Nairobi — Au Kenya, l’administration massive de médicaments menée régulièrement protège une nouvelle génération contre les effets de la filariose lymphatique, ou éléphantiasis, une maladie tropicale négligée qui touche le système lymphatique. Elle peut entraîner un gonflement anormal de certaines parties du corps, avec douleurs, handicaps sévères et stigmatisation sociale.
En 2000, le Kenya a lancé son programme national d’élimination de la filariose lymphatique, à la suite de la création du Programme mondial de l’OMS pour mettre fin à la maladie. Le programme repose sur deux volets essentiels : arrêter la transmission grâce à l’administration massive de médicaments et soulager les personnes touchées par des soins et une prévention du handicap.
Avec l’appui de l’OMS en matière de formation, de supervision et de coordination aux niveaux national et des comtés, le Kenya a mené des campagnes d’administration massive de médicaments capables de répondre aux préoccupations des communautés et de suivre de près les progrès vers l’objectif d’élimination fixé pour 2027.
La filariose lymphatique est transmise par des moustiques porteurs de vers filariaux, des parasites microscopiques qui endommagent le système lymphatique. La maladie peut provoquer un lymphœdème (gonflement des membres) et une hydrocèle (gonflement du scrotum), souvent accompagnés d’un durcissement de la peau. Elle affecte autant le bien-être physique et mental que la qualité de vie et la capacité à travailler.
« Parfois, j’ai de très fortes fièvres et mon corps est lourd », raconte Shee. « Je ne peux plus aller loin ni faire autant qu’avant. »
Shee vit avec sa sœur, ses nièces et ses neveux, qui l’aident au quotidien. « Avant, je ramassais du bois de chauffage, mais maintenant, je n’y arrive plus. Le seul travail que je peux encore faire, ce sont de petites tâches ménagères », dit-elle.
Depuis 2015, le pays organise des campagnes annuelles, même si les premières n’étaient pas régulières. En 2018 et 2019, une trithérapie plus ciblée et efficace a été introduite dans les sous-comtés côtiers de Jomvu, Lamu East et Lamu West.
Ces efforts ont permis d’interrompre efficacement la transmission de la filariose lymphatique. Lors de deux enquêtes récentes menées dans les zones à risque, aucune microfilaire (larve immature des vers parasites) n’a été détectée. Toutefois, certains enfants de villages spécifiques ont été testés positifs aux antigènes sur l’île de Ndau et dans le sous-comté de Jomvu à Mombasa. Par précaution, deux campagnes supplémentaires d’administration massive de médicaments sont donc prévues dans ces villages en 2025 et 2026.
« Je suis vraiment heureuse que les médicaments soient administrés à Ndau. Cela me donne l’espoir que les enfants n’auront pas à souffrir comme moi », déclare Shee.
Pendant l’administration massive de médicaments, les agents communautaires enregistrent les prises, les refus et les cas de lymphœdème ou d’hydrocèle observés.
Ces données sont compilées au niveau du village, agrégées par les superviseurs et responsables de l’information médicale, puis transmises à une base centrale où elles sont analysées par âge et par sexe pour suivre la couverture.
Pendant les campagnes, il coordonne la collecte des données et participe aux séances d’éducation communautaire sur le rôle des médicaments et les risques liés à la filariose lymphatique.
À la fin de la journée, lorsque la marée est basse et que le bateau ne peut pas atteindre la côte, Ismail traverse parfois les eaux peu profondes à pied pour rentrer chez lui.
Grâce à ces efforts, le nombre de personnes nécessitant l’administration massive de médicaments est passé de quatre millions à moins de douze mille, concentrées dans quelques villages où un traitement ciblé reste nécessaire.
Selon les enquêtes menées en 2021, les taux d’infection ont diminué dans le comté de Lamu, passant de 0,5 % à 0,2 %, et ont été divisés par deux dans le sous-comté de Jomvu, atteignant 0,7 %. Ces résultats montrent que le Kenya est en bonne voie pour éliminer la filariose lymphatique d’ici 2027.
« J’ai pris le médicament pour me protéger contre cette maladie. C’est une bonne chose, ces médicaments nous aident vraiment. Ils préviennent le gonflement des jambes, qui a touché beaucoup de gens ici », dit-elle.
Des outils comme ESPEN Collect, une plateforme mobile gratuite, permettent aux équipes de santé de collecter et d’analyser les données sur les maladies tropicales négligées afin d’améliorer la prise de décision au niveau des programmes.
L’OMS offre également un appui technique spécialisé pour harmoniser les interventions aux priorités nationales, notamment à travers le Plan directeur national 2023–2027.
« L’OMS est fière d’accompagner le Ministère de la Santé du Kenya dans ses efforts visant à éliminer la filariose lymphatique et d’autres maladies tropicales négligées, en veillant à ce que les communautés soient en meilleure santé et mieux protégées pour l’avenir », déclare la Dre Adiele Onyeze, Représentante par intérim de l’OMS au Kenya.
« Lorsque moins de personnes sont atteintes de ces maladies, cela aide toute la communauté. Plus de personnes peuvent pêcher ou récolter des mangroves et soutenir leur famille », dit-il.
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