Assurer le droit à la Santé dans la Région africaine de l’OMS

Assurer le droit à la Santé dans la Région africaine de l’OMS

Luanda, 20 novembre 2012 -- Tous les Etats Membres de la Région africaine de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sont signataires  des traités internationaux sur les droits de l’homme, qui reconnaissent le droit à la santé. Cependant, selon les experts, la situation sanitaire des millions de personnes de la Région demeure non satisfaisante. 

Pourquoi en est-il ainsi? Et comment remédier à cette situation?

Ces questions, et d’autres encore, sont examinées dans un rapport présenté aujourd’hui par le Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, Dr Luis Sambo, à la Soixante-deuxième session du Comité régional de l’OMS pour l’Afrique, qui se tient à Luanda, capitale angolaise.

Dans ce rapport, Dr Sambo indique en détail les raisons des grosses injustices croissantes qui existent dans l’élargissement de l’accès aux soins de santé dans les pays de la Région.

Parmi les raisons de ces injustices, les plus remarquables sont : le fait que le droit à la santé n’est pas souvent garanti par les gouvernements par le truchement de politiques et lois appropriés ; les coûts prohibitifs qui limitent l’accès aux produits, technologies et services médicaux; l’insuffisance des infrastructures de santé publique; l’inefficacité des systèmes de référence et la faible prise en compte des besoins en soins de santé selon le genre.  

Dr Sambo soutient que l’une des barrières les plus courantes qui entravent l’accès des Afri-cains à des technologies et produits médicaux de qualité est le problème croissant des produits pharmaceutiques «faussement étiquetés, faux, contrefaits ou de qualité inférieure. » Ce défi particulier, ajoute-t-il, se complique en raison de l’insuffisance des structures d’encouragement de la recherche-développement en matière de médicaments et de vaccins, et des barrières commerciales.

Les autres défis énumérés par Dr Sambo comprennent ceux qui sont liés à l’éthique dans la recherche biomédicale : absence d’infrastructures de règlementation et de méthodes de contrôle indépendantes pour minimiser l’exploitation, le manque de consentement éclairé et le fait que les personnes qui contribuent à la recherche courent souvent plus de risques qu’ils ne reçoivent des avantages.   

Les injustices liées à l’appartenance sexuelle constituent un autre défi. Cet ensemble de défis se matérialisent par la discrimination sexuelle qui marginalise les femmes et porte atteinte à  leurs droits à la santé sexuelle et de reproduction. Ces droits sont par exemple : la maternité sans risque, le planning familial, les soins liés à l’avortement, la prévention et la prise en charge des maladies sexuellement transmissibles - notamment le VIH/sida - , la stérilité et les cancers de l’appareil génital. 

En plus des obstacles susmentionnés, le public, et même les agents de santé, ne sont pas souvent conscients de leurs droits à la santé ni à des conditions de travail saines. Cette in-suffisance limite leur capacité à agir pour améliorer leurs droits à la santé. 

Dr Sambo fait ensuite des recommandations pour surmonter ces barrières chroniques qui empêchent d’assurer le droit des personnes à la santé.  

 Pour assurer l’application des traités sur les droits de l’homme, recommande-t-il, les pays doivent faire figurer le droit à la santé dans leurs systèmes politiques et juridiques, y compris dans leurs constitutions nationales. 

Le Directeur régional recommande aussi aux pays non seulement de mettre en œuvre la politique de soins de santé primaires pour améliorer l’accès universel à ces soins, mais aussi de s’efforcer de veiller à la déontologie dans la recherche biomédicale en mettant en place des comités d’éthique nationaux et institutionnels dotés de ressources suffisantes.

Pour réduire les injustices liées à l’appartenance sexuelle, Dr Sambo indique que les pays doivent systématiquement intégrer une approche sensible au genre dans l’élaboration des stratégies du secteur de la santé et dans les autres politiques nationales de prévention. 

Il ajoute que le triple défi de la marginalisation, de la stigmatisation et de la discrimination pourrait être relevé grâce à la création de mécanismes de collaboration multisectorielle entre les différentes parties prenantes : les ministères publics, les commissions parlementaires, les institutions nationales des droits de l’homme, et la société civile. Cela permettra d’identifier et de satisfaire les besoins spécifiques de santé publique des populations vulnérables et marginalisées. 

Dr Sambo recommande pour terminer que les pays améliorent la sensibilisation sur la santé et les droits de l’homme, ainsi que leur compréhension, en veillant à ce que leurs pro-grammes d’études médicales offrent une formation et des orientations sur les droits de l’homme, aussi bien ceux des agents de santé que ceux des bénéficiaires des services de santé. Des mesures devraient être prises pour sensibiliser davantage le public sur ces droits, les institutions des droits de l’homme, la société civile et le grand public devant jouer un rôle actif dans la mise en œuvre et le suivi d’un tel programme.

Il reste à espérer que la mise en œuvre des recommandations du Directeur régional permet-tra une répartition plus équitable des ressources parmi toutes les couches et communautés des Etats Membres. Ainsi, les populations de la Région seront plus que jamais proches du niveau de santé le plus élevé possible.   
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Pour plus d’informations, bien vouloir prendre contact avec:  

Dr Marion Motari,  motarim [at] afro.who.int  tél: +47-241-39329

Samuel T. Ajibola, ajibolas [at] afro.who.int ; tel: +47-241-39378
 

Soixante-deuxième session du Comité régional de l’OMS