Journée mondiale de l’aide humanitaire 2025 : Abidine, infirmier au camp de Mbera en Mauritanie, incarne l’espoir au quotidien

Journée mondiale de l’aide humanitaire 2025 : Abidine, infirmier au camp de Mbera en Mauritanie, incarne l’espoir au quotidien

Mbera – Chaque 19 août, le monde célèbre la Journée mondiale de l’aide humanitaire pour honorer les femmes et les hommes qui, souvent dans des conditions difficiles, consacrent leur vie à aider les autres. Le thème de cette année, « Renforcer la solidarité mondiale et autonomiser les communautés locales », nous invite à reconnaître le rôle essentiel des acteurs locaux dans les réponses humanitaires. 

À cette occasion, nous avons rencontré Abidine Ould Sidewa, infirmier au camp de réfugiés de Mbera, en Mauritanie. Son témoignage illustre avec force l’impact de l’engagement local dans la protection des plus vulnérables. 

1. Qu’est-ce qui vous a conduit à vous engager dans l’action humanitaire et quel est votre rôle au centre de tri du camp de Mbera ?

J’ai commencé comme commerçant à Tombouctou, mais c’est en découvrant les activités de santé communautaire que j’ai compris ce que cela signifiait vraiment : être utile, écouter, accompagner. Cette expérience m’a poussé à me former comme infirmier en 1998. Depuis, je me suis engagé à servir toutes les personnes dans le besoin, quelles que soient leurs origines.

Depuis avril 2024, je travaille au centre de tri pour les nouveaux arrivants Maliens. Nous assurons les consultations, le dépistage de la malnutrition, la vaccination des enfants zéro dose et la sensibilisation. Ce dispositif permet de détecter les personnes malades avant leur intégration dans la communauté, ce qui a considérablement réduit les décès communautaires.

2. Quelles sont les principales maladies que vous rencontrez et comment sensibilisez-vous les populations ?

Dans mon quotidien sur le terrain, je suis confrontée à des maladies qui touchent particulièrement les enfants et les femmes : les infections respiratoires aiguës, le paludisme, les maladies diarrhéiques, la rougeole et surtout la malnutrition. Ces pathologies sont souvent aggravées par le manque d’accès aux soins, à l’eau potable et à une alimentation équilibrée.

Pour sensibiliser les populations, je privilégie une approche humaine et adaptée à chaque contexte. Je parle avec les mères, les chefs de communauté, les jeunes. Je les informe sur l’importance de la vaccination, les gestes simples d’hygiène, les risques liés aux accouchements à domicile, et les bienfaits de l’allaitement maternel exclusif. Je m’appuie aussi sur des relais communautaires et des séances de dialogue pour faire passer les messages de manière claire et respectueuse. Le respect du calendrier vaccinal est un point que je souligne toujours, car il sauve des vies.

3. Pouvez-vous nous raconter une rencontre qui vous a particulièrement marqué ?

Oui, il y a une rencontre qui reste gravée dans mon cœur. C’était en 2022. J’ai croisé une femme enceinte, réfugiée, seule avec deux enfants en bas âge, tous deux souffrant de malnutrition sévère. Elle était méfiante, épuisée, et refusait les soins pour des raisons religieuses. J’ai pris le temps de l’écouter, de comprendre ses peurs, ses croyances. Ce n’était pas facile, mais petit à petit, elle m’a fait confiance.

J’ai organisé son transport vers un centre de santé, la prise en charge nutritionnelle de ses enfants, et je l’ai accompagnée tout au long de son parcours, jusqu’à l’accouchement. Elle a donné naissance à un bébé en bonne santé. Ce jour-là, elle m’a remercié avec émotion, et moi, j’avais les larmes aux yeux.

4. Quels changements vous donnent confiance en l’avenir de l’action humanitaire locale ?

Je vois une vraie transformation : les communautés prennent conscience de leur rôle, posent des questions, s’impliquent. La collaboration avec la gendarmerie, l’accueil structuré des nouveaux arrivants, et l’intérêt croissant pour la santé montrent que l’humanitaire ne se limite plus à l’urgence, il devient un moteur de reconstruction et d’autonomisation.

Pour moi, tendre la main aux plus vulnérables ne se limite pas à fournir des soins ou des ressources. C’est avant tout reconnaître leur humanité et leur droit fondamental à vivre en sécurité, en bonne santé et avec espoir. L’humanitaire commence là où l’on refuse de détourner le regard. En renforçant les capacités des communautés locales à prendre soin d’elles-mêmes, nous ne faisons pas que sauver des vies : nous semons les graines d’un avenir plus équitable, plus digne et plus solidaire.


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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Kadijah Diallo

Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique 
Email: dialloka [at] who.int (dialloka[at]who[dot]int)

Maria Ludovica Carucci

Chargée des relations extérieures

OMS Mauritanie

caruccim [at] who.int (caruccim[at]who[dot]int)