Journée de la Médecine traditionnelle 2023

Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique

En reconnaissance de l’importance durable de la médecine traditionnelle africaine et de son rôle intégral dans l’amélioration de la santé et du bien-être sur l’ensemble du continent africain, le 31 août de chaque année marque, depuis deux décennies, la célébration de la Journée de la médecine traditionnelle africaine dans la Région africaine de l’OMS.

Tout au long de ces années, les États membres ont vu la Journée de la médecine traditionnelle africaine évolué en une plateforme dynamique de dialogue, d’échange et de partage des connaissances. Elle a réuni les parties prenantes - des tradipraticiens aux responsables politiques, des chercheurs aux partenaires internationaux - dans une quête commune de meilleures pratiques, de données probantes novatrices et de solutions innovantes qui mettent en évidence l’immense potentiel de la médecine traditionnelle dans la promotion d’une santé holistique et du bien-être pour tous.

Le thème de cette année, « La contribution de la médecine traditionnelle à la santé holistique et au bien-être pour tous », fait écho à celui du premier sommet mondial de l’OMS sur la médecine traditionnelle, tenu à Gandhinagar (Gujarat, Inde) les 17 et 18 août 2023. Ce sommet mondial a servi de catalyseur à l’engagement politique et à l’action fondée sur des données probantes en faveur de la médecine traditionnelle, qui est le recours privilégié de millions de personnes à travers le monde pour répondre à leurs besoins en matière de santé.

Tandis que nous poursuivons sur la lancée de cet événement historique, nous reconnaissons que le thème commun de « la santé holistique et le bien-être pour tous » amplifie notre engagement en faveur de l’interconnexion de la santé et du bien-être qui transcende les frontières géographiques.

La médecine traditionnelle africaine, profondément liée à l’herboristerie autochtone et enracinée dans la trame de la spiritualité et de la culture africaines, est un symbole d’accessibilité économique et de confiance pour des millions de personnes à travers notre continent. Avec environ 80 % de notre population qui se tourne vers la médecine traditionnelle pour trouver du réconfort et répondre à ses besoins fondamentaux en matière de santé, celle-ci demeure l’incarnation de notre identité, de notre résilience et de notre héritage.

Nous félicitons les États Membres pour les progrès accomplis en faveur de l’intégration de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé nationaux. Qu’il s’agisse de l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes, de l’institution de cadres réglementaires garantissant la qualité et la sécurité, de la promotion de culture de plantes médicinales et d’initiatives de formation en collaboration, nos progrès sont tangibles et méritent d’être salués.

Vingt-cinq pays de la Région africaine de l’OMS ont intégré la médecine traditionnelle dans leurs programmes de formation en sciences de la santé, et 20 autres ont conçu un programme de formation destiné aux tradipraticiens de santé et aux étudiants en sciences de la santé, afin de renforcer les ressources humaines dans le domaine de la médecine traditionnelle comme dans les soins de santé primaires. Trente-neuf pays ont institué des cadres juridiques qui régissent l’activité des tradipraticiens de santé.

Tout en célébrant ces réalisations, nous restons conscients du chemin qui nous reste à parcourir. Le potentiel de la médecine traditionnelle, en termes de recherche, de production locale et de commercialisation, reste inexploité.

À cette occasion, j’invite les États membres à intensifier leurs efforts et à poursuivre la mise en œuvre d’approches de la médecine traditionnelle fondées sur des données probantes afin d’atteindre les objectifs de développement durable liés à la santé et de promouvoir la santé et le bien-être pour tous et à tout âge.

J’invite instamment les États Membres à prendre les mesures suivantes :

  •  Appliquer les connaissances locales, la science, la technologie et l’innovation pour libérer la contribution de la médecine traditionnelle à l’amélioration de la santé planétaire et du bien-être des personnes tout au long de la vie, grâce à une nutrition et à des modes de vie adaptés à la région et à la culture, dans des environnements durables.
  • Mettre en place un mécanisme consultatif de haut niveau avec les détenteurs de savoirs autochtones afin de garantir leur pleine participation et leur consultation lors de l’adoption et de la mise en œuvre de politiques et d’actions pertinentes liées à la gestion de la biodiversité et aux savoirs traditionnels.
  • Faciliter l’intégration effective de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé nationaux afin de contribuer à la réalisation de la couverture sanitaire universelle et de tous les objectifs de développement durable liés à la santé.
  • Le cas échéant, les États membres doivent redéfinir les lois, les politiques et les services de santé afin de permettre la prise de décisions holistiques et pertinentes, ainsi que des choix cohérents, en mettant l’accent sur la prévention, l’entretien et les soins de santé primaires.
  • Élaborer des normes applicables aux programmes de formation continue des tradipraticiens afin de faciliter leur intégration dans les services de soins de santé primaires.
  • Intensifier la recherche, la production, la réglementation et l’utilisation officielle de produits traditionnels et locaux fondés sur des données probantes au sein des systèmes de santé nationaux.
  • Mettre au point des systèmes de suivi et des indicateurs dédiés à la médecine traditionnelle dans le cadre des systèmes nationaux d’information sanitaire, afin de pouvoir quantifier et réorienter les pratiques de médecine traditionnelle dans les pays.

Tandis que nous célébrons la Journée africaine de la médecine traditionnelle dans l’unité et la détermination, renouvelons notre engagement à mettre la sagesse curative de nos traditions au service du bien-être de notre peuple et de notre continent. À travers un effort collectif, guidé par la connaissance, l’empathie et l’innovation, nous nous engageons à construire un avenir plus sain et plus holistique, où la trame de nos traditions est imbriquée dans les progrès de la modernité, pour le plus grand bien de tous.