Sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive : ces pairs éducateurs qui passent le message auprès des jeunes de Kinshasa

Kinshasa – Le Programme national de santé de l’adolescent (PNSA) a organisé du 05 au 19 décembre une campagne de sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive à l’intention des adolescents et jeunes. Une cinquantaine de pairs éducateurs formés sur la thématique ont été déployés dans une stratégie porte à porte pour aller au contact de leurs compères.

Leur mission est d’apporter la bonne information sur la santé sexuelle et reproductive aux jeunes de certaines zones de santé de la ville-province de Kinshasa, à savoir Kalamu 1, Kikimi, Kimbanseke, Kintambo ou encore Makala.

Selon la dernière Enquête démographique et de santé (EDS 2013-2014) réalisée en République démocratique du Congo, 51,3% d’hommes âgés entre 15 et 19 ans ne sont pas exposés aux médias au moins une fois par semaine contre 42,8% pour ceux âgés entre 20 et 24 ans. Chez les femmes, ce sont 61,9% dont l’âge se situe entre 15 et 19 ans contre 65% dans la tranche d’âge comprise entre 20 et 24 ans qui ne le sont pas. Ces données sont particulièrement importantes pour la mise en place de programmes d’éducation, de sensibilisation et de diffusion d’informations dans tous les domaines, notamment dans ceux de la santé.

L’initiative appuyé par l’Organisation mondiale de la Santé grâce au soutien financier de la Suède a permis de « prêcher la bonne nouvelle » à près de 40.000 jeunes et adolescents. 

WHO/Marlène Dimegni Bermi
32,8 % de la population congolaise est âgée de 10 à 24 ans comme nous l’apprend le Plan stratégique pour la santé et le bien être des adolescents et jeunes (2021-2025).

Naomi Biasala (22 ans), Noëlla Nkiama (24 ans) et Emmanuel Lukanga (23 ans) sont trois jeunes congolais aux combats plutôt affirmés. Depuis 10 heures du matin, ils sillonnent d’un pas confiant les rues de Kinshasa en faisant du porte à porte. Les baskets bien lacés, avec leurs sacs au dos et les mains chargées de flyers, les trois coéquipiers arborent leurs gilets bleus avec flanqués le slogan « Santé et bien-être des adolescents et jeunes ». Ils entament une journée qui s’annonce riche en rencontres.
Le premier stop de la journée se fait chez les grands-parents de Sophie, une adolescente de 15 ans rencontrée cette matinée du 5 décembre dans la zone de santé de Kintambo. L’équipe de sensibilisation est accueillie pour la deuxième fois, au domicile familial. La première fois, il y a quelques semaines, les pairs éducateurs y étaient pour rencontrer parents et tuteurs de jeunes afin de leur dérouler les objectifs, les cibles de la campagne ainsi que les thématiques qui seront abordées pendant le passage des pairs éducateurs.

Sophie fait partie de ces jeunes qui n’avaient pas d’information. Avec ces échanges, elle a pris conscience et un engagement ferme. « J’ai compris que lorsqu’on étudie, il ne faut pas être pressé d’avoir des rapports sexuels. Je finirai d’abord mes études », confie-t-elle à l’équipe.
WHO/Marlène Dimegni Bermi
La causerie à laquelle prenait part Sophie en présence de ses grands-parents prend fin. Ils retournent derrière leur comptoir où ils proposent de la farine de maïs en vente, leur principale activité génératrice de revenus maintenant qu’ils sont à la retraite. Ravis de toutes les informations partagées, ils donnent leurs impressions.

« Nous apprécions beaucoup cette initiative à l’endroit de nos petits-enfants et des jeunes. S’ils écoutent tous les conseils qu’on leur donne, ils pourront préserver leur santé longtemps », déclare Jean-Marie, le grand-père de Sophie à l’équipe de pairs éducateurs après les échanges auxquels ils ont pris part.
WHO/Marlène Dimegni Bermi
Dans chaque foyer visité, l’accueil est le même. Les jeunes se montrent réceptifs aux différents messages véhiculés par les pairs éducateurs mobilisés et formés à cet effet. Ce qu’ils disent généralement est qu’ils se sentent concernés, parce que ce sont des jeunes comme eux qui leur portent le message.

« Chaque fois que nous avons un jeune comme nous en face, nous utilisons un langage simple et accessible pour lui permettre de comprendre tous les messages. Selon la tranche d’âge rencontrée, nous formulons des messages adaptés », explique Hélène Lubanzila, pair éducatrice exerçant cette activité de façon bénévole depuis trois ans à la Communauté Baptiste au Congo (CBCO).
WHO/Marlène Dimegni Bermi
Se rendant d’une rue à une autre, les jeunes font des rencontres fort intéressantes. Ce jour, ce sont des élèves qui retournent des classes qu’ils croisent sur leur chemin. Ceci est une opportunité qu’ils ne manquent surtout pas de saisir.

« Lorsque nous rencontrons des adolescents entre 10 et 19 ans par exemple, nous les entretenons, entre autres, sur la puberté, ses manifestations, sur l’importance de s’abstenir et bien suivre leurs leçons à l’école pour un avenir meilleur. Cependant, lorsque ce sont des jeunes entre 20 et 24 ans, nous mettons un accent entre autres, sur la prévention des grossesses précoces et non désirées chez les adolescents, des infections sexuellement transmissibles (IST) ou le VIH, les mariages précoces, les violences basées sur le genre », détaille Nöella Nkiama, paire éducatrice au PNSA.

La ville de Kinshasa et la province du Nord-Kivu (17,8 ans dans les deux cas) sont les provinces où l’âge médian aux premiers rapports sexuels est le plus élevé comme le relève l’Enquête démographique et de santé (EDS 2013-2014).

Cependant, parmi les femmes et hommes de la tranche 15-24 ans, la proportion de ceux qui sont considérés comme ayant une connaissance « approfondie » du sida est de respectivement 18,6 % et 24,9% quand la prévalence des IST se situe autour de 14% pour la tranche 20-24 ans.
WHO/Marlène Dimegni Bermi
Alors que le soleil est au zénith, les équipes rencontrent, dans leur domicile, quatre jeunes garçons, de 20 à 25 ans. Ces derniers se montrent très curieux et laissent Hélène Lubanzila, leur dérouler toutes les thématiques prévues.

Après vingt minutes d’échanges, Emmanuel, l’un des quatre frères, satisfait des informations et du matériel de prévention reçus, déclare : « J’ai beaucoup apprécié cette causerie. Ce qui m’a le plus marqué, c’est d’avoir appris à compter le cycle menstruel d’une fille et que, Hélène a insisté aussi sur la prévention des grossesses précoces et des IST. Car, cela ne doit pas être seulement l’affaire des filles. Maintenant, je ferai plus attention à ma santé et continuerai de sensibiliser autour de moi. »
Comme Emmanuel, bon nombre de jeunes ont des besoins majeurs en matière de santé sexuelle et reproductive en République démocratique du Congo. Ces jeunes de 15-24 ans constituent une population à risque.

Car, à cette période de la vie, les relations sexuelles sont généralement instables et la pratique du multi partenariat sexuel plus fréquente. La proportion d’hommes de 15-24 ans qui a déclaré avoir eu au moins deux partenaires sexuelles au cours des 12 derniers mois est cinq fois plus élevée que celle des femmes (15 % contre 3 %) nous renseigne l’Enquête démographique et de santé (EDS 2013-2014).
WHO/Marlène Dimegni Bermi
WHO/Marlène Dimegni Bermi
L’activité s’achève aux alentours de quinze heures. L’équipe de sensibilisation de Kintambo plie progressivement bagages. Ceci est également le cas des 50 autres pairs éducateurs des zones de santé de Kalamu 1, Kikimi, Kimbanseke et Makala.

« Il est question pour nous aujourd’hui, d’outiller les adolescents et les jeunes. En mobilisant et en formant des jeunes pour donner les bonnes informations à leurs pairs, nous nous inscrivons dans notre rôle de promotion de la santé à tous les âges en ne laissant personne de côté. », insiste la Dr Brigitte Kini, point focal du Programme de la Santé de la Mère, Enfant au bureau de l’OMS en République démocratique du Congo.
WHO/Marlène Dimegni Bermi
Pour cette activité, l’OMS aura mobilisé ses experts en santé sexuelle et reproductive pour former une cinquante jeunes pairs éducateurs. Les sessions de formation réalisées quelques semaines plus tôt portaient, entre autres, sur la prévention des grossesses précoces et non désirées chez les adolescents, des IST/VIH, les mariages précoces et les violences basées sur le genre.

D’après les chiffres compilés par le PNSA, ce sont 39.956 adolescents et jeunes qui ont été sensibilisés pendant ces deux semaines d’activités.

Le gouvernement suédois a été, une fois de plus, d’un grand apport pour la réussite de cette campagne de sensibilisation sur les moyens de prévention des problèmes de santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes.

« Nous sommes reconnaissants pour la confiance renouvelée par le gouvernement suédois et surtout, rassurés que les fruits porteront la promesse des fleurs avec plus de jeunes informés et surtout, en santé en République démocratique du Congo », conclut le Dr Amédée Prosper Djiguimdé, chargé de bureau de l’OMS en République démocratique du Congo.
Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Marlène Dimegni Bermi

Chargée de communication

Tél : +243 899 330 358

Email: dimegnim [at] who.int (dimegnim[at]who[dot]int)

Eugene Kabambi

Communications Officer

WHO DRC 

Tel : +243 81 715  1697
Office : +47 241 39 027
Email: kabambie [at] who.int (kabambie[at]who[dot]int)