Les ministres africains ouvrent le forum régional sur la santé
Lusaka – Les ministres africains de la santé, réunis aujourd’hui à Lusaka, capitale de la République de Zambie, ont procédé à l’ouverture de la soixante-quinzième session du Comité régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique, organe décisionnel majeur en matière de santé publique sur le continent.
Les ministres des 47 États Membres de la Région africaine de l’OMS, réunis du 25 au 27 août 2025, délibéreront sur les mesures à adopter pour relever les défis sanitaires majeurs et approuveront les résolutions clés visant à améliorer et à promouvoir la santé des populations.
En ouvrant la réunion, le président de la Zambie, Hakainde Hichilema, a souligné que les leçons tirées de la pandémie de COVID-19 étaient essentielles pour « renforcer la diplomatie sanitaire afin de lutter contre les inégalités » et a appelé les dirigeants régionaux à positionner la santé « comme un moteur du commerce régional et de l’industrialisation », ainsi qu’à harmoniser les réglementations de santé publique entre les pays.
Le président a également appelé à « une collaboration et un engagement envers l’humanité dans la prise de décisions qui améliorent la santé et le bien-être dans toute la Région ».
De son côté, le ministre zambien de la Santé, le Dr Elijah Muchima, a appelé à une action unie et à une collaboration approfondie pour relever les défis sanitaires du continent.
« La nature complexe des menaces sanitaires actuelles impose que nous restions unis. Aucun pays ne peut surmonter ces défis seul », a déclaré le Dr Muchima. « Nous devons approfondir la collaboration régionale, partager les meilleures pratiques, exploiter l’expertise et l’innovation africaines, et construire une résilience à long terme au-delà des frontières. Les résultats de cette session guideront notre action collective vers un avenir plus sûr, équitable et durable pour tous. »
Le Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que la soixante-quinzième session du Comité régional de l’OMS pour l’Afrique « intervient à un moment crucial pour le continent et pour l’OMS, alors que nous traçons un avenir plus durable pour la santé de tous les peuples d’Afrique ».
« L’OMS travaille en étroite collaboration avec les nations africaines pour surmonter les défis financiers et sécuritaires auxquels beaucoup sont confrontées, et pour tirer parti du formidable potentiel que l’Afrique offre en matière de santé. Notre objectif est clair : soutenir nos États membres en Afrique dans leur volonté de bâtir des systèmes de santé nationaux solides, fondés sur l’autonomie, l’efficacité et l’engagement à garantir la santé pour tous », a déclaré le Dr Tedros.
Dans un contexte financier mondial marqué par de fortes tensions, le Dr Mohamed Janabi, Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, a insisté sur la nécessité d’une coopération renforcée entre les pays pour mener à bien la transformation de l’architecture sanitaire, afin que celle-ci soit « responsable, transparente et réactive face aux réalités africaines ». Il a également exhorté à la mise en place de systèmes de santé robustes, à même de répondre aux besoins des populations.
« La santé ne doit plus être perçue comme une charge financière, mais comme un fondement essentiel de la prospérité. », a déclaré le Dr Janabi, avant de renchérir que « nous devons mettre en place des systèmes efficaces, inclusifs et souverains et placer les personnes, en particulier les plus vulnérables, au centre de chaque politique, programme et partenariat. »
Au cours des trois prochains jours, les ministres délibéreront sur les questions prioritaires. Ils adopteront une résolution destinée à accélérer les avancées en matière de santé bucco-dentaire, longtemps reléguée au second plan malgré son impact sur des millions de personnes, afin d’assurer l’amélioration des services dans l’ensemble de la Région d’ici à 2030. Les délégués examineront également les moyens de mettre un terme aux pénuries chroniques de sang, qui mettent en danger la vie des mères, des enfants et des personnes atteintes de drépanocytose, en s’appuyant sur un nouveau plan visant à moderniser les systèmes d’approvisionnement et à encourager les dons volontaires.
La réunion se penchera sur les stratégies visant à élargir l’accès aux services de réadaptation, encore inaccessibles pour deux tiers des Africains qui en ont besoin, ainsi que sur la transformation des soins destinés aux femmes, aux enfants et aux adolescents, un domaine dans lequel la Région enregistre encore 70 % des décès maternels à l’échelle mondiale. Les ministres devraient examiner les propositions visant à intensifier la lutte contre le paludisme — responsable de milliers de décès en Afrique — et à remédier au déficit critique de personnels de santé sur le continent, dont les effectifs représentent à peine la moitié de la norme mondiale.
La sécurité sanitaire sera au centre des préoccupations, avec de nouveaux plans destinés à renforcer la détection précoce et la préparation aux crises, dans une Région ayant enregistré plus de 250 événements de santé publique au cours de la seule année 2024.
Les décisions arrêtées cette semaine à Lusaka devraient tracer les grandes lignes du programme de santé de l’Afrique pour les années à venir, en posant les fondations de systèmes plus robustes, de communautés en meilleure santé et d’un continent plus résilient.