Message du Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique
Nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale de la vue, comme chaque année le deuxième jeudi du mois d’octobre. Cette Journée a pour vocation de sensibiliser à l’importance de préserver une bonne santé visuelle.
Une bonne vision contribue de manière significative au bien-être général, à la réussite scolaire, à l’accès à l’emploi, ainsi qu’à la productivité économique. Cependant, les déficiences visuelles restent un problème de santé publique majeur à l’échelle mondiale, leur prévalence étant appelée à croître en l’absence d’interventions ciblées.
Grâce à une action concertée, la Région africaine est parvenue à réduire les pertes de vision liées à des affections telles que la carence en vitamine A, l’onchocercose et le trachome. Néanmoins, la santé oculaire se trouve confrontée à une série de défis émergents, parmi lesquels figurent le vieillissement démographique, les modes de vie délétères, les facteurs environnementaux, des pratiques éducatives inappropriées, une sensibilisation insuffisante, des régimes alimentaires déséquilibrés, la sédentarité, ainsi que la progression des maladies non transmissibles ; autant de facteurs qui contribuent à l’augmentation des cas évitables de déficience visuelle et de cécité, à savoir les défauts de réfraction et la cataracte. Cela vient complexifier les défis déjà présents au sein des systèmes de santé. Afin de répondre à l’aggravation du problème posé par les défauts de réfraction et la cataracte, plusieurs interventions stratégiques ont été mises en œuvre.
L’une des initiatives les plus marquantes était VISION 2020 : le droit à la vue, dont l’objectif était d’éliminer la cécité évitable et réversible. Cet effort mondial a accordé une attention particulière à la cécité liée à la cataracte, avec pour objectif d’instaurer, d’ici 2020, des services de prise en charge de la cataracte, en quantité suffisante, durables et économiquement viables.
De plus, en 2021, l’Assemblée mondiale de la Santé a adopté une résolution invitant les gouvernements à mettre en place des soins oculaires intégrés centrés sur la personne. Cette résolution établit des objectifs mondiaux à atteindre d’ici 2030 en matière de couverture effective de la correction des défauts de réfraction et de la chirurgie de la cataracte, prévoyant une augmentation de 40 points de pourcentage de la couverture effective de la correction des défauts de réfraction et de 30 points de pourcentage de la couverture effective de la chirurgie de la cataracte.
En outre, l’initiative SPECS 2030, lancée par l’OMS en juin 2024, prévoit que d’ici à 2030, toute personne nécessitant des services liés aux défauts de réfraction bénéficie de soins de qualité, et centrés sur la personne à un coût abordable. L’initiative est axée sur le renforcement de la prestation de services, l’augmentation du personnel de santé oculaire, la sensibilisation du public, la réduction du coût des services de réfraction et l’amélioration des systèmes de surveillance pour atteindre les cibles mondiales d’une couverture efficace. Dans la Région africaine, huit États Membres[1] ont commencé à mettre en œuvre l’initiative SPECS 2030, certains mobilisant déjà les parties prenantes et élaborant des plans de travail, tandis que d’autres en sont encore à la phase de planification.
En dépit de tous les efforts engagés pour réduire la perte de vision et prévenir la cécité, la Région africaine demeure confrontée à des défis majeurs. En 2021, seuls 32 % des États Membres[2] ont élaboré un document de politique nationale portant spécifiquement sur la perte de vision et la cécité. Cette couverture politique restreinte témoigne d’un déficit plus large en matière de hiérarchisation des priorités et d’allocation des ressources consacrées à la santé oculaire.
Les niveaux actuels de couverture des services soulignent également l’ampleur des besoins non satisfaits. La couverture effective de la chirurgie de la cataracte dans la Région ne dépasse pas 26 %, ce qui implique que seule une personne sur quatre ayant besoin de cette intervention en a bénéficié avec un résultat visuel satisfaisant. De même, la couverture effective des erreurs de réfraction dans la Région est estimée à 30 %, ce qui signifie qu’une personne sur trois seulement ayant besoin d’une correction visuelle par lunettes a bénéficié d’un traitement lui permettant d’obtenir une acuité visuelle satisfaisante. Ces données mettent en évidence le besoin urgent d’une intégration renforcée des systèmes de santé, d’un accroissement des investissements et de la mise en œuvre de stratégies ciblées afin d’améliorer l’accès à des services de soins oculaires de qualité.
Des mesures supplémentaires sont nécessaires pour garantir des soins oculaires équitables et durables dans tous les pays. Conformément à la résolution émanant de l’Assemblée mondiale de la Santé de 2025, relative aux déficiences sensorielles, les États Membres sont vivement encouragés à renforcer la sensibilisation, à combattre la stigmatisation et à autonomiser les personnes présentant des déficiences sensorielles. Cela comprend l’élaboration de stratégies nationales conformes aux orientations fournies par l’OMS, l’intégration des soins sensoriels et des technologies d’assistance dans les ensembles de prestations de santé avec un financement durable, le renforcement et la formation du personnel de santé, ainsi que l’inclusion d’indicateurs relatifs à la santé sensorielle dans les systèmes nationaux d’information afin d’éclairer les politiques fondées sur des données probantes.
Les décideurs devraient également tirer parti des plateformes mondiales, telles que la Journée mondiale de la vue, pour intensifier la sensibilisation du public et promouvoir le dépistage précoce. Les pays sont quant à eux invités à exploiter les outils techniques proposés par l’OMS – notamment les dispositifs de collecte de données, les cadres d’analyse de situation et les innovations numériques telles que WHO Eyes, une application gratuite pour téléphone intelligent dédiée à l’évaluation visuelle – afin de favoriser le dépistage systématique et de consolider les initiatives politiques et de plaidoyer.
Cette journée constitue également une occasion propice pour inciter chacun à reconsidérer ses habitudes quotidiennes et à adopter des mesures préventives contre les déficiences visuelles et la cécité, telles que des examens ophtalmologiques réguliers et le recours opportun aux soins médicaux. Grâce à ces mesures, nous pouvons jouir d’une santé oculaire optimale et bénéficier pleinement des avantages liés à une bonne acuité visuelle.
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