Accouchement dans un centre de traitement Ebola

Accouchement dans un centre de traitement Ebola

Beni, 7 avril 2020 - À l'hôpital général de Beni, dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), le service de néonatalogie est plein au-delà de sa capacité. Une rangée de jeunes femmes est assise sur des bancs à l'extérieur, tenant fièrement leurs nouveau-nés. Pour l'infirmière Espérance Kavira Kavota, c'est un retour à la normale bienvenu. 

Pendant près d'un an et demi, l'infirmière Kavota a travaillé à plein temps au centre de traitement Ebola ici. En 28 ans de carrière en tant qu’infirmière, sage-femme et anesthésiste, elle n'avait jamais rien vu de tel.

L'épidémie d'Ebola qui a ravagé l'Est de la RDC pendant plus de 18 mois a commencé dans la ville voisine de Mangina. « Ici, les maladies les plus courantes sont le paludisme, la typhoïde et la tuberculose. Nous avons également une épidémie de rougeole ici », dit-elle. « Nous savions qu'il y avait des personnes malades à Mangina. Nous ne savions pas ce que c'était, des personnes qui mourraient avec des hémorragies, de la fièvre, de la diarrhée et des vomissements. »

Lorsque la dixième épidémie d'Ebola a été déclarée dans le pays le 1er août 2018, le personnel de santé de Beni s'est inquiété. « C'était stressant pour nous. Nous n'avions pas vraiment de protection, nous ne portions que des tabliers en caoutchouc, des gants et des masques. D'abord le gouvernement, puis des organisations comme Alima et l'OMS sont venues et ont rassemblé leurs forces pour nous former. Ils nous ont appris comment nous protéger, comment porter des équipements de protection individuelle, comment toucher les patients, comment assurer notre propre sécurité et celle des autres patients. »  

Beni est rapidement devenu l'épicentre de l'épidémie en RDC et l’est resté pendant plus d'un an, principalement en raison de la violence et de l'instabilité causées par de nombreux groupes armés dans la région. Même les centres de traitement d’Ebola ont été attaqués. Le personnel de santé subissait une pression incroyable. « C'était épuisant et stressant », explique Mme Kavota. En tant que mère célibataire de deux enfants, elle avait également peur pour sa famille.

L'une des procédures les plus compliquées et les plus risquées qu'elle a dû entreprendre a été d'aider les femmes à accoucher dans le centre de traitement d’Ebola. Il y a eu onze naissances de ce type au cours de l'épidémie. « Ebola et la grossesse sont des ennemis. Si vous accouchez, l'hémorragie peut vous tuer », dit-elle. Sur les onze naissances qui ont eu lieu dans son centre de traitement, huit des mères ont survécu, un succès significatif compte tenu des risques encourus. Avec les patients et les survivants d'Ebola, le risque de contamination pour le personnel médical est également un danger. Les survivantes peuvent toujours transmettre le virus Ebola par les sécrétions vaginales et doivent donc être traitées comme des patientes lors de l'accouchement. La procédure est épuisante pour le personnel.  

« Un accouchement ou une césarienne, deux heures en équipement de protection individuelle, c'était exigeant et stressant. Vous ne savez pas quel résultat vous obtiendrez. Vous pourriez faire une césarienne qui pourrait mal tourner à cause d'une hémorragie. C'était un danger à moitié, parce que vous ne savez pas si vous serez contaminé, il y a des aiguilles et des scalpels, et quand vous faites des mouvements rapides, ils pourraient passer à travers. Mais c'était aussi très, très joyeux, quand vous voyez une survivante nous apporter une nouvelle vie. »

Mme Kavota est reconnaissante aux experts qui l’ont formée, ainsi qu'à ses collègues, et affirme que cette formation lui sera bénéfique pour le reste de sa carrière. « Cela m'a beaucoup aidé. Chacun a apporté son expérience à la formation. Nous avons reçu beaucoup d'équipements que nous n'avions jamais utilisés auparavant et aussi beaucoup de techniques. Cela nous a vraiment aidés. Maintenant, nous savons comment nous protéger contre le virus Ebola et d'autres infections. »

Maintenant qu'Ebola touche à sa fin, elle peut avoir plus de temps avec sa famille. À la fin de son tour de garde à l'hôpital, elle fait les courses et cuisine pour son fils et sa fille, tous deux étudiants à l’université, afin qu'ils puissent se consacrer pleinement à leurs études. Son fils, Patience, étudie l'économie et sa fille de 22 ans, Florence, suit ses traces, en deuxième année d’école d'infirmière.

"Un jour, quand je serai fatiguée, c'est elle qui sauvera la vie des autres. »
 

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