En quête de la phase finale : déploiement d’un nouveau vaccin contre la poliomyélite en Afrique

En quête de la phase finale : déploiement d’un nouveau vaccin contre la poliomyélite en Afrique

Brazzaville – En novembre 2020, le nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2 (VPOn2) est devenu le premier vaccin à recevoir l’autorisation d’utilisation d’urgence de l’OMS. Depuis lors, ce vaccin a été déployé en vue d’une utilisation initiale limitée dans les pays pour lutter contre le poliovirus dérivé d’une souche vaccinale. Le Dr Richelot Ayangma, médecin et point focal pour le VPOn2 au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, explique le rôle essentiel du vaccin dans l’élimination de toutes les formes de poliomyélite et ce que les pays doivent faire pour garantir l’efficacité des campagnes de vaccination.

Quelles sont les avancées que le VPOn2 apporte dans la lutte contre la poliomyélite ?

Le VPOn2 est un outil innovant supplémentaire pour lutter contre les flambées épidémiques de poliomyélite dans la Région africaine. Il s’agit d’une version modifiée du vaccin antipoliomyélitique oral monovalent de type 2 qui confère une protection comparable contre le poliovirus de type 2, mais avec une stabilité accrue. Cela signifie que le poliovirus a moins de chance de muter et de redevenir virulent, ce qui réduit le risque de paralysie des enfants dans les zones non desservies par les campagnes de vaccination de masse ciblées, où la couverture vaccinale est faible. En dernière analyse, le VPOn2 présente moins de risques d’engendrer de nouvelles flambées épidémiques de poliomyélite dans notre Région.

Le vaccin est déployé dans le cadre d’une procédure d’évaluation et d’homologation en situation d’urgence (EUL), aux fins de laquelle les pays sont tenus de satisfaire à un ensemble d’exigences en matière de préparation avant d’utiliser le vaccin. Nous avons vu que le fait d’œuvrer à la satisfaction de ces exigences a été bénéfique pour les pays dans la mesure où cela leur a permis d’examiner, de planifier et de mettre en œuvre avec plus de précision les activités. La performance globale du programme a ainsi été renforcée en matière de surveillance et de vaccination systématique. Somme toute, grâce à ces activités de préparation au lancement du VPOn2, les pays ont été capables de détecter, de notifier et d’étudier plus rapidement les nouveaux poliovirus, tout en respectant les étapes nécessaires à la mise en œuvre de cycles de riposte de qualité en cas de flambée épidémique.

En tant que premier vaccin au monde à recevoir une recommandation de l’OMS dans le cadre de la procédure d’évaluation et d’homologation en situation d’urgence, le VPOn2 a ouvert la voie au déploiement d’autres vaccins tels que les vaccins anti-COVID-19 lorsqu’il existe un besoin urgent de riposter à des flambées épidémiques.

Quel est le taux d’utilisation du VPOn2 en Afrique ?

Jusqu’à présent, plus de 50 millions d’enfants dans six pays, à savoir le Bénin, le Congo, le Libéria, le Niger, le Nigéria et la Sierra Leone, ont été vaccinés avec le VPOn2, sans problème majeur d’innocuité pour ce vaccin. À la fin de 2021, l’Éthiopie, la Mauritanie, le Nigéria, la Gambie, l’Ouganda et le Sénégal mèneront des campagnes de vaccination de masse avec le VPOn2 qui cibleront au total près de 30 millions d’enfants.

Concernant l’état de préparation à l’utilisation du VPOn2, 23 pays de notre Région (à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, la Gambie, la Guinée, le Kenya, le Libéria, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, l’Ouganda, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République-Unie de Tanzanie, le Sénégal, la Sierra Leone, le Soudan du Sud, le Togo et le Tchad) ont satisfait aux critères d’utilisation du VPOn2 dans le cadre de la liste pour les situations d’urgence, ce qui fait que notre Région se trouve à l’avant-garde de la préparation à l’utilisation du VPOn2. Neuf autres pays ont déjà commencé à travailler pour satisfaire à ces exigences.

Comment les pays peuvent-ils améliorer les campagnes de vaccination pour les rendre plus efficaces ?

Les deux éléments déterminants pour mener des campagnes de vaccination qui mettront fin aux flambées épidémiques de poliomyélite sont la riposte en temps opportun et la mise en œuvre de campagnes de qualité.

En vue d’enrayer efficacement les flambées épidémiques de poliomyélite, les équipes qui mènent les campagnes de vaccination de masse doivent veiller à ce qu’aucun enfant ne soit laissé de côté, et lesdites campagnes doivent être menées en temps utile, c’est-à-dire dans les deux mois qui suivent la notification.

En outre, nous avons vu que le travail effectué par les pays pour répondre aux critères de préparation au déploiement du VPOn2 et les orientations existantes pour la riposte aux flambées épidémiques de poliomyélite peuvent contribuer à une meilleure efficacité des campagnes, étant donné que les pays sont tenus d’effectuer et de valider leur microplanification. Cela tient compte de l’estimation correcte de la population cible, en déterminant les besoins réels pour la mise en œuvre de la campagne, y compris ceux des groupes de population particuliers difficiles à atteindre.

Les pays doivent aussi lutter contre le refus des vaccins résultant de la désinformation en intégrant des activités ciblées de communication et de mobilisation sociale dans les campagnes, permettant ainsi aux populations et aux parents d’accéder aux informations correctes sur le déploiement actuel de la vaccination. Il s’agit là d’une mesure cruciale compte tenu du déploiement simultané du VPOn2 et de vaccins anti-COVID-19. L’augmentation des refus de se faire vacciner est devenue l’une des principales causes de non-vaccination.

Enfin, les pays doivent utiliser les innovations actuelles telles que les technologies des systèmes d’information géographique et mettre à jour les outils existants pour un suivi en temps réel des activités avant, pendant et après la campagne, afin de s’assurer que chaque enfant est atteint. Par exemple, les tableaux de bord de suivi ont servi à évaluer le niveau de préparation pour les campagnes et à vérifier que les campagnes sont mises en œuvre au niveau de préparation adéquat.

Quels sont les principaux défis à relever dans les efforts visant à éradiquer la poliomyélite ?

Parmi les principaux obstacles rencontrés par les pays dans leurs efforts d’éradication de la poliomyélite, on peut citer des problèmes majeurs de santé publique. Des maladies telles que la COVID-19, le choléra, la rougeole, la fièvre jaune et d’autres enlèvent la priorité à la riposte aux flambées épidémiques de poliomyélite. Cela signifie que plus d’enfants risquent d’être paralysés.

L’affaiblissement de la vaccination systématique en Afrique s’est traduit par des taux de couverture vaccinale modestes, qui sont bien documentés et dus à la mauvaise prestation des services et au fait que quelques centres de vaccination appliquent des stratégies de vaccination inadaptées à la situation. Un nombre trop élevé d’enfants échappent de manière chronique à la vaccination dans les populations mobiles et dans les zones difficiles d’accès.

Les autres facteurs comprennent les retards dans la riposte liés à des difficultés d’accès à certaines zones pendant les campagnes de vaccination, à cause de l’insécurité et des conflits, et l’incapacité à pérenniser les acquis du programme de lutte contre la poliomyélite. Pour ce faire, les pays doivent intégrer les fonctions de lutte contre la poliomyélite dans leur système de santé publique au sens large. Il est indispensable de coordonner efficacement et en temps voulu les campagnes de vaccination de masse synchronisées à grande échelle par-delà les frontières nationales pour ne laisser aucun enfant de côté.

Enfin, l’insuffisance des ressources allouées aux pays, y compris les vaccins et les fonds destinés à la mise en œuvre de ces activités de riposte aux flambées, freine également les progrès vers l’éradication de la poliomyélite.

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