Le Burkina – Faso expérimente une nouvelle approche de collecte de données liées au mutilations génitales féminines

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Le Burkina – Faso expérimente une nouvelle approche de collecte de données liées au mutilations génitales féminines

Le Burkina – Faso a accompli, ces 30 dernières années, des progrès notables dans la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF). 

« Au Burkina Faso, l’excision est la forme de MGF la plus pratiquée. (…) Selon I’Enquête Démographique et de Santé (EDS) IV de 2010 et l’Enquête Multisectorielle Continue (EMC) de 2015, ce taux est passé de 75,8% à 67,6% pour les femmes de 15 à 49 ans et de 13,3% à 11,3% pour la tranche d’âge des filles de 0 à 14 ans. » a déclaré Mme Hélène Marie Laurence Ilboudo née Marchal, Ministre de la Femme, de Ia Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire. 

Un comité national de lutte contre les MGF a été mis en place dans le pays depuis 1990. Le code pénal révisé en 1996, interdit également la pratique de l’excision au Burkina-Faso.

Cependant, malgré ces avancées dans la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), la pratique de l’excision persiste encore dans le pays. Les disparités régionales liées à la diversité culturelle et ethnique, les facteurs sociologiques, économiques et autres justifient cela.  L’insuffisance des données statistiques due à un système de surveillance peu performant, malgré son imbrication au niveau du Ministère de la Santé et du Ministère en charge de l’action sociale, est également un défi majeur de la lutte contre les MGF au Burkina-Faso. 

« Pour garantir la disponibilité de données réalistes sur l’excision, l’OMS recommande de recourir à une technique appropriée comme l’observation physique, et propose quatre indicateurs de suivi au niveau des pays : la prévalence, le recours à la santé, la médicalisation des MGF, et le taux de d’infibulation. » a déclaré le Dr. Dina Gbénou, Cadre technique en charge de la santé et des droits sexuels et reproductifs au Bureau pays de l’OMS au Burkina – Faso. Le pays a opté pour les deux premiers indicateurs recommandés par l’OMS.

« De plus, l’Organisation Mondiale de la Santé a demandé aux pays de faire le suivi de l'impact des interventions, des progrès accomplis dans le domaine et d’appuyer la définition des priorités, politiques/stratégies y relatives » ajoute le Dr. Gbenou.

De 2019 à 2020, le siège de l’OMS a conduit un projet lié à la collecte de données sur les MGF dans trois pays : Burkina Faso, Kenya et Soudan. Dans ce cadre, au Burkina Faso différents départements ministériels (Ministère de la Santé, Ministère de la Femme et de la Solidarité Nationale, Ministère de l’Enseignement), de même que la Police nationale en collaboration avec les partenaires (l’OMS, l’UNFPA, JHPIEGO) ont conçu un modèle de surveillance des MGF visant à évaluer la prévalence de la pratique de l’excision par l’observation physique. 

« L’âge dans ce modèle est une variable clé pour suivre la tendance de la pratique au fil du temps. La population cible à surveiller était constituée d’une part des filles de moins de 15 ans, et d’autre part des femmes en âge de procréer (15-49 ans). Le but était de vérifier que ces dernières avaient, ou non, été excisées, d’estimer les types d’excision auxquelles elles ont été soumises, selon la nouvelle classification de l’OMS. » précise le Dr. Dina Gbénou

Le modèle a été testé dans les quatre districts d'une région du Burkina - Faso, celle du Centre Sud, et a ainsi permis de collecter des données auprès des femmes et filles venues en consultation durant la période de collecte dans les structures sanitaires retenues. 

Les résultats obtenus ont permis de disposer de données se rapprochant de celles collectées au niveau national par l’EMC 2015 et l’EDS 2010. Le projet a abouti à la conclusion que l’examen par les prestataires de services (Sages – Femmes, Maïeuticiens, Médecins) est mieux indiqué pour déterminer si une femme a été excisée et le type d’excision subit. Cette méthode permet d’avoir des données plus réalistes.

La méthode appliquée est considérée comme facilement duplicable dans tout le pays. En effet, les douze autres régions du Burkina-Faso présentent de grandes similitudes avec celle du Centre Sud, en ce qui concerne les systèmes de soins, les protocoles appliqués, les profils des prestataires et les compétences disponibles. Comme prochaine étape mentionnée dans la Feuille de route, le pays va décider s’il faut intégrer la collecte de routine MGF dans le système national d’information sanitaire ou plutôt installer des sites sentinelles pour la collecte périodique.

« La conception et la mise en œuvre du modèle de surveillance MGF a été une belle expérience de collaboration intersectorielle. Nous l’avons partagée avec d’autres pays africains. Le passage à l’échelle de la surveillance des MGF au Burkina-Faso va contribuer à renforcer les politiques de santé maternelle et néonatal. » conclut le Dr. Gbenou

Il faut noter que le Burkina-Faso se distingue depuis plusieurs années dans la lutte contre les mutilations génitales féminines. Avec le soutien de l’OMS, le pays a élaboré le Plan stratégique du secteur de la santé pour la promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines (2019-2023), les Directives nationales sur les MGF, et le Module de formation sur les MGF du Programme de formation initiale des Sages-Femmes et Maïeuticiens, en juin 2020.   

Le haut niveau d'engagement politique contre les Mutilations Génitales Féminines au Burkina Faso a été reconnu par la désignation du Président de la République, Roch Marc Christian Kaboré, comme Champion de l'Union Africaine pour l'élimination des MGF par la 32ème session de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine. 
 

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Dr Dina Gbenou

Technical Officer,
Sexual and Reproductive Health and Rights,
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Dr Clotaire Hien

Consultant SAA,
Sexual and Reproductive Health and Rights,
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Dr Ramatou Sawadogo

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