Un diagnostic renforcé pour booster la lutte contre la tuberculose au Congo

Brazzaville – En République du Congo, 11 000 cas de tuberculose sur 21 000 attendus sont dépistés en moyenne chaque année. Plusieurs obstacles existent pour venir à bout de cette maladie infectieuse et très contagieuse, le plus souvent associée à des conditions de vie précaires. Parmi ces obstacles figure l’accès au service de diagnostic, préalable au traitement adéquat et à temps de la maladie. C’est ainsi que, sur financement du Fonds Mondial, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appuyé l’installation de deux machines GeneXpert de diagnostic rapide à Brazzaville et Pointe Noire, multipliant par huit la rapidité de détection de la maladie et permettant un traitement précoce qui sauve des vies. 
Comme chaque lundi matin, le Centre Antituberculeux (CAT) de Brazzaville ne désemplit pas. Les patients, 25 à 30 en moyenne par jour, sont accueillis tôt et orientés vers les services adéquats.
La tuberculose est provoquée par une bactérie qui se transmet par voie aérienne et se propage particulièrement dans des milieux de vie précaires. L’accès au diagnostic et aux soins pour toute la population, y compris les plus démunis, reste un défi bien qu’étant une pierre angulaire dans la lutte contre cette maladie.
A Brazzaville, les malades atteints de la tuberculose sont dépistés et traités au CAT, précédemment connu au sein de la population sous le nom de « Grandes Endémies ».
Pour diagnostiquer la maladie, un des moyens utilisés est l’examen bactériologique des crachats des personnes atteintes. Ces sécrétions sont analysées par un test de diagnostic rapide pour la détection de la tuberculose, passant par une machine appelée le GeneXpert.
Depuis décembre 2021, le pays a été doté de deux de ces machines, l’une installée au CAT de Brazzaville et l’autre à Pointe-Noire. Elles ont été fournies sur financement du Fonds Mondial, avec l’accompagnement de l’OMS. Ces machines ont considérablement boosté le diagnostic des malades, avec un impact direct sur la prise en charge.
« Par le passé, les centres étaient débordés par les échantillons à analyser, qui s’accumulaient de jour en jour. Au centre antituberculeux de Brazzaville, il y avait en moyenne 40 à 50 nouveaux cas quotidiens, alors que les machines utilisées ne permettaient que le diagnostic de 24 patients au maximum par jour. Nous étions donc obligés de traiter seulement les cas les plus critiques », explique le directeur du Programme national de lutte contre la tuberculose, Dr Franck Okemba Okombi.
Les machines GeneXpert permettent d’analyser 72 échantillons par jour à Brazzaville, et au moins une soixantaine à Pointe-Noire. Le pays est passé de 30 % de personnes ayant accès au diagnostic à 97 %.
Le Représentant de l’OMS en République du Congo, Dr Lucien Manga, se réjouit de ce progrès considérable : « La lutte contre la tuberculose passe par un bon système de dépistage des malades. L’OMS œuvre et plaide pour des services centrés sur le patient, qui passent par le dépistage systématique des contacts et des groupes à haut risque, ainsi que le traitement préventif de ces personnes. »
L’Organisation appuie en outre le renforcement des capacités des prestataires des nouveaux centres de diagnostic et de traitement, en vue d’intégrer la tuberculose dans le paquet d’activités du système de santé. Cela permettra de décentraliser les services et de renforcer ainsi le dépistage des cas manquants.
C’est au Centre Antituberculeux de Brazzaville qu’en Septembre 2021, Raide Missamou, 27 ans, a été diagnostiquée de la tuberculose.
Elle relate la dure expérience qui a été la sienne : « Au départ, je ressentais des courbatures et des douleurs aiguës et puis un jour, je me suis écroulée en revenant du boulot. Cela m'a mise dans un profond désarroi : étant enfant unique, la dernière chose que je voulais c’était de tomber malade et de ne pas pouvoir venir en aide à mes parents. »
Pendant deux mois qu’elle qualifie de « la pire période de sa vie », sa famille a essayé divers moyens pour la soigner, sans succès : « Il y a eu les visites chez des médecins qui prescrivaient des médicaments mais ne soulageaient pas mes douleurs, puis les séances de prières pour me « désensorceler », ensuite j’ai dû boire plusieurs types de tisanes qui étaient sensées me soigner. Tout cela n’a rien changé. »
Au vu de la détérioration de son état de santé, Raide a été orientée vers le centre antituberculeux de Brazzaville où elle fut diagnostiquée positive.
Après réception du diagnostic, Raide a bénéficié d’un traitement gratuit et a reçu des mains de Juliette Ngampana une combinaison d’antibiotiques et de chimio thérapeutiques.
Juliette, Secrétaire principale d’administration socio sanitaire au centre tuberculeux, lui a prodigué des conseils par la même occasion : « Lorsqu’on est diagnostiqué avec la tuberculose, il est essentiel de respecter la fréquence et les doses de traitement, et aussi d’adhérer aux mesures d’hygiène afin de ne pas contaminer son entourage. Tant qu’on est malade, certaines pratiques sont à éviter absolument : la consommation d’alcool ou de tabac, les embrassades, etc. »
Dr Michel Illoye-Ayet dirige le centre antituberculeux depuis cinq ans. Il a vu passer plus de 600 de cas de tuberculose, dont la majorité ont été guéris. « La plupart des patients sont informés sur la gravité de la maladie et ils prennent donc le traitement vraiment au sérieux, pendant les six mois requis. »
Malheureusement, le centre enregistre aussi des abandons : « Certains patients, sentant l'amélioration de leur état clinique après un ou deux mois de traitement, font le choix d’abandonner le traitement », déplore Dr Michel. « Un traitement incomplet ou mal suivi rend la bactérie résistante et entraîne des complications qui minimisent les chances de guérison et mettent en danger la vie du malade. Le traitement de première ligne ne marche alors plus. »
De son côté, Raide a scrupuleusement suivi les instructions reçues et les résultats de sa dernière radio de contrôle prouvent qu’elle est guérie.
Dr Michel ressent une victoire personnelle à chaque guérison d’un malade : « Je suis profondément heureux de voir d'anciens patients me revenir complètement guéris, heureux d’avoir été sauvés. C'est une immense fierté de voir un une personne reprendre sa vie active. »
Avec sa santé recouvrée, la vie de Raide a effectivement repris son cours normal et elle consacre ses journées à la recherche d’un travail. Mais pour elle, le plus grand trésor, elle l’a déjà : « Après l’épreuve que j’ai vécue avec cette maladie, je suis au moins convaincue d’une chose à présent : sans la santé, peu de choses ont encore du sens dans la vie ! »
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