RDC : se reconstruire après les inondations
Kinshasa – Salima, 40 ans et mère de quatre enfants, a durement subi les inondations qui se sont abattues sur Kinshasa en avril 2025. Alors qu’elle fuyait la situation sécuritaire dans l’Est où elle vivait depuis plusieurs années, elle a trouvé refuge chez sa sœur dans la capitale : « Quelques jours à peine après mon arrivée, les pluies nous ont surpris et la famille a tout perdu. Tout le quartier où nous vivions a été gravement inondé et les habitants ont dû fuir et chercher refuge ailleurs. »
Les personnes sinistrées par les inondations causées par les pluies diluviennes des 4 et 5 avril 2025 à Kinshasa sont hébergées sur le site de Kinkole, établi par le gouvernement à environ 30 kilomètres du centre-ville, au sud-est de la capitale. Au 20 juin 2025, plus de 5 000 sinistrés vivaient sur le site de Kinkole, sur un total de 10 649 sinistrés pour la ville-province de Kinshasa.
Plus de deux mois après les pluies diluviennes qui ont touché plus de cinq villes en RDC (Kalemie, Mbandaka, Kisangani, Kalehe, Fizi, etc..) et particulièrement la capitale Kinshasa, les autorités nationales appuyées par les partenaires se tiennent aux côtés des personnes sinistrées pour les aider à retrouver peu à peu un semblant de normalité. Au 08 juin 2025, la situation dans la province du Tanganyika (Sud-est) est demeurée préoccupante en raison de l'épidémie de choléra qui y sévit, affectant les zones de santé de Kalemie et Nyemba, déjà touchées par les inondations. Ces zones sont les principales affectées avec 226 cas suspects et 5 décès.
Selon le rapport de situation du Centre des opérations d'urgence de santé publique (COUSP) du 20 juin 2025, lorsque les eaux se sont retirées, le bilan national faisait état d’environ 1,5 million de personnes touchées dans 20 zones de santé. Les dégâts matériels sont considérables, avec 105 centres de santé endommagés ainsi que plus de 200 écoles, 16 marchés et 83 lieux de culte détruits.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) appuie le Ministère de la santé avec des fournitures médicales essentielles dont des équipements médicaux d'urgence couvrant les besoins sanitaires de 10 000 personnes pendant trois mois. Quatre tentes fournies par l’OMS contribuent à abriter les personnes évacuées.
« La réponse coordonnée aux récentes inondations est un tournant vers une structuration multisectorielle plus efficace de notre action en intégrant les ministères clés au plus haut niveau », a commenté la Dre Émilia Sana, gestionnaire des incidents pour les inondations au Ministère de la Santé publique, Hygiène et prévoyance sociale.
« Une des leçons majeures tirées de cette urgence, tant à Kinshasa que dans d'autres provinces, est la force de la collaboration notamment pour la prise en charge des maladies à potentiel épidémique et des affections chroniques, assurant ainsi la continuité des soins. L’appui de l’OMS en médicaments pour les populations sinistrées a été précieux. »
L’OMS appuie les autorités sanitaires dans l’élaboration de l’analyse de la situation de santé publique, la prise en charge des malades et l’évaluation des besoins en matière de santé sur les sites d’accueil ainsi que de la fourniture de l’eau potable aux personnes sinistrées et aux ménages qui les accueillent.
« Moins de 24 heures après la catastrophe, nous étions sur le terrain pour une évaluation rapide de la situation », explique le Dr Guy Kalambayi, responsable de la préparation et des interventions d'urgence à l'OMS, Bureau de la RDC. « Nous avons contribué à la mise en place d'une structure de prise en charge avec les ressources minimales nécessaires pour soulager les populations. Notre réactivité a été grandement appréciée par la population, tant pour répondre à leurs besoins immédiats que pour veiller à leur santé. »
Plus d'une centaine de familles avaient été relogées dans des abris sécurisés. Grâce aux ambulances déployées dans le cadre du projet SURGE centré sur la préparation aux urgences de santé publique, de nombreux patients y compris des femmes enceintes ont été rapidement transférés vers des structures sanitaires de référence, assurant ainsi une prise en charge rapide et adaptée.
« Les médicaments et kits sanitaires restent utiles aux personnes affectées par ces pluies torrentielles », a ajouté le Dr Kalambayi. « Avec l’accès perturbé aux services de santé dû à la catastrophe, il est d’autant plus important de prendre soin des personnes fragiles telles que les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées, celles souffrant de handicap ou de maladies chroniques qui nécessitent des soins réguliers. »
Dans les zones sinistrées, les populations sont particulièrement exposées à un risque accru de maladies d’origine hydrique et de décès. L'OMS collabore avec ses partenaires pour renforcer les mesures de prévention des épidémies, notamment en assurant l'approvisionnement en eau potable, la disponibilité des latrines et des douches, ainsi que le renforcement du système de surveillance épidémiologique communautaire.
Les eaux stagnantes des crues augmentent considérablement le risque d'épidémies de maladies vectorielles, telles que le paludisme. L'OMS veille à ce que les antipaludéens soient disponibles et que les sites soient situés dans des zones mieux assainies.
La vulnérabilité de la RDC face aux dérèglements climatiques est mise en évidence par les inondations meurtrières qui frappent le pays, même en saison sèche. Dans la nuit du 13 au 14 juin 2025, au moins 29 personnes ont perdu la vie, principalement dans les communes de Ngaliema, Lemba et Matete de la ville de Kinshasa, et plus de 500 ménages ont été affectés.
En réponse à cette récente catastrophe, les autorités ont immédiatement lancé des travaux d’urgence pour réparer les infrastructures endommagées et ont mobilisé des équipes pour coordonner l’aide humanitaire. Les médicaments distribués par l’OMS pour venir en aide aux sinistrés des inondations enregistrées en début mai ont permis de soigner les victimes tout en apportant une aide additionnelle de 3,5 tonnes de kits sanitaires d’une valeur de 255 993 dollars américains et composés de médicaments, d’équipements et d’autres fournitures médicales.
Sur le site d’accueil de Kinkole et ailleurs, le gouvernement et ses partenaires mettent tout en œuvre pour offrir de meilleures conditions de vie à ces personnes qui ont tout perdu à cause des inondations, en assurant la continuité des soins y compris les séances de vaccination, ainsi qu’un accompagnement psychosocial. « Nous avions besoin d’un abri sûr, d’eau et de nourriture. C’est ce que nous avons reçu, sans mentionner les soins dont nous avons bénéficié avec des médicaments fournis gratuitement », confie Albertine, étudiante dans un établissement d’enseignement médical de Kinshasa, victime des inondations.
Ce soulagement est également ressenti par Salima. « Même si nous avons perdu tous nos biens matériels, nous sommes en vie et en bonne santé. C'est cela l’essentiel », relève-t-elle avec optimisme.
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