D’une première ligne à l’autre contre la maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo : le Dr Didier Mwesha, expert de l’OMS enPrévention et contrôle des infections 

D’une première ligne à l’autre contre la maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo : le Dr Didier Mwesha, expert de l’OMS enPrévention et contrôle des infections 

Alors que Didier Mwesha passait son premier anniversaire en première ligne de la riposte à la maladie à virus Ebola en République Démocratique du Congo, le nombre de victimes ne cessait d’augmenter. À la mi-juin 2019, il y avait  environ 2071 cas de maladie à virus Ebola au cours de la période de 12 mois de la dixième flambée de maladie à virus Ebola, avec 1396 morts. L’Ouganda venait de confirmer l’existence d’une flambée de maladie à virus Ebola à la frontière commune. 

Cette situation risquait de créer un sentiment de frustration. Le Dr Mwesha s’est plutôt focalisé sur le bon travail accompli.

Le Dr Mwesha est un expert en prévention et contrôle des infections dans les établissements de santé. Bien qu’originaire de la République démocratique du Congo, depuis 2015 il travaillait pour le Bureau de l’Organisation mondiale de la santé en  Guinée pendant la pire épidémie d’Ebola dans l’histoire récent. Puis, en 2018, lors de la neuvième flambée de maladie à virus Ebola, il lui a été demandé de rentrer dans son pays d’origine et de participer à la riposte à la maladie à virus Ebola.

Il a été envoyé à l’extrême ouest du pays, où il s’est joint à des centaines d’autres collègues sur cette première ligne de riposte à la maladie à virus Ebola, qu’ils ont réussi à contrôler en trois mois.

Puis, vint la nouvelle relative à une nouvelle flambée de maladie à virus Ebola dans le nord-est du pays.

« Nous étions sur le point de conclure notre mission dans la province de l’Équateur lorsque nous avons entendu parler de la nouvelle flambée dans l’est », rappelle le Dr Mwesha, toujours en première ligne de la riposte à la maladie à virus Ebola et travaillant un dimanche. En effet, il n’existe pas de jours de congé lorsque le nombre de cas de maladie à virus Ebola continuent d’augmenter. « J’ai été parmi les premières personnes à arriver à Mangina, qui était le premier point sensible de la flambée actuelle. »

Avant même que le premier cas ne soit détecté dans la ville de Butembo, qui se trouve à environ deux heures de route de Mangina, le Dr Mwesha se rendait dans des centres de santé pour évaluer leurs normes en matière de prévention et contrôle des infections. L’hôpital de référence de la ville  de Butembo a été le premier établissement de santé qu’il a évalué. « J’ai d’abord eu l’impression que l’hôpital était très sale. Personne ne portait d’équipement de protection individuelle et l’hygiène des mains n’était pas systématique. »

Il est rapidement passé à l’action, donnant des instructions au personnel et apportant les équipements essentiels. En comparaison à la flambée ayant été déclarée à l’ouest, le Dr Mwesha a trouvé la situation à Butembo beaucoup plus difficile à gérer. Il s’agissait de la première expérience de la région avec des cas de maladie à virus Ebola. Il y avait beaucoup d’insécurité et de manque de confiance dans les autorités de la part des communautés.

« Il existe une méfiance générale à l’égard de notre travail, et nous le constatons même chez les agents de santé qui s’interrogent sur notre programme », dit le Dr Mwesha.

Les équipes de Prévention et contrôle des infections travaillent non seulement dans les établissements de santé, mais doivent également décontaminer les foyers où vit une personne atteinte de la maladie à virus Ebola. Afin d’éviter que le virus Ebola n’infecte d’autres membres de la communauté, les équipes d’intervention brûlent la literie de la personne infectée et pulvérisent ensuite une solution de chlore et d’eau dans toute la maison. Même si la famille reçoit un nouveau matelas et une nouvelle literie, il existe beaucoup de résistance à l’égard de cette action.

« Il s’agit de l’aspect le plus complexe de mon travail. Les gens ne veulent pas que nous entrions dans leur maison, et nous faisons parfois face à des cas de violence », dit le médecin.

Afin d’améliorer l’acceptation de leur travail par la communauté, le Dr Mwesha affirme que les équipes de prévention et contrôle des infections ont changé leur stratégie. Maintenant, avec l’aide de psychologues et de travailleurs communautaires, les familles reçoivent des informations complètes et apprennent à décontaminer leur foyer eux-memes sous supervision.

« Aujourd’hui, les familles participent au processus de décontamination et nous rencontrons moins de résistance de la part des communautés », explique-t-il.

Les établissements de santé, tels que l’hôpital de référence de Kitatumba, ont fait d’énormes progrès, et les infections à virus Ebola liées aux séjours à l’hôpital sont passées d’environ 40% de tous les cas de mars 2019 à 15% actuellement.

L’OMS utilise un score de performance PCI pour évaluer les normes de prévention et contrôle des infections d’un établissement de santé. En décembre 2018, 65 % des établissements évalués avaient un score inférieur à 40 %. Aujourd’hui, seulement 15 % des structures ont un score inférieur à 40 %.

Le Dr Mwesha affirme que l’aspect le plus satisfaisant de son travail en première ligne sont les étudiants. Grâce au financement de la Fondation Paul Allen, en partenariat avec la faculté de médecine de l’Université catholique du Graben à Butembo et le Ministère de la santé de la République démocratique du Congo, 50 étudiants en médecine ont été formés en prévention et contrôle des infections  puis placés dans des établissements de santé à haut risque dans leur communauté d’origine.

Les étudiants servent de mentors aux agents de santé ; et parce qu’ils sont issus des communautés concernées et qu’ils comprennent la culture et la langue, ils sont plus facilement acceptés que le personnel de l’OMS ou d’autres experts n’appartenant pas à la communauté.

« Les étudiants ont fait du bon travail. Ils étaient tellement engagés, et nous avons vu les normes de prévention et contrôle des infections dans les établissements de santé où ils travaillaient s’améliorer considérablement », se félicite le Dr Mwesha. « Vous savez, depuis un an, je travaille tous les jours - par exemple, vous m’interviewez le dimanche et je travaille. Mais mon travail avec les étudiants m’a vraiment motivé. J’ai le sentiment que lorsque je partirai d’ici, je laisserai derrière moi une génération de professionnels de la santé qui auront bénéficié de mon expertise en matière de prévention et contrôle des infections. 

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