Message du Dr Mohamed Janabi, Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique
À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale 2025, nous nous joignons à la communauté internationale pour mettre en exergue la santé mentale en tant que pilier de la résilience, de la dignité et du bien‑être humains. Le thème retenu pour l’édition de cette année, « Access to Service: Mental Health in Catastrophes and Emergencies », que l’on pourrait traduire en français par — Accès aux services : la santé mentale dans les situations de catastrophe et d’urgence—, nous rappelle la responsabilité pressante de préserver la santé mentale avant, pendant et après les crises.
Les situations d’urgence, qu’il s’agisse de flambées épidémiques, de conflits ou de catastrophes naturelles, peuvent dévaster des vies et des communautés. Elles entraînent des déplacements, des perturbations du soutien social, la séparation des familles, le deuil et la détresse. Bien que dans la plupart des cas, le stress psychologique soit une expérience courante, une personne sur cinq souffre de troubles mentaux nécessitant des soins professionnels.
Cependant, l’intégration de la santé mentale et du soutien psychosocial dans les plans de préparation et de riposte aux situations d’urgence dans la Région reste insuffisante.
La Région africaine est la plus touchée au monde par les urgences de santé publique, avec plus de 100 événements majeurs chaque année, dont la maladie à virus Ebola, le choléra, les inondations, les conflits armés, entre autres. Ces situations d’urgence mettent à rude épreuve des systèmes de santé déjà fragiles, perturbent les économies et exercent une pression immense sur la santé mentale et le bien‑être des populations.
En mai 2024, l’Assemblée mondiale de la Santé a approuvé une résolution historique appelant à intégrer pleinement la santé mentale et le soutien psychosocial dans les efforts de préparation, d’intervention et de relèvement, pour s’assurer que ces services sont accessibles même dans les zones les plus fragiles et touchées par des conflits. Le Cadre régional pour l’avenir de la santé mentale fournit des orientations supplémentaires, encourageant les États Membres à intégrer la santé mentale dans les efforts de réduction des risques de catastrophe et de renforcement des systèmes de santé.
Nous ne sommes pas sans solutions.
Un total de 11 pays de notre Région intègrent déjà la santé mentale et le soutien psychosocial dans leurs plans nationaux de préparation aux catastrophes, tandis que bon nombre d’autres pays intègrent ces services dans les soins de santé primaires. L’OMS s’efforce quant à elle d’intensifier ces efforts, avec pour objectif que 80 % des pays disposent de systèmes de santé mentale et de soutien psychosocial robustes d’ici à 2030.
Toutefois, les investissements financiers restent extrêmement faibles : seuls 10 pays disposent de budgets alloués à la santé mentale, avec des dépenses régionales inférieures à 0,50 dollar des États‑Unis par habitant. Pour protéger véritablement nos populations, les gouvernements doivent mobiliser des ressources accrues et accélérer l’intégration de la santé mentale et du soutien psychosocial dans les cadres de riposte aux situations d’urgence.
Pour accélérer les progrès, l’OMS exhorte les États Membres à :
- mettre en place des mécanismes multisectoriels de coordination de la santé mentale et soutien psychosocial pour la préparation et la riposte ;
- améliorer les systèmes de soutien communautaire et social pour renforcer la résilience ;
- former les intervenants de première ligne aux premiers secours psychologiques afin qu’ils puissent apporter un soutien immédiat et préserver leur propre bien‑être ;
- développer les services de santé mentale en formant les agents de santé à des approches fondées sur des données probantes, notamment le Guide d’intervention humanitaire du Programme d’action mondial pour la santé mentale de l’OMS ; et
- faire respecter les droits et la dignité des personnes atteintes de problèmes de santé mentale graves, en particulier en situation de crise.
- Les soins de santé mentale ne sont pas un luxe, mais un besoin vital, surtout en temps de crise.
En cette Journée mondiale de la santé mentale, engageons‑nous à renforcer les systèmes, à accroître les investissements et à coordonner notre action. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que le soutien à la santé mentale soit disponible lorsque le besoin se fait le plus sentir, offrant ainsi espoir et guérison à toutes les communautés en Afrique.
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- Prioritizing mental health and wellbeing during times of crisis at WHO Uganda