La COVID-19 pèse lourdement sur la santé des femmes

La COVID-19 pèse lourdement sur la santé des femmes

Brazzaville, 3 mars 2022 – Les perturbations des services de santé essentiels causées par la pandémie de COVID-19 se font durement ressentir. Alors que le monde célèbre la Journée internationale des femmes, une nouvelle analyse de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) révèle que les services de santé dédiés aux femmes sont loin d’être entièrement rétablis : 40 % des pays africains signalent en effet des perturbations dans les services de santé sexuelle et reproductive, ainsi que dans les services de santé maternelle, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent.

L’enquête mondiale de l’OMS sur la continuité des services de santé essentiels pendant la pandémie de COVID-19, réalisée entre novembre et décembre 2021, montre que la majorité des 36 pays africains ayant fourni des données complètes ont signalé jusqu’à 25 % de perturbation des services. L’ampleur des perturbations est restée largement la même par rapport au premier trimestre 2021.

Une autre enquête menée par l’OMS dans 11 pays africains a révélé que le nombre de décès maternels notifiés dans les établissements de santé de six des 11 pays ciblés a augmenté de 16 % en moyenne entre février et mai 2020, par rapport à la même période en 2019. Ce chiffre a légèrement baissé à 11 % en 2021. Cependant, la proportion est probablement beaucoup plus élevée car les décès maternels surviennent le plus souvent à domicile et non dans des établissements de santé. Par ailleurs, les données montrent que les naissances dans les structures de santé ont diminué dans 45 % des pays entre novembre et décembre 2021 par rapport à la période précédant la pandémie.

« Après deux ans de pandémie, les femmes continuent de payer un lourd tribut à la COVID-19. Les mères et les filles d’Afrique peinent à accéder aux soins de santé dont elles ont besoin. Les bouleversements causés par la pandémie affecteront les femmes pour de nombreuses années encore », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Les pays doivent regarder au-delà des mesures à court terme pour ramener les services aux niveaux où ils étaient avant la pandémie et réaliser des investissements majeurs dans la mise en place de systèmes plus solides capables de résister aux urgences sanitaires tout en garantissant la continuité des services clés. »

Pendant la pandémie, les femmes et les filles sont confrontées à un risque croissant de violence sexuelle à cause des confinements, d’incertitude économique, d’un accès réduit au soutien et aux services de santé essentiels et de l’augmentation du stress dans les ménages. À l’échelle mondiale, d’après la dernière analyse effectuée en 2021, l’OMS estime que 245 millions de femmes et de filles âgées de plus de 15 ans subissent chaque année des violences sexuelles et/ou physiques exercées par un partenaire intime. Malheureusement, en Afrique, du fait de la pandémie, les services destinés aux femmes qui ont subi des violences sexuelles ont diminué dans 56 % des pays entre novembre et décembre 2021 par rapport à la période précédant la pandémie.

Ces perturbations ont aussi entravé l’usage des fournitures essentielles en matière de santé reproductive. Entre juin et septembre 2021, l’utilisation de contraceptifs a ainsi diminué dans 48 % des pays, selon une enquête rapide réalisée par l’OMS dans 21 pays africains. Le nombre de grossesses chez les adolescentes a également augmenté dans certains pays. Selon un rapport publié en 2021 par le British Medical Journal, les adolescentes du secondaire qui n’ont pas été scolarisées pendant six mois à cause du confinement dû à la COVID-19 au Kenya avaient deux fois plus de risques de tomber enceintes et trois fois plus de chances d’abandonner l’école que celles qui avaient obtenu leur diplôme juste avant la pandémie. En Afrique du Sud, une étude menée par le Conseil de recherche médicale dans cinq provinces a montré que le nombre de grossesses chez les adolescentes a progressé de 60 % depuis le début de la pandémie.

Au-delà de ses conséquences pour la santé, la COVID-19 entraîne des pertes économiques graves pour les femmes et les filles. La pandémie devrait pousser plus de femmes et de filles dans l’extrême pauvreté. D’après un rapport publié par le Fonds monétaire international, le Programme des Nations Unies pour le développement et ONU-Femmes, les taux de pauvreté sont passés de 11,7 % en 2019 à 12,5 % en 2021 et il faudra sans doute patienter jusqu’en 2030 pour retrouver les niveaux d’avant la pandémie.

En 2021, près de 247 millions de femmes âgées de 15 ans et plus, dont 53 % (soit 132 millions) en Afrique subsaharienne, vivaient avec moins de 1,90 dollar par jour à cause de l’impact économique de la COVID-19.

La pandémie a également aggravé les inégalités existantes liées au genre dans des sphères clés de la vie et du développement. Même si les femmes représentent 70 % des professionnels de la santé et des travailleurs sociaux en Afrique et qu’elles sont en première ligne de la riposte à la COVID-19, peu d’entre elles occupent des postes de direction dans la gestion de la pandémie, selon le Programme des Nations Unies pour le développement et l’outil de suivi de la riposte mondiale d’ONU-Femmes en matière de genre. Dans la Région africaine, 85 % des groupes de travail nationaux de lutte contre la COVID-19 sont dirigés par des hommes et seulement 15 % par des femmes, et la participation globale des femmes est uniquement de 30 %.

La Dre Moeti s’est exprimée aujourd’hui à l’occasion d’une conférence de presse en ligne organisée par le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. Elle était accompagnée par la Dre Francine Ntoumi, Présidente et Directrice générale de la Fondation congolaise pour la recherche médicale, et la Dre Eleanor Nwadinobi, Présidente de l’Association internationale des femmes médecins.

Étaient également présents pour répondre aux questions les experts du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique : la Dre Adelheid Onyango, Directrice de la Couverture médicale universelle/ Amélioration de la santé des populations, le Dr Richard Mihigo, Coordonnateur du Programme de vaccination et de mise au point des vaccins, le Dr Thierno Baldé, Responsable des opérations de riposte à la COVID-19, et le Dr Léopold Ouédraogo, Conseiller régional pour la santé sexuelle et reproductive.

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