Gérer les déchets de la COVID-19 en Afrique

Gérer les déchets de la COVID-19 en Afrique

Brazzaville – Masques, gants, équipements de protection individuelle, vaccins... Ces objets sont devenus omniprésents pendant la pandémie de COVID-19 : pour la protection contre le virus, mais aussi comme déchet médical, qui viennent surcharger davantage les décharges déjà engorgées en Afrique.

Avant l’émergence de la pandémie, l’Afrique produisait 282 000 tonnes de déchets médicaux par an, d’après un rapport de 2021 sur la gestion des déchets publié par la revue Sage. De nombreux pays font désormais état d’une multiplication par cinq du volume de déchets médicaux.

Pour répondre à cette forte hausse, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) soutient les pays de la Région afin de développer des protocoles ciblés et adaptés de gestion des déchets, en complément des protocoles existants. Ceci inclut la promotion de méthodes plus sûres d’élimination des déchets, réalisables, économiques et durables.

« L’OMS s’implique dans les efforts multisectoriels pour effectuer des changements dans les systèmes de gestion des déchets », explique Claude Mangobo, responsable technique pour la logistique des vaccins et de la chaîne d’approvisionnement au sein du pilier vaccins du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. « Il s’agit d’un processus critique dans lequel nous nous engageons pour la santé du continent et de sa population. »

Avec plus de 435 millions de vaccins contre la COVID-19 administrés en Afrique jusqu’à présent – le plus grand déploiement de vaccins dans l’histoire du continent – le besoin d’une élimination efficace des déchets médicaux est devenu d’autant plus urgent.

Dans la Région africaine, les masques, les gants et les équipements de protection sont devenus un uniforme porté quotidiennement, en particulier par les travailleurs de la santé. Ces objets font partie des 75 % des déchets médicaux liés à la COVID-19 qui ne sont pas dangereux quand ils sont manipulés correctement.

Néanmoins, les 25 % restants sont des déchets dangereux d'accessoires liés aux vaccins anti-COVID-19. Cela comprend les flacons de vaccins anti-COVID-19 jetées et les boîtes de sécurité contenant les seringues et d’autres déchets coupants.

Il est recommandé de disposer d’incinérateurs et de décharges sanitaires correctement conçus et aménagés. Cependant, dans beaucoup de pays, il existe des lacunes considérables dans l’application des directives de gestion des déchets. En leur absence, des mesures telles que l’incinération de déchets dans une fosse isolée ou un enfouissement sûr dans les locaux hospitaliers sont préférables à un déversement sans précaution des déchets – ou pire, à leur incinération dans un baril ou à l’air libre, ce qui provoque des émissions toxiques.

En accord avec les Conventions de Bâle de 1989 et de Stockholm de 2001 sur la gestion des déchets médicaux, l’OMS plaide pour l’utilisation des technologies qui ne forment et ne dégagent pas d’émissions chimiques ou nocives, telles que l’incinération à haute température utilisant de la vapeur à haute température (autoclavage) ou par micro-ondes.

Une récente évaluation de l’OMS dans dix pays africains a montré que seuls quatre pays obtenaient un score de plus de 80 % pour leur gestion des déchets liés à la COVID-19, incluant la manipulation de boîtes de sécurité, l’enregistrement des blessures par piqûres d’aiguille, la conservation et l’élimination des emballages de vaccins utilisés, la gestion des zones de stockage des déchets, et l’élimination des déchets de vaccination sur le site.

Un rapport récent de l’OMS montre que 60 % des établissements de soins de santé dans les pays les moins développés ne sont pas équipés pour manipuler les déchets courants, sans même prendre en compte la charge supplémentaire liée à la COVID-19. Ceci expose potentiellement les travailleurs de la santé aux blessures par piqûres d’aiguilles, aux brûlures et aux agents pathogènes. Cela a également un effet négatif sur les communautés vivant à proximité des décharges et des sites de dépôt mal gérés, en raison de la pollution de l’air par la combustion des déchets, de la mauvaise qualité de l’eau ou des parasites porteurs de maladies.

Pour faire face à cette situation, l’OMS ainsi que le Programme des Nations Unies pour le développement, le Fonds mondial pour l'environnement et l’organisation non gouvernementale Health Care without Harm, ont développé un schéma décisionnel pour assister les travailleurs de la santé, afin qu’ils prennent des décisions éclairées sur la gestion des déchets de vaccins anti-COVID-19.

« Face à la COVID-19, la gestion durable des déchets liés aux soins de santé est plus importante que jamais, afin de protéger les communautés, les professionnels de la santé et la planète, ainsi que pour prévenir la pollution », déclare Ruth Stringer, Coordinatrice scientifique et politique de l’ONG Health care Without Harm.

L’OMS a aussi géré le suivi efficace des vaccins anti-COVID-19 expirés dans la Région, à travers des rapports hebdomadaires sur la situation des stocks qui à ce jour, ont joué un rôle essentiel pour le suivi de l’opérationnalisation des protocoles de gestion des déchets mis en place pour guider la destruction et l’élimination des vaccins non utilisés. Un questionnaire en ligne sur la gestion des déchets conçu par l’OMS sera soumis chaque trimestre, afin de suivre en continu les activités de gestion des déchets.

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Meenakshi Dalal

Chargée de relations avec les média
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique
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