Journée mondiale de l’aide humanitaire 2025 : Dre Olga Ntumba, médecin biologiste, chargée de laboratoire au bureau de l’OMS en RDC et son engagement pour sauver des vies

Journée mondiale de l’aide humanitaire 2025 : Dre Olga Ntumba, médecin biologiste, chargée de laboratoire au bureau de l’OMS en RDC et son engagement pour sauver des vies

Kinshasa - Aujourd’hui, la République démocratique du Congo (RDC) se joint au reste du monde pour commémorer la journée mondiale de l’aide humanitaire. En RDC, des millions de personnes confrontées à des conflits prolongés, aux déplacements forcés, aux épidémies récurrentes et aux catastrophes naturelles ont un besoin pressant d’assistance pour survivre. Pourtant, les femmes et les hommes qui œuvrent sans relâche sur le terrain bravant toutes sortes de danger pour apporter cette assistance, en paient souvent un lourd tribut. Cette journée est l’occasion de rendre hommage à ces héroïnes et à ces héros. Dre Olga Ntumba, médecin biologiste, chargée du laboratoire au bureau de l’OMS en RDC revient ici sur ses engagements en faveur de la santé publique dans un contexte de crise. 

1. Qu’est-ce qui vous a motivée à travailler dans le domaine du laboratoire, en particulier dans un contexte de crise comme celui de la RDC ?

Je suis honorée de mettre mon savoir-faire en matière de laboratoire au service de la santé publique et contribuer ainsi à sauver des vies, surtout en situation de crise, telle est ma principale motivation. Le laboratoire nous met au cœur de la réponse sanitaire. En contexte d’urgence, chaque minute compte : identifier rapidement un pathogène permet de contenir sa propagation et de protéger les communautés. C’est cette responsabilité, alliée à ma volonté de servir les populations les plus vulnérables, qui me pousse à poursuivre mon engagement dans ce domaine. 

2. Quels sont les principaux défis rencontrés sur le terrain pour garantir des diagnostics fiables et rapides lors des urgences sanitaires ?

Le principal défi est d’abord lié à l’accessibilité limitée des populations aux services de laboratoires, surtout dans certaines zones reculées, aggravée par les ruptures fréquentes d’intrants essentiels comme les réactifs, et le manque de personnel qualifié. La complexité de la logistique liée au transport des échantillons dans un grand pays comme la RDC, est un autre défi de taille. À cela s’ajoute l’exigence constante de garantir la qualité, la biosécurité et la biosûreté, même dans des environnements particulièrement contraignants. Malgré ces défis, notre pays arrive à maintenir des standards élevés en matière de diagnostic biomédical, grâce à la formation continue, à une supervision de proximité et à une collaboration multisectorielle renforcée.

3. Pouvez-vous partager une expérience marquante qui illustre l’impact du laboratoire dans la gestion d’une urgence en RDC ?

La réponse à l’épidémie de mpox, avec la mobilisation rapide des équipes et à la décentralisation du diagnostic dans les zones affectées, a fait la démonstration du rôle crucial du laboratoire pour confirmer les cas en un temps record. Le délai moyen de confirmation est passé de 21 jours en décembre 2023 à 4 jours aujourd’hui, et les efforts se poursuivent pour le réduire davantage ce délai. Les mesures de riposte sont mieux ciblées, et de plus en plus efficaces pour limiter la propagation de l’épidémie.

Ce succès a été rendu possible par une coordination étroite entre le laboratoire, la surveillance épidémiologique, la prise en charge clinique des patients et l’action des communautés. 

4. Comment collaborez-vous avec les autres équipes (cliniciens, épidémiologistes, logisticiens) pour répondre efficacement aux urgences sanitaires ?

Toutes les équipes concourent à un objectif commun, qui est de briser rapidement la propagation des épidémies en RDC. En tant que chargée de laboratoire, je mesure l’importance de ma responsabilité en permettant à l’OMS de jouer pleinement son rôle catalytique, surtout dans un contexte de contraintes financières. La collaboration étroite avec les équipes a permis, sur la base des priorités du pays en matière de laboratoires, de consolider les appuis des trois niveaux de l’OMS, sélectionner et déployer les outils les plus performants, renforcer les capacités de diagnostic à tous les niveaux du système de santé, rapprocher le laboratoire des cliniciens, des épidémiologistes, et surtout des communautés. Je travaille en étroite coordination avec les épidémiologistes pour orienter la surveillance. Enfin, j’appuie les logisticiens pour garantir l’acheminement rapide des échantillons et du matériel nécessaire. Cette synergie permet une réponse intégrée, plus rapide et plus efficace face aux urgences sanitaires. 

5. En cette Journée mondiale de l’action humanitaire, qu’est-ce qui vous rend le plus fière ? Quel message souhaiteriez-vous adresser à celles et ceux qui travaillent, souvent dans l’ombre, pour sauver des vies ?

Quand je pense à la multitude de familles à qui les conflits armés, les catastrophes naturelles et les épidémies avaient volé tout espoir, meurtries par les violences de toutes sortes, et qui retrouvent le sourire grâce à l’aide l’humanitaire, je ne peux que dire « Bravo » à celles et ceux qui rendent cela possible, et souvent dans l’anonymat. Tout en saluant leur engagement, leur résilience et leur passion, j’en appelle à leur protection sur le terrain pour éviter de faire subir à population une double peine, celle du déchainement de la nature et des armes et celle du manque de solidarité.

6. Après ces années au service des personnes en situation de vulnérabilité, comment définiriez-vous l’action humanitaire ?

L’action humanitaire est une locomotive dont le moteur est la compassion pour les personnes vulnérables. Cette chaîne de solidarité humaine doit rester vivante. Elle est animée par des femmes et des hommes, souvent anonymes, qui, dans des contextes complexes et parfois extrêmes, mettent leur énergie, leur expertise et leur cœur au service des autres. Ils agissent pour protéger la santé, préserver la dignité, et redonner espoir là où tout semble perdu. Leur engagement, leur résilience et cette passion font une réelle différence, chaque jour, sur le terrain. 

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