Se battre pour contenir les infections des travailleurs de la santé 

Se battre pour contenir les infections des travailleurs de la santé 

 

Accra - Evelyn Narki Dowuona assume une lourde responsabilité à l'hôpital municipal de Ga East, dans la capitale ghanéenne Accra, où, comme dans une grande partie du monde, la pandémie de COVID-19 a accru les risques liés à la profession médicale. S'appuyant sur plus de 10 ans d'expérience en soins infirmiers, la responsable de la qualité et de la sécurité veille à ce que les mesures visant à freiner l'infection soient rigoureusement respectées.

« Nous ne voulons pas nuire aux patients pendant qu'ils reçoivent des soins. Nous voulons également nous assurer que notre personnel est en sécurité dans l'environnement de travail », dit-elle.

La sécurité des travailleurs de la santé est un élément essentiel de la réponse à la COVID-19. Plus de 10 000 travailleurs de la santé dans 40 pays africains ont contracté le virus depuis le début de la pandémie.

L'infirmière Dowuona parle des risques, des inquiétudes et des efforts pour limiter les infections.

A quel point êtes-vous préoccupée par les risques ?

Je suis très inquiète. Chaque fois que vous entendez parler d'un collègue de votre pays qui a été infecté ou qui est mort de cette pandémie, cela suscite vraiment beaucoup d'inquiétude et de tristesse.

C'est un coup dur. Vous vous demandez qui va gérer la pandémie si les travailleurs de la santé sont infectés ou meurent. C'est très triste.

Comment les travailleurs de la santé sont-ils exposés à l'infection par COVID-19 ?

Le non-respect des protocoles de sécurité est l'une des façons d'être exposé à COVID-19. Il faut se garder d'avoir le sentiment de tout connaître, d'être au-dessus des règles et des protocoles de sécurité et de penser qu'il n'y a pas de réel danger dans vos actions. Cette perception est erronée et dangereuse. C'est ainsi que vous et les autres finissez par contracter la maladie.

Un problème clé, dans tout contexte ou institution, est le manque de travail d'équipe. Cela peut créer d'énormes problèmes, car au bout du compte, la lutte contre la COVID-19 est un travail d'équipe.

Troisièmement, s'il n'y a pas de plan ou de règles établies pour gérer le personnel et s'assurer qu'il respecte tous les protocoles sur le lieu de travail, cela est très néfaste.

Il doit y avoir une réelle coordination entre les différentes catégories de travailleurs de la santé dans l'hôpital - toute l'équipe, des nettoyeurs aux médecins et au personnel infirmier, en passant par les personnes qui travaillent dans la blanchisserie chargée de nettoyer le linge des patients, les personnes qui travaillent dans la pharmacie et les psychologues cliniques travaillant à l'hôpital.

Il s'agit aussi de veiller à ce que les membres du personnel s'occupent les uns des autres - par exemple, dans notre hôpital, la pharmacie s'assure que le personnel reçoit de la vitamine C et des immunostimulants ainsi que des désinfectants pour les mains en plus de nos masques et autres équipements de protection individuelle. C'est un excellent travail d'équipe qui nous permet de nous sentir unis dans la lutte contre la COVID-19.

Quelles mesures peuvent limiter les infections parmi le personnel hospitalier ?

Notre hôpital a dispensé une formation approfondie à tous nos personnels de santé et autres employés de l'hôpital sur la manière de s'occuper des patients atteints de COVID-19 et sur tous les autres aspects de la lutte contre l'infection. Cette formation a duré trois à quatre jours et nous organisons régulièrement des cours de remise à niveau.

Nous avons regroupé tous les nettoyeurs et les avons formés à la gestion des déchets et au nettoyage de l'environnement dans les zones infectieuses. Nous avons considéré les nettoyeurs comme des travailleurs à haut risque.

Une deuxième catégorie comprenait les employés de la morgue de l'hôpital, qui ont été formés à la gestion de l'infection sur les cadavres des patients.

Un autre groupe était composé des agents de blanchisserie qui ont été formés sur la manière de manipuler le linge de tous les patients infectés.

Les médecins, le personnel infirmier et les pharmaciens ont tous été formés aux protocoles de COVID-19 concernant les patients modérés, graves et critiques.

Nous effectuons également un contrôle régulier du personnel avant et après le travail. Nous disposons d'un endroit où nous prenons les températures et, si la température d'un membre du personnel est supérieure à la normale, nous l'isolons pour protéger les autres.

L'un de vos collègues a-t-il contracté la COVID-19 et comment cela vous a-t-il affecté ?

Nous avons été confrontés à cette maladie en mars de cette année et, depuis, nous avons reçu environ 500 patients. Nous comptons 180 membres du personnel, dont aucun n'avait contracté la COVID-19 jusqu'à la semaine dernière, lorsque nous avons appris qu'un de nos collaborateurs l'avait contractée par un ami. Il a été isolé. À part cela, aucun de nos employés n'a contracté la COVID-19 et, fort heureusement, nous n'avons perdu aucun employé.

J'étais triste que notre collègue ait contracté la maladie car nous avions mis en place de bonnes stratégies. Cependant, cela nous a donné l'occasion de tirer des enseignements et nous a mis au défi de voir plus loin et d'améliorer notre stratégie.

Quel a été votre plus grand moment durant cette pandémie ?

C'est lorsque nous avons reçu nos premiers patients atteints de COVID-19 le 21 mars. Le personnel s'est vraiment rassemblé en équipe et a suivi tous les protocoles. En ma présence, le personnel a été excellent. En mon absence, ils étaient parfaits.

D'autres grands moments ont été ceux où j'ai vu les patients de COVID-19 quitter le service en bonne santé. Malheureusement, nous avons enregistré trois décès, mais je n'oublierai pas de sitôt de célébrer la guérison des patients.

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Bakano Otto

Senior Editor/Writer
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