La réponse à la COVID-19 dans le sud du Nigéria renforce la surveillance d'autres maladies

La réponse à la COVID-19 dans le sud du Nigéria renforce la surveillance d'autres maladies

Lagos - Dans de nombreux pays, la lutte contre la pandémie de COVID-19 s'est inspirée d'autres approches de la maladie, comme les leçons tirées de la protection des communautés contre le virus Ebola. Mais dans le delta du Niger au Nigéria, les travailleurs de la santé ont trouvé l'inspiration en se protégeant contre le coronavirus.

Ils ont tiré parti de la stricte norme de surveillance instaurée dans le cadre de la réponse à la COVID-19 pour ne pas perdre de vue les autres maladies prioritaires. Ils ont surtout appris à ne pas diviser leur attention. 

La stratégie de surveillance unifiée qu'ils ont mise en place produit rapidement des résultats significatifs et - peut-être curieusement - réjouissants.

« J'ai recensé mon premier cas de paralysie flasque aiguë depuis l'année dernière alors que je suivais le contact d'un cas confirmé de COVID-19 », déclare Sarah Oladimeji, officière en charge de la notification des maladies et de la surveillance, travaillant à la recherche de cas de maladies évitables et infectieuses dans la zone administrative locale d'Oredo, dans l'État d'Edo au Nigéria.

Lorsque la maladie à COVID-19 est apparue dans la région sud du Delta en avril, les travailleurs de la santé ont dû apprendre à surmonter leurs inquiétudes et à se concentrer sur le travail à accomplir. Les chances semblaient minces pour les six États qui composent la zone Sud-Sud : Akwa Ibom, Bayelsa, Cross River, Delta, Edo et Rivers. Le nombre de cas de COVID-19 augmentait chaque jour, tandis que l'attitude des communautés à l'égard du virus se relâchait. Les travailleurs de la santé ont dû se démener pour gérer le temps et les ressources disponibles pour répondre à la fois à la COVID-19 et à d'autres maladies endémiques.

Une solution a été trouvée par les équipes gouvernementales et les travailleurs de la santé : intégrer la surveillance intensive de la COVID-19 dans les systèmes utilisés pour surveiller les maladies prioritaires.

Dans le delta du Niger, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ses partenaires ont reformé 3874 agents de surveillance qui avaient été mobilisés pour détecter les cas de COVID-19 dans les hôpitaux et les communautés afin qu'ils puissent également rechercher les cas de paralysie flasque aiguë (PFA), polio, méningite, choléra, tétanos néonatal, fièvre jaune, rougeole et autres.

Après que le gouvernement ait décentralisé la réponse à la COVID-19 en avril, certains États ont également commencé à former les chefs religieux et communautaires - qui sont souvent d'importants décideurs, influenceurs et informateurs - pour les aider à trouver et à signaler les cas suspects de COVID-19 et d'autres maladies prioritaires dans leurs communautés.

Aujourd'hui, quatre mois après l'apparition de l'épidémie de COVID-19 dans la région, les travailleurs de la santé constatent une efficacité spectaculaire. Les cas de PFA détectés, par exemple, ont considérablement augmenté (doublant et même triplant dans un État) entre fin mars et fin juillet, grâce à l'intensification de la surveillance harmonisée.

Protéger les acquis de la vaccination

Garder un œil sur la COVID-19 et d'autres maladies, dont la plupart sont évitables par la vaccination, est une tâche importante mais difficile dans le delta du Niger où la couverture vaccinale était faible depuis des années. Situé le long du fleuve Niger et du golfe de Guinée, le delta du Niger, ou zone Sud-Sud, regroupe un ensemble de communautés côtières qui dépendent de l'agriculture et de la pêche. Les voies navigables y sont souvent inadéquates et les déplacements difficiles. Dans le passé, les résidents des communautés riveraines les plus reculées, loin de la côte, n'avaient guère de chance d'accéder à un centre de santé. Beaucoup étaient découragés par la distance qui les empêchait d'emmener leurs enfants se faire vacciner, ce qui a conduit la région à afficher une faible couverture vaccinale et donc un risque accru d'épidémies.

Depuis 2016, l'engagement communautaire, un meilleur accès aux soins de santé et une surveillance accrue ont permis d'augmenter le nombre d'enfants vaccinés. Les agents de santé assistent désormais les patients dans des centres de traitement en mer ou se rendent en canoë dans les communautés des grands fleuves pour fournir des services.

Il peut être difficile de naviguer dans les communautés situées le long des ruisseaux, mais les agents de santé comprennent que les soins médicaux n'ont pas de frontières, explique Dr Edmund Ogbe, coordinateur de l'OMS pour l'État de Bayelsa. L'engagement et l'ingéniosité en matière de santé publique semblent être des caractéristiques bien ancrées de cette région.  

Détection accrue de la rougeole et de la fièvre jaune

Pour préserver les acquis en matière de couverture vaccinale et éviter de négliger d'autres maladies inquiétantes en cette période de COVID-19, la surveillance intégrée fait la différence. En mars, l'État de Bayelsa a enregistré neuf cas de PFA. Néanmoins, 16 nouveaux cas ont été examinés au cours des quatre mois qui ont suivi, soit une augmentation de 180 %.

Avec la recherche de cas de COVID-19 qui est maintenant intégrée aux systèmes utilisés pour détecter et signaler les maladies prioritaires, de nouveaux cas de rougeole et de fièvre jaune apparaissent également. Le nombre de cas signalés pour ces deux maladies a considérablement augmenté entre fin mars et fin juillet. Dans quelques États, le nombre de cas détectés a presque doublé.

La prochaine étape consistera à accélérer la recherche de cas dans toute la région. Les gouvernements des États de la zone Sud-Sud, soutenus par l'OMS, continuent de former davantage d'agents de surveillance et d'informateurs communautaires à la combinaison de la surveillance de COVID-19 avec celle des maladies évitables. Faire participer les communautés en les éduquant et en les désignant comme informateurs de santé publique permettra de garantir que la surveillance combinée continue de porter ses fruits, déclare Dr Olubowale Ekundare Famiyesin, coordinateur de zone de l'OMS pour le delta du Niger.

La détection précoce de toute maladie est le but recherché par les travailleurs de la santé dans le delta. « Toutes les ressources de surveillance à notre disposition seront déployées pour améliorer la détection précoce des maladies infectieuses et la notification, y compris pour la COVID-19 », assure Dr Famiyesin.

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Bakano Otto

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