Nairobi ‒ Le Kenya met en place des mesures visant à améliorer l'accès aux services de santé sexuelle et reproductive dans six comtés prioritaires, notamment ceux où les populations sont difficiles d’accès.
Le ministère de la Santé met en œuvre une initiative de deux ans, soutenue par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ses partenaires, afin d’améliorer la qualité des soins, d’intégrer les services de santé et de droits sexuels et reproductifs et de placer les femmes au centre des préoccupations. L'objectif général est de réduire la mortalité maternelle et infantile et d'améliorer la santé et le bien-être.
L'approche utilisée par cette initiative s'appuie sur les résultats d'une évaluation des besoins en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs réalisée en 2024 par le ministère de la Santé et l'OMS. Cette évaluation a mis en évidence des lacunes dans la formation des professionnels de santé, la disponibilité des fournitures et équipements médicaux essentiels, ainsi que l'engagement et la création de la demande au sein des communautés.
Le comté accueille également des milliers de personnes déplacées à l'intérieur du pays en raison de catastrophes naturelles et de conflits dans les régions voisines. Ces conditions rendent difficile l'accès des populations aux services de santé essentiels.
« Nos centres de santé sont très éloignés les uns des autres, parfois à plus de 50 kilomètres », explique Samson Leerte, coordinateur de la santé reproductive pour les adolescents et les jeunes au niveau du comté. « Cette distance crée des obstacles majeurs à l'accès aux soins de santé. »
Ces obstacles ont des répercussions importantes sur la santé sexuelle et reproductive des femmes. Parmi les conséquences, on peut citer l'accès limité aux services de planification familiale, les grossesses chez les adolescentes et la malnutrition infantile.
« L'une des façons d'améliorer cette situation consiste à mettre en place plusieurs actions mobiles ciblées et intégrées », relève M. Leerte.
Les cliniques mobiles ont fourni des services de planification familiale, des soins post-avortement, des soins prénatals et postnatals, des dépistages des cancers du col de l'utérus et du sein, des dépistages et traitements des infections sexuellement transmissibles, des évaluations nutritionnelles, une aide d'urgence en obstétrique et une assistance aux victimes de violences basées sur le genre.
« Cette action contribue directement à améliorer les informations sur la santé des populations », indique John Selasi Lenorkulal, infirmier de santé publique du sous-comté central de Samburu. « Les données que nous collectons ici nous aident à évaluer ce qui fonctionne et à planifier les interventions futures. »
La majorité de ces professionnels de santé faisaient partie d'un groupe de 625 personnes venues de sept comtés, encadrées par le ministère de la Santé, avec le soutien de l'OMS, dans le cadre d'un programme de clarification des valeurs et de transformation des attitudes (VCAT).
L'objectif principal de ce mentorat est de lutter contre les préjugés personnels qui constituent des obstacles aux services de santé et aux droits sexuels et reproductifs, en particulier les soins post-avortement et la planification familiale.
Les adolescents et les jeunes peuvent être victimes de stigmatisation et de discrimination de la part des professionnels de santé lorsqu'ils sollicitent des services de santé sexuelle et reproductive.
L’initiative VCAT est un processus qui aide les professionnels de santé à comprendre leurs valeurs fondamentales et la manière dont celles-ci influencent leurs décisions et leurs comportements. Ce processus peut conduire à un épanouissement personnel, à une meilleure prise de décision et à des changements positifs.
« Le mariage précoce contribue à cette situation. On trouve des filles de moins de 18 ans qui sont déjà mariées. Mais il y a aussi beaucoup de grossesses chez les adolescentes qui ne sont pas liées au mariage précoce », explique Samson Leerte.
Les recherches montrent que les grossesses chez les adolescentes ont de graves conséquences sur le plan sanitaire, social et économique. Les adolescentes sont confrontées à un taux plus élevé de complications liées à la grossesse que les femmes de plus de 20 ans.
Les nouveau-nés de mères adolescentes peuvent souffrir de complications telles que l'anémie, la prématurité et la naissance d’un bébé de faible poids. Associée à l'insécurité alimentaire et à de mauvaises pratiques alimentaires, cette situation a un impact sur la croissance pendant la petite enfance.
L'enquête indique également que près d'un tiers des enfants de moins de 5 ans souffrent d'un retard de croissance (malnutrition chronique), 15 % souffrent de malnutrition aiguë et 30 % ont un poids insuffisant. Ces chiffres sont parmi les plus élevés au niveau national.
« J'ai emmené ma fille pour un bilan de santé. Elle a reçu des compléments alimentaires et du lait thérapeutique pour favoriser sa croissance », explique Namano Lekashira. « Pendant que je suis ici, j'attends également mon propre dépistage des cancers du col de l'utérus et du sein. Le fait de pouvoir accéder à des soins pour nous deux en une seule visite est très utile. »
« Le fait de disposer de services de planification familiale dans notre communauté nous permet de prendre plus facilement des décisions concernant notre santé reproductive », relève Rael Letiren, 51 ans, originaire de Longewan, dans le comté de Samburu, qui s'est rendue à la clinique mobile pour se faire prescrire un contraceptif injectable.
« Avec six enfants, j'ai décidé que c'était la taille idéale pour ma famille », ajoute-t-elle.
« Une seule visite peut faire toute la différence », explique Joseph Lebenenyo, relais communautaire. « Si une seule femme apprend à protéger sa santé ou celle de son bébé, c'est déjà une réussite. »
« Ce travail a été couronné de succès grâce au partenariat », déclare Lucy Makena, infirmière à l'hôpital de référence de Samburu. « L'OMS a fourni des ressources et un appui technique. Le département de la santé du comté a fourni du personnel qualifié et une connaissance approfondie du contexte local. Les relais communautaires ont gagné la confiance de la communauté et ont mobilisé les gens pour qu'ils viennent bénéficier des services. Ensemble, au cours de cette semaine, nous avons atteint des populations que le système de santé seul a du mal à desservir. »
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