Bénin : une riposte contre la polio fondée sur l'écoute, la confiance et l'engagement

Bénin : une riposte contre la polio fondée sur l'écoute, la confiance et l'engagement

La cour est silencieuse, les enfants absents. Dans le village de Hounkpa, commune d’Allada, une famille refuse d’ouvrir sa porte aux vaccinateurs venus protéger ses enfants contre la poliomyélite. Le père, absent, a laissé des instructions pour ne pas les laisser entrer. Les relais communautaires, l’agent de santé et même le chef du village – son propre frère – peinent à le faire changer d’avis. Malgré des années de mobilisation, certains foyers restent encore hermétiquement fermés à la vaccination.

C’est dans ce contexte que le ministre de la Santé, Professeur Benjamin Hounkpatin, en visite de supervision sur le terrain, décide de lui laisser un message vidéo filmé par les relais communautaires venus vacciner les enfants. Ainsi, on le filme avec un téléphone pour adresser un message direct au père de famille. Devant la maison, entouré de relais et du chef traditionnel, il explique : « vacciner ses enfants n’est pas seulement une décision personnelle, mais un acte de protection collective. Car un seul enfant non vacciné peut mettre en danger les autres enfants de la communauté. »

 

Le Ministre de la Santé Prof Benjamin Hounkpatin tenant vaccinant un enfant cible contre la Polio après avoir jugulé un cas de refus des parents

 

 

Ce geste témoigne d’un changement dans la manière d’aborder les refus. Car le défi est de taille. Les réticences s’enracinent dans des réalités complexes : les rumeurs persistantes sur la nocivité du vaccin, la méfiance vis-à-vis des autorités, les peurs liées aux effets secondaires, ou encore les décisions prises sans concertation dans des ménages patriarcaux. Ce sont souvent les relais communautaires et les agents de santé qui font face, rassurent, expliquent, reviennent encore. Le second tour de vaccination est, à ce titre, programmé dans les prochaines semaines, une seconde chance pour les familles récalcitrantes d’accepter de protéger leurs enfants contre la Poliomyélite.

Une campagne fondée sur la santé communautaire

La campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite est calquée sur le dispositif de la Politique nationale de santé communautaire initiée en 2020. Chaque équipe d’agents vaccinateurs, composée d’un relais communautaire titulaire et de son suppléant, couvre une grappe de 200 ménages, avec pour mission de vacciner chaque enfant cible de 0 à 59 mois.

En 2024, plus de 15 496 relais communautaires, y compris les mobilisateurs sociaux, et 1 920 membres d’écoute sociale ont été mobilisés et formés dans les 12 départements du Bénin. Ce maillage communautaire est la clef de voûte de la stratégie nationale, fondée sur la confiance, la proximité et l’engagement social.

Dans les milieux urbains pourtant, des avancées notables ont été enregistrées. À Cotonou, Porto-Novo, Natitingou et Parakou, l’approche communautaire adaptée au contexte des villes promet des résultats encourageants. En impliquant activement les chefs quartiers, les leaders religieux, les associations de jeunes ou de femmes, les campagnes de vaccination les plus récentes ont vu une nette diminution des refus. Dans certains quartiers on espère observer une baisse des refus grâce à une mobilisation collective, des espaces de dialogue installés dans les quartiers, marchés ou les lieux de culte, et une communication de proximité utilisant même les réseaux sociaux ou les groupes WhatsApp.

Ce modèle de collaboration horizontale est en train de s’imposer comme un levier indispensable. À Hounkpa, relais communautaire et agent de santé parcourent chaque ruelle pour ne laisser aucun enfant de 0 à 5 ans en dehors de la protection vaccinale. Et l’arrivée du ministre de la Santé sur le terrain donne un souffle nouveau à leur engagement, prenant la forme d’un soutien plutôt que d’une injonction.

Dans les milieux urbains pourtant, des avancées notables ont été enregistrées. À Cotonou, Porto-Novo, Natitingou et Parakou, l’approche communautaire adaptée au contexte des villes promet des résultats encourageants. En impliquant activement les chefs quartiers, les leaders religieux, les associations de jeunes ou de femmes, les campagnes de vaccination les plus récentes ont vu une nette diminution des refus. Dans certains quartiers on espère observer une baisse des refus grâce à une mobilisation collective, des espaces de dialogue installés dans les quartiers, marchés ou les lieux de culte, et une communication de proximité utilisant même les réseaux sociaux ou les groupes WhatsApp.

Ce modèle de collaboration horizontale est en train de s’imposer comme un levier indispensable. À Hounkpa, relais communautaire et agent de santé parcourent chaque ruelle pour ne laisser aucun enfant de 0 à 5 ans en dehors de la protection vaccinale. Et l’arrivée du ministre de la Santé sur le terrain donne un souffle nouveau à leur engagement, prenant la forme d’un soutien plutôt que d’une injonction.

Le ministre de la Santé, en se rendant personnellement à Hounkpa et en acceptant d’adapter le protocole de supervision aux réalités du terrain, illustre une approche de proximité dans la gestion des campagnes sanitaires. Son message vidéo, enregistré sans mise en scène, diffusé ensuite par les relais communautaires, témoigne d’une volonté de dialogue direct avec les familles. Ce geste simple mais significatif a été perçu par les équipes locales comme un appui concret à leur travail quotidien. Il contribue à renforcer la confiance, sans pour autant se substituer aux dynamiques communautaires déjà en place.

Plutôt que d’imposer, cette posture accompagne. Elle valorise les relais, les chefs coutumiers, élus locaux et agents de santé qui, chaque jour, construisent des passerelles entre le système de santé et les populations. En faisant le choix de l’écoute et de la présence sur le terrain, les autorités sanitaires donnent aux communautés les moyens d’agir, en les considérant comme des partenaires à part entière.

« La lutte contre la poliomyélite est loin d’être terminée. Mais elle ne se joue pas seulement dans les laboratoires ou dans les chiffres. Elle se joue dans les rues, dans les familles, dans les cœurs. Et c’est là, au plus près des réalités humaines, que le Bénin trace sa voie : une vaccination faite de confiance, de respect et de solidarité. », insiste le Ministre.

Pour le Représentant de l’UNICEF, Ousmane Niang : « Nous sommes impressionnés par l’engagement des relais communautaires, qui sont au plus près des familles. C’est avec eux que nous gagnerons la bataille contre la poliomyélite. »

Le Représentant de l’OMS, Dr Kouamé Konan Jean, souligne quant à lui : « Cette campagne est exemplaire en matière de stratégie de santé communautaire. Elle montre que lorsque les communautés prennent le leadership, les résultats suivent. »

Alors que la poliomyélite continue de représenter une menace pour les enfants du Bénin, cette campagne démontre qu’aucun outil médical, aussi efficace soit-il, ne peut remplacer la confiance. « C’est dans la proximité, le respect des réalités sociales et la mobilisation des communautés que réside la vraie force de la riposte. En associant leadership politique, engagement communautaire et présence terrain, le Bénin construit pas à pas une réponse durable. », conclue le Ministre.

Le second passage de la campagne, dans les semaines à venir, sera l’occasion de consolider ces acquis.

 

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
KONAN, Dr Kouamé Jean

Représentant Résident p.i de l'OMS au Bénin

 

AKOMATSRI Ayaovi Djifa

Chargée de Communication
OMS Bénin
Email: akomatsria [at] who.int (akomatsria[at]who[dot]int)