Qu'est-ce qui entrave la lutte contre la tuberculose en Afrique ?

Qu'est-ce qui entrave la lutte contre la tuberculose en Afrique ?

Le Cap, Afrique du Sud - L'Afrique a fait des progrès dans la lutte contre la tuberculose (TB) ces dernières années, mais plusieurs obstacles freinent les efforts visant à mettre fin à cette maladie évitable et guérissable. Au rythme actuel, les objectifs mondiaux pour éliminer la maladie d’ici à 2030 semblent de plus en plus hors de portée. Le Dr Norbert Ndjeka, Directeur général de l’unité de contrôle et de gestion de la tuberculose au Département de la santé de l’Afrique du Sud, évalue les défis et les moyens pour accélérer les progrès.

Pourquoi les progrès contre la tuberculose ralentissent-ils en Afrique ?

Il existe plusieurs facteurs, notamment le fait que le dépistage de la tuberculose n’est pas fait de manière appropriée. De nombreux pays d’Afrique s’appuient encore sur l’examen microscopique des frottis qui est moins sensible que le test de diagnostic rapide recommandé par l’OMS. La capacité limitée à trouver les personnes atteintes de tuberculose explique l’augmentation de la transmission de la tuberculose. De plus, il existe des difficultés pour garantir l'accès universel aux tests de sensibilité aux médicaments. L'écart entre le nombre estimé de cas de tuberculose et le nombre de cas de tuberculose détectés reste très important. L'introduction de nouveaux médicaments a également été très lente pour de nombreuses raisons, pendant que la Région africaine lutte inlassablement pour élargir le traitement préventif de la tuberculose. La faiblesse des systèmes de santé, la pauvreté et un soutien nutritionnel inadéquat dans de nombreux pays contribuent aussi au fardeau élevé de la tuberculose dans la Région. L'infection tuberculeuse est influencée par des déterminants du développement social et économique, tels que la malnutrition, le diabète, l'infection au VIH, les troubles liés à la consommation d'alcool et de tabac, qui doivent être pris en charge par une action multisectorielle et de responsabilisation, afin d’assurer la mise en œuvre de cette action en temps opportun. Malgré les ravages qu’elle provoque, la tuberculose n'est pas encore au premier rang des priorités sanitaires dans de nombreux pays. En Afrique, les gouvernements ne fournissent que 22 % des ressources nécessaires au financement de services antituberculeux adéquats, tandis que 44 % des besoins restent non financés. Il est urgent d'intensifier les efforts pour mobiliser des fonds supplémentaires au niveau national et auprès des donateurs internationaux.

Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la riposte à la tuberculose sur le continent ?

La COVID-19 a affecté les recherches sur la tuberculose et la relation entre la tuberculose et les soins. Dans de nombreux pays, les ressources humaines, financières et autres ont été réaffectées de la lutte contre la tuberculose à la riposte à la COVID-19, limitant la disponibilité des services essentiels. Les personnes touchées par la tuberculose ont eu du mal à se faire soigner dans le contexte des confinements. La COVID-19 a également eu un impact sur la détection de la tuberculose résistante aux médicaments. Le nombre de cas enregistrés dans la Région africaine de l’OMS a diminué de 28 % en 2020 par rapport à 2019.

Des cas de maintien inadéquat des patients dans les unités de soins ont également été signalés, car la COVID-19 a exacerbé les faiblesses qui existaient avant la pandémie. Bien qu'il y ait des effets négatifs, nous pouvons appliquer certaines des leçons apprises dans la lutte contre la COVID-19 à la lutte contre la tuberculose. Celles-ci comprennent la collaboration efficace entre les secteurs public et privé de la santé, la notification en temps réel des nouveaux cas et la diffusion efficace des informations. L'utilisation systématique d'équipements de protection individuelle (masques et respirateurs) est également quelque chose que nous voulions faire dans les établissements de santé, notamment dans des zones à forte charge de tuberculose. Nous devons veiller à ce que cette pratique perdure dans les établissements de soins de santé et dans les milieux à forte charge de morbidité. Même si traiter, c'est prévenir, la prévention en premier lieu reste préférable.

Que peut-on faire pour atteindre les objectifs d'élimination de la tuberculose ?

Nous devons intensifier le traitement préventif de la tuberculose. L'amélioration des mesures de contrôle des infections dans tous les établissements de santé publics et privés est nécessaire pour prévenir la tuberculose. De nombreuses personnes contractent la tuberculose en se rendant dans des établissements de santé pour d'autres problèmes de santé que la tuberculose. Nous devons sécuriser nos établissements de santé. Nous devons également mettre en œuvre des stratégies de recherche de cas, en utilisant des tests de diagnostic moléculaire rapide comme tests de diagnostic initial de la tuberculose. Il faut aussi adopter une approche universelle de dépistage et de traitement. De cette manière, l'écart entre le nombre estimé de cas de tuberculose et les cas détectés de tuberculose peut être réduit et il sera possible de freiner la transmission de la tuberculose, si des modèles de soins centrés sur le patient sont mis en place. Le traitement avec de nouveaux schémas thérapeutiques, plus courts avec une plus grande efficacité et une meilleure sécurité, devrait également être adopté par les pays. L'établissement de partenariats solides avec la société civile et le milieu universitaire est nécessaire pour améliorer la riposte à la tuberculose. Les programmes de lutte contre la tuberculose dans la Région doivent soutenir la recherche opérationnelle tout en protégeant les personnes vulnérables. Enfin, il faut noter que la tuberculose est aussi un problème social. La réduction de la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie, notamment le logement et l'emploi, contribueront grandement à réduire la transmission de la tuberculose. Un vaccin qui protège contre la tuberculose pulmonaire est un impératif. Voilà pourquoi nous disons qu’une réponse multisectorielle est nécessaire si nous voulons vaincre la tuberculose.

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