens nécessaires pour impulser le changement, grâce à un meilleur accès au savoir, aux droits et à l’autonomie.

Au niveau de l’OMS, nous recommandons une combinaison de méthodes de dépistage permettant d’atteindre les personnes les plus exposées au risque d’infection, notamment le dépistage au niveau communautaire, l’autodépistage et l’orientation-recours assistée par un prestataire. Nous recommandons aussi aux pays de former et de mobiliser les agents de santé communautaire, tout comme les personnes vivant avec le VIH, afin d’offrir des soins et un traitement décentralisés et différenciés pour le VIH.

Je saisis l’occasion de cette journée pour exhorter les gouvernements et les donateurs à investir davantage dans la riposte au VIH en Afrique. La récente reconstitution du Fonds mondial constitue une illustration parfaite de la solidarité internationale.

Pour finir, je tiens à rappeler que les communautés sont au cœur de la riposte au VIH et je vous invite à poursuivre le plaidoyer en faveur de l’accès universel aux services liés au VIH, à favoriser la demande de ces services, à influencer les politiques nationales de lutte contre le VIH et à fournir des services de prévention et de traitement de cette maladie aux personnes que nous desservons. Votre engagement fait la différence pour éliminer le sida de notre vivant.

Pour en savoir plus :

Statistiques mondiales sur le VIH/sida – Fiche d’information 2019

US $14 milliards pour intensifier la lutte contre les épidémies, Le Fonds mondial, 9 octobre 2019