L’Afrique enregistre la hausse la plus rapide du nombre de cas de COVID-19 cette année, mais les décès restent peu nombreux

L’Afrique enregistre la hausse la plus rapide du nombre de cas de COVID-19 cette année, mais les décès restent peu nombreux

Brazzaville – En Afrique, une augmentation de 83 % du nombre de nouveaux cas de COVID-19 au cours de la semaine écoulée, alimentée par les variants Delta et Omicron, provoque moins de décès que lors des précédentes flambées. Néanmoins, de nouvelles vagues pourraient s’accumuler, dans un contexte où le continent pourrait ne pas atteindre une couverture vaccinale de 70 % avant août 2024, d’après les prévisions actualisées d’une nouvelle évaluation de la pandémie réalisée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Plus de 196 000 nouveaux cas ont été notifiés en Afrique pendant la semaine qui s’est achevée le 12 décembre 2021, contre 107 000 cas environ la semaine précédente, ce qui porte à 8,9 millions le nombre total cumulé de cas enregistrés depuis le début de la pandémie. Le nombre de nouveaux cas de COVID-19 est multiplié par deux tous les cinq jours, soit la période de doublement la plus courte enregistrée cette année. Bien que la vitesse de propagation soit rapide, le nombre de décès reste faible et la mortalité a même diminué de 19 % la semaine dernière par rapport à la semaine précédente.

Un peu plus de 3000 décès ont été notifiés au cours des trois premières semaines de l’actuelle vague, la quatrième en Afrique. Environ deux fois moins de cas ont été signalés dans le même laps de temps au cours de la troisième vague, qui était alimentée par le variant Delta.

Cette recrudescence des nouveaux cas associée à un faible taux d'hospitalisation est particulièrement forte en Afrique du Sud, qui a enregistré une augmentation de 66 % des nouveaux cas au cours des sept derniers jours par rapport aux sept jours précédents. Si le nombre d’hospitalisations a progressé de 67 % au cours des sept derniers jours, le taux d’occupation des lits en unités de soins intensifs reste faible à 7,5 %. Par ailleurs, 14 % des patients hospitalisés reçoivent une supplémentation en oxygène. Même si le nombre de décès demeure peu élevé, ces données doivent être interprétées avec prudence car la tendance pourrait évoluer aux cours des prochaines semaines.

« Nous affichons un optimisme prudent concernant le fait que le nombre de décès et de formes graves de la maladie restera faible au cours de la vague actuelle, mais la lenteur du déploiement des vaccins en Afrique signifie que les taux de mortalité et de sévérité seront bien plus élevés qu’ils ne devraient l’être », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Nous savons depuis un certain temps que de nouveaux variants comme Bêta, Delta ou Omicron pourraient régulièrement apparaître et déclencher de nouvelles flambées à l’échelle mondiale, mais les régions privées de vaccins comme l’Afrique seront particulièrement vulnérables. »

La couverture vaccinale reste extrêmement variable dans la Région. Au 13 décembre, seuls 20 pays africains avaient vacciné au moins 10 % de leur population, ce qui correspond à l’objectif mondial fixé par l’OMS pour septembre 2021. Six pays seulement ont atteint l’objectif fixé pour la fin d’année 2021 consistant à vacciner 40 % de leur population, tandis que deux pays seulement – Maurice et les Seychelles – ont atteint une couverture vaccinale de 70 % qui est considérée comme essentielle pour maîtriser la pandémie. Au rythme actuel, l’OMS estime qu’il faudra attendre mai 2022 pour que l’Afrique atteigne une couverture vaccinale de 40 % et août 2024 pour que le continent franchisse la barre de 70 % de couverture vaccinale contre la COVID-19.

« Dans un monde où l’Afrique disposerait des doses et de l’appui nécessaires pour vacciner 70 % de sa population d’ici à la fin de 2021 – un niveau que de nombreux pays riches ont atteint – nous enregistrerions probablement 100 000 décès de moins dus à la COVID-19 l’année prochaine », a déclaré la Dre Moeti. « Mais il est toujours possible de sauver de nombreuses vies si nous parvenons à accélérer le rythme de la vaccination en début 2022. »

Les données de l’OMS montrent que 53 pays africains ont lancé des programmes de vaccination contre la COVID-19, qui ont administré au total 264 millions de doses de vaccins (soit 61 % des doses reçues). Pour vacciner entièrement 70 % de ses habitants, l’Afrique a besoin d’environ 1,6 milliard de doses supplémentaires de vaccins anti-COVID-19 et doit intensifier les efforts pour accroître la demande en vaccins.

« Nous sommes à un moment crucial de cette pandémie où la complaisance est l’ennemi à combattre », a insisté la Dre Moeti. « Dans la mesure où l’approvisionnement commence à augmenter, nous devons désormais nous employer essentiellement à éliminer d’autres obstacles à la vaccination. On peut citer par exemple le manque de financement, d’équipements, d’agents de santé et de capacité de la chaîne du froid, ainsi que la réticence face à la vaccination. »

L’OMS soutient les pays africains pour la finalisation d’une « micro-planification » au niveau des districts, qui permet d’identifier les populations difficiles à atteindre et de définir des stratégies de distribution des vaccins.

D’après le tableau de bord du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique portant sur la préparation face à la COVID-19, sur les 34 pays qui ont présenté des données complètes, 28 pays (soit 80 % du total) ont impliqué les provinces et les districts à la préparation des vaccinations ; 32 pays (91 %) ont mené des initiatives nationales de formation ; et 29 pays (82 %) ont formé des vaccinateurs de district et des bénévoles.

Afin d’accroître la couverture vaccinale, l’OMS encourage les pays à déplacer les sites de vaccination au-delà des établissements de santé et des principales villes, et à appliquer des approches communautaires adaptées. Une analyse des données recueillies dans 40 pays a permis de confirmer que certains districts ne disposaient pas de sites de vaccination dans six pays. En République démocratique du Congo et au Tchad, un tiers des provinces n’ont toujours pas de sites de vaccination.

Au même moment, les défis à la vaccination en Afrique sont exacerbés par les interdictions de voyage liées à Omicron.

Dans le monde, plus de 2700 cas d’Omicron ont été enregistrés dans 59 pays, parmi lesquels 11 pays africains qui comptent pour environ 33% du nombre total de cas. Néanmoins, la part de l’Afrique diminue à un rythme constant et l’Afrique du Sud ne figure plus en tête des pays dans le monde comptant des cas d’Omicron. Pourtant, plus de 70 pays continuent d’imposer des interdictions de voyage ciblant principalement les pays africains.

« Les interdictions généralisées de voyage ont peu d’impact sur l’évolution d’une épidémie, mais ont des conséquences socio-économiques considérables », a déclaré la Dre Moeti. « Intervenant après deux ans de COVID-19, ces nouvelles restrictions de déplacements compromettent la santé de millions d’Africains. »

S’ajoutant à la couverture vaccinale, la stratégie de lutte contre la COVID-19 de l’OMS pour 2022 inclut une attention particulière portée à la surveillance visant à augmenter la détection des cas, renforcer la surveillance génomique pour suivre les nouveaux variants préoccupants, ainsi que les capacités des pays à prendre en charge les patients de façon adaptée, y compris par l’isolation et les soins à domicile, et à se protéger contre la COVID-19 avec des mesures de prévention dans un contexte de perception réduite des risques.

La Dre Moeti s’est exprimée aujourd’hui à l’occasion d’une conférence de presse virtuelle organisée par APO Group. Elle était accompagnée par la professeure Flavia Senkubuge, Professeure agrégée de médicine de santé publique, présidente des Collèges de médicine d’Afrique du Sud et présidente du Comité consultatif africain sur la recherche et le développement (AACHRD).

Étaient également présents pour répondre aux questions les experts du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique : la Dre Phionah Atuhebwe, responsable de l’introduction des nouveaux vaccins et le Dr Thierno Baldé, Responsable des opérations de riposte à la COVID-19.

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