À la tête d'une campagne de sensibilisation au cancer au Nigeria

À la tête d'une campagne de sensibilisation au cancer au Nigeria

Minna, Nigeria – La détection précoce du cancer augmente les chances de réussite du traitement, ce qui suppose la disponibilité d'installations équipées et de personnel de santé. Pourtant, sans les bonnes informations sur la prévention et les soins, le cancer peut être diagnostiqué tardivement.

Dans son État natal du Niger, au centre-nord du Nigeria, Dr Amina Abubakar Bello, également première dame de l’Etat, mène une campagne visant à améliorer la sensibilisation et le traitement des cancers du sein et du col de l'utérus - les cancers les plus courants chez les femmes au Nigeria.

« J'ai vu les effets du cancer du col de l'utérus et du cancer du sein », déclare Dr Bello, en évoquant les défis et les succès de sa campagne de sensibilisation au cancer. Grâce à sa fondation Raise, 7400 femmes ont été dépistées et 123 ont reçu un soutien pour se faire soigner depuis le lancement de l'initiative en 2016.

Qu'est-ce qui a déclenché l'initiative de sensibilisation au cancer ?

L'initiative est née après avoir constaté que le cancer du col de l'utérus et du sein étaient peu connus dans mon État. En outre, il n'existait pratiquement aucun système ou service qui s'occupait du cancer de manière globale.

Ainsi, lorsque nous avons créé la fondation, nous avons lancé un programme de prévention qui s'attaquerait à la fois au cancer du col de l'utérus et au cancer du sein à un stade précoce, car là réside la meilleure chance de survie. La sensibilisation est l'un des aspects les plus importants que nous avons sérieusement pris en compte pour essayer de mieux conscientiser la communauté. Nous avons réussi à sensibiliser avec l'aide des représentants du gouvernement, des chefs religieux, des personnes influentes au sein de la communauté et des chefs traditionnels, car ce sont les acteurs que les communautés écoutent. Il y a beaucoup d'idées fausses qui circulent sur le cancer et notre devoir est de les combattre.  Par exemple, il y a une croyance répandue selon laquelle lorsqu'une femme a une grosseur au sein, elle ne peut pas permettre que quoi que ce soit entaille sa peau, sinon le problème ne fera que s'aggraver. C'est pourquoi de nombreuses femmes hésitent à subir une biopsie lorsque des grosseurs sont découvertes et qu'elles se présentent à un stade avancé du cancer du sein. Une autre idée fausse très répandue est que le cancer est dû à des [mauvais sorts] et les gens préfèrent donc se rendre chez des guérisseurs traditionnels plutôt qu'à l'hôpital.

Une de nos actions consiste à veiller à ce que les patients atteints d'un cancer soient diagnostiqués à un stade précoce et à les aider ensuite à se faire soigner à travers le système de santé. En ce qui concerne le dépistage du cancer du sein, nous procédons à un examen clinique des seins qui est peu coûteux et efficace pour détecter les grosseurs, puis nous faisons suivre ces examens d'une mammographie pour celles qui en ont besoin. Dans le cas du cancer du col de l'utérus, nous effectuons un dépistage par inspection visuelle à l'aide d'acide acétique - un test simple et peu coûteux qui est efficace pour détecter les lésions précancéreuses du col de l'utérus. Grâce à ce test, nous pouvons atteindre un grand nombre de femmes et leur offrir un traitement au même endroit.

Quelles sont quelques-unes des réalisations que vous avez accomplies ?

Nous avons renforcé la prise de conscience du cancer dans l'État. Le nombre de personnes qui ont recours aux services de dépistage a augmenté par rapport à l'époque où nous avions commencé. En 2016, nous n'avons dépisté que 650 femmes. En 2018 et 2019, nous en avons dépisté plus de 2000 et 1989 respectivement. En 2020, en raison de la pandémie de COVID-19, nous n'avons pu en dépister qu'un millier environ. Nous sommes heureux d'avoir un centre de dépistage que l'État n'avait pas auparavant. Nous disposons maintenant d'un appareil de mammographie auquel les femmes peuvent avoir accès. Grâce aux efforts de plaidoyer et à la collaboration que nous entretenons avec le ministère de la Santé, nous comptons lancer le Plan national de lutte contre le cancer, qui constitue une étape importante dans la gestion et le traitement du cancer.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les patients atteints de cancer pour accéder aux soins et au traitement ?

La plupart des femmes qui se font dépister vivent dans des zones urbaines ou semi-urbaines. Celles qui vivent dans des zones défavorisées ont peu de chances d'accéder aux services, à moins que notre organisation ne dispose d'un programme de sensibilisation dans cette communauté. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'elles pourront être dépistées. Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés ici est que, même si les femmes souhaitent être dépistées et traitées pour un cancer du sein ou du col de l'utérus, certains établissements de santé ne disposent pas de suffisamment d'équipements et de machines pour mener à bien les processus. Le test peut être effectué dans l'établissement A, puis envoyé dans l'établissement B pour analyse. Le processus d'obtention des résultats peut prendre 3 à 4 semaines. Après avoir obtenu un diagnostic, la plupart des établissements ne pourront pas administrer de radiothérapie, bien qu'ils soient en mesure de fournir une chimiothérapie. Le Nigéria compte moins de 12 établissements pouvant fournir des services de radiothérapie. Le coût de la radiothérapie rend difficile le traitement adéquat d'un patient.

Que peut-on faire pour améliorer la prévention et le traitement du cancer au Nigeria ?

Le gouvernement doit investir davantage dans les soins du cancer. Le budget devrait prévoir une allocation pour la lutte contre le cancer. Bien que le Nigeria dispose d'un plan de lutte contre le cancer, il n'a pas été mis en œuvre. L'intégration des soins dans le régime d'assurance maladie est une autre mesure qui peut être utilisée pour réduire les coûts pour les patients et leur rendre ainsi les choses plus faciles. Le gouvernement devrait investir dans des programmes de prévention du cancer. Nous avons besoin de programmes spécifiques de sensibilisation et de prévention du cancer, y compris la mise à disposition de vaccins. Il est possible de prévenir complètement le cancer du col de l'utérus en protégeant les jeunes filles contre l'infection par le VPH [virus du papillome humain] grâce à la vaccination. Il s'agit donc d'un investissement que le gouvernement doit faire.

Quelles leçons avez-vous tirées de votre plaidoyer en faveur d'une meilleure prévention et d'un meilleur traitement du cancer ?

Bien que le plaidoyer soit un processus lent, il est efficace. Il donne toujours de meilleurs résultats si le bon message est envoyé aux bonnes cibles. D'après mon expérience, il est essentiel de s'attaquer aux fausses idées que les gens se font. En informant le public, on lui donne la possibilité de prendre des décisions en connaissance de cause et de se rendre à l'hôpital pour un dépistage précoce.

Dans deux ans, nous voulons faire en sorte que le système de santé dispose d'un moyen de fournir des services de dépistage du cancer du sein et du col de l'utérus intégrés dans le système de soins de santé, et aussi que des vaccins du VPH soient administrés à nos filles au niveau de l'enseignement secondaire.

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