Le Ghana redouble d’efforts pour relancer la vaccination de routine

Accra –  Les niveaux de vaccination ont chuté dans 100 pays du monde entre 2019 et 2021, représentant le plus fort déclin des vaccinations infantiles en trois décennies. En la matière, le Ghana n’a pas été épargné.

Du fait des confinements dus à la pandémie de COVID-19 et les craintes très répandues de contracter le virus dans les établissements de santé, les taux de vaccination de routine ont chuté au Ghana entre 2019 et 2020. La couverture par la troisième dose du vaccin DTC3, qui protège contre des maladies infantiles potentiellement mortelles telles que la diphtérie, le tétanos et la coqueluche, ont baissé de 99 % à 97 %. Concrètement, cela signifie que 32 000 enfants ghanéens ne sont pas protégés par ces vaccins essentiels.

Avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de ses partenaires, le gouvernement du pays redouble d’efforts pour relancer la vaccination de routine afin d’atteindre les dizaines de milliers d’enfants qui n’en ont pas bénéficié, de retrouver les niveaux de vaccination avant la pandémie et de renforcer le programme de vaccination dans son ensemble.

« Je m’assure toujours que mes enfants ont tous les vaccins nécessaires, mais la COVID-19 a tout changé », déplore Beauty Setornyo, mère de six enfants, dont le fils Dufe Dodzi n’a pas pu faire les vaccinations infantiles de routine.

« À cause de la pandémie, je ne pouvais pas me rendre au centre de santé sur le continent pour la vaccination parce que nous craignions d’être contaminés par le virus », ajoute-t-elle. Cette situation expose Dufe Dodzi à des maladies infantiles telles que la rougeole, la polio et la fièvre jaune.
Beauty Setornyo vit à Dadoto, une île dans la région Oti qui a récemment été instaurée dans le Bassin de la Volta au Ghana. Avec cinq des neuf districts de la région qui sont cernés par des rivières, et les quatre autres par des montagnes et des vallées, les 320 communautés vivant sur une île ou le long d’une rivière n’étaient accessible jusqu’à peu que par un seul bateau à peine utilisable.

Les services de santé dans cette région sont rares, et les structures de santé se révèlent souvent inadéquates pour répondre aux besoins des communautés. Le défi est exacerbé par le coût élevé services de vaccination dans cette zone difficile d’accès. En prenant en compte les effets des confinements dus à la pandémie de COVID-19, il était urgemment nécessaire d’atteindre les 4200 enfants de la zone qui n’avaient pas reçu un seul vaccin.
Le Ministère de la santé du Ghana a donné la priorité à la zone. Avec l’OMS et Gavi l’alliance du vaccin, les autorités ont acheté un bateau à usage médical pour aider à fournir des services essentiels.

Le Ministère a également impliqué 22 organisations communautaires et de la société civile, ainsi que des leaders d’opinion, pour sensibiliser les parents et le personnel soignant et générer une demande pour la vaccination de routine.

Pour beaucoup, les relais communautaires ont joué un rôle crucial en rassurant les gens sur la sûreté des vaccins pour leurs enfants.

« Si nos leaders communautaires ne m’avaient pas dit que je pouvais faire confiance aux travailleurs de la santé, j’aurais été beaucoup plus préoccupée », affirme Beauty Setornyo. « Mais maintenant que j’ai toutes les informations sur comment ces vaccins protègent mes enfants, je suis nettement plus à l’aise. »
L'OMS a soutenu la formation de 90 travailleurs de la santé et de volontaires de la communauté sur les stratégies de rattrapage afin d’identifier et de vacciner tous les enfants qui ont raté la vaccination.

« Pendant la pandémie, nous ne vaccinions plus que 50 enfants par semaine au lieu de 200 », souligne Etornam Tsaksuh, infirmier communautaire principal au centre de planification et des services de santé de Dadoto.

« Mais le soutien logistique et la formation dont nous avons bénéficié sur la politique de rattrapage nous a permis de fournir les services jusqu’au domicile des familles. Nous avons ainsi étendu la vaccination à 300 enfants par semaine », dit-il.
Au total, 322 communautés ont été atteintes lors de la campagne de rattrapage, avec plus de 4100 doses de vaccin administrées entre les 12 et 15 juillet 2022.

L’OMS supervise actuellement la construction de trois bateaux à usage médical pour s’assurer que l’accès aux soins de santé, y compris les services de vaccination, s’inscrit dans la durée pour ces communautés insulaires et le long des rivières.

« La location de bateaux à temps par l’OMS, qui a nous fournis un appui logistique et technique, a été essentielle pour restaurer les services de vaccination dans cette région, surtout pour les communautés insulaires qui comptent pour environ 30 % de la population », explique le Dr Osei Kuffour Afreh, Directeur régional des services de santé à Oti.
Suivant les efforts déployés par le Ghana pour remettre à niveau la vaccination de routine, le pays a enregistré une hausse de 7 % du nombre de districts atteignant plus de 90 % de couverture pour le vaccin DTC3 entre 2020 et 2022.

Des progrès significatifs ont aussi été réalisés en matière d’équité vaccinale, avec une augmentation de 10 % du nombre de districts réussissant plus de 80 % de couverture par le DTC3 au cours de la même période.

Il est important de souligner, relève le Dr Francis Kasolo, Représentant de l’OMS au Ghana, que les activités déjà mises en place formeront la base d’une fourniture durable de services à ces communautés défavorisées.

« En tant qu’OMS, nous restons pleinement engagés à non seulement rattraper le niveau de couverture vaccinale pré-COVID-19, mais également à l’étendre », dit-il. « Nous continuerions à soutenir le gouvernement du Ghana pour vacciner tous les enfants désavantagés et pour éviter de rater davantage de vaccins. »
Beauty Setornyo est soulagée d’avoir pu mettre à jour les vaccinations essentielles de Dufe Dodzi. « J’ai l’esprit tranquille maintenant que mon fils a reçu tous les vaccins qu’il avait manqué », dit-elle. « Je suis reconnaissante du fait que les travailleurs de la santé soient capables de venir jusqu’à nous sans que nous ayons à aller jusqu’à eux. »
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