Le recours aux traitements non éprouvés contre la COVID-19

Le recours aux traitements non éprouvés contre la COVID-19

Pretoria – La flambée pandémique de la COVID-19 a entraîné de nombreuses difficultés en matière de traitement, notamment l’utilisation de thérapies non éprouvées. La Professeure Lucille Blumberg, directrice adjointe de l’Institut sud-africain des maladies transmissibles (South African National Institute for Communicable Diseases), aborde ici les causes, les risques et la manière de s’attaquer aux traitements non éprouvés contre la COVID-19.

Quelle est l’ampleur du recours aux traitements non éprouvés contre la COVID-19 en Afrique ?

Il est difficile de déterminer l’ampleur du phénomène. Nombre de produits médicaux sont achetés en dehors des pharmacies officielles et il n’existe aucun document attestant de leur utilisation. Il est donc difficile de confirmer s’ils sont utilisés pour le traitement contre la COVID-19. Ces médicaments sont notamment l’ivermectine, la colchicine, la chloroquine, la dihydrochloroquine, le peroxyde d’hydrogène, les médicaments antipaludiques comme l’artémisinine. L’ivermectine est un médicament très efficace contre l’onchocercose et contre certaines maladies parasitaires, notamment chez les animaux. Cependant, les données disponibles sur son efficacité pour la prévention ou le traitement de la COVID-19 sont insuffisantes.         

Qu’est-ce qui motive le recours aux traitements non éprouvés et quelles en sont les conséquences ?

La peur de la maladie à coronavirus (COVID-19), la pression exercée par les familles et les patients, le besoin désespéré de faire quelque chose, surtout si le patient est gravement atteint, ainsi que l’absence de directives nationales, peuvent expliquer ce phénomène. Les fausses informations, les réseaux sociaux et les recherches sur Internet sont également des facteurs problématiques. Il convient aussi de noter la publication « d’études » peu rigoureuses, notamment celles qui n’ont pas fait l’objet d’un examen adéquat ou qui ont été publiées « en contexte », ou encore les études publiées dans des revues qui ne sont pas considérées comme fiables, ainsi que celles dont les résultats font l’objet d’une appréciation excessive ou d’une mauvaise interprétation par le public. Les études de faible portée dont le nombre de participants est limité et celles qui ne confrontent pas les traitements aux meilleurs disponibles viennent également aggraver le problème.

Il en résulte un gaspillage de ressources, une perte de confiance dans le système de santé et de faux espoirs alors qu’aucune amélioration n’est constatée face à la maladie.

Quels sont les traitements actuels normalisés contre la COVID-19 ?

Des efforts extraordinaires ont été déployés pour identifier des médicaments spécifiques qui combattent le virus lui-même ou qui limitent ses effets néfastes. Les résultats de ces études sont de qualité et de portée très variables et peuvent ne pas fournir suffisamment de données factuelles sur les avantages de l’utilisation du médicament ou d’informations sur sa posologie ou ses effets secondaires. Les coûts de certains traitements identifiés ne sont pas abordables ou ils ne sont pas facilement disponibles partout.

Par ailleurs, d’excellentes études scientifiques ont montré que pour la pneumonie due à la COVID-19, la dexaméthasone administrée aux patients est très efficace et peut sauver la vie si elle est administrée rapidement aux personnes présentant des symptômes de la pneumonie due à la COVID-19 tels que l’essoufflement. Les médicaments utilisés pour lutter contre les coagulations sanguines, s’ils sont disponibles, sont également importants à ce stade.

La plupart des jeunes ne présentant pas de problèmes de santé sous-jacents se rétablissent après avoir été atteints de COVID-19. Pour les personnes âgées de plus de 60 ans, celles souffrant de diabète, d’hypertension, de cancer, les personnes infectées par le VIH ou celles qui sont obèses peuvent présenter une maladie plus grave, notamment une pneumonie due à la COVID-19 et des coagulations sanguines, malheureusement, certaines en meurent.

Comment peut-on lutter contre le recours aux traitements non éprouvés ?

L’enseignement médical à travers différentes approches, notamment les orientations et directives nationales régulièrement mises à jour, les rencontres entre chercheurs visant à s’assurer que les études impliquent un plus grand nombre de participants, l’analyse correcte des résultats et le renforcement du processus d’examen par les pairs peuvent contribuer à lutter contre le recours aux traitements non éprouvés. La surveillance des médias sociaux et le renforcement des communications relatives aux recommandations fausses ou de mauvaise qualité doivent être soutenus. Il est essentiel de fournir des directives et des sites fiables à travers lesquels les professionnels de la santé et les communautés peuvent avoir accès à des informations pertinentes. Les autorités de réglementation des pays doivent être impliquées et ne pas céder aux pressions visant à faire « approuver » des traitements non éprouvés.

Le principe directeur des soins est de « ne pas nuire », surtout dans le contexte de la pandémie de COVID-19 marqué par la crainte.      

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