La pandémie de COVID-19 ralentit les progrès de la lutte contre la tuberculose

La pandémie de COVID-19 ralentit les progrès de la lutte contre la tuberculose

Brazzaville – La perturbation des services de santé par la pandémie de COVID-19 a entraîné une augmentation du nombre de décès dus à la tuberculose en Afrique, la première depuis plus d’une décennie, alors que la diminution du nombre de nouveaux cas est plus lente que par le passé, selon une analyse de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

La Région africaine a réalisé des progrès contre la tuberculose, en réduisant le nombre de cas de 19 % entre 2015 et 2020, ce qui reflète un déclin de 4 % à 10 % par an en Afrique du Sud et plusieurs autres pays d’Afrique australe. Néanmoins, la Région a signalé 549 000 décès en 2020, ce qui représente une augmentation d’environ 2000 décès en 2019. De plus, alors que le nombre de cas a été légèrement réduit de 2,5 % en 2020 par rapport au 1,4 million de cas l’année précédente, la notification de nouvelles infections a fortement diminué dans les pays très touchés par la maladie, particulièrement en Angola, en Afrique du Sud et au Zimbabwe, qui sont tous confrontés à une forte incidence de la COVID-19.

La réaffectation de ressources et de personnel de santé à la lutte contre la COVID-19 dans beaucoup de pays africains, ainsi que des mesures drastiques de riposte à la pandémie telles que les confinements, ont fortement réduit l’accès aux services de santé essentiels, parmi lesquels ceux liés au dépistage et au traitement de la tuberculose. La Région africaine abrite 17 des 30 pays les plus fortement touchés par la tuberculose dans le monde et la tendance observée dans la Région fait suite à une augmentation des cas de tuberculose dans le monde due aux effets de la COVID-19.

« La pandémie menace les progrès réalisés contre la tuberculose », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Les temps sont durs et les efforts sont axés essentiellement sur la lutte contre la COVID-19, mais les gouvernements africains doivent redoubler d’efforts dès à présent pour réorganiser les services de santé essentiels et élargir l’accès à ces services. »

L’OMS suit les progrès accomplis dans la lutte contre la tuberculose sur la base de la Stratégie mondiale pour mettre fin à la tuberculose, qui vise à réduire de 90 % la mortalité par tuberculose et de 80 % le nombre de cas d’infection par cette maladie d’ici à 2030 par rapport à 2015. La stratégie définit les objectifs intermédiaires clés fixés pour les pays en 2020 et ceux à atteindre d’ici à 2025.

L’objectif intermédiaire fixé pour 2020 consistait à réduire de 35 % le nombre de décès dus à la tuberculose et de 20 % l’incidence de cette maladie. Un tableau de bord de l’OMS publié aujourd’hui sur l’échéance fixée pour 2020 révèle que seuls huit pays –l’Afrique du Sud, le Botswana, Cabo Verde, Eswatini, l’Éthiopie, le Kenya, la Namibie et le Togo – ont atteint ou dépassé l’objectif de réduction de 20 % de l’incidence de la tuberculose.

Selon le tableau de bord, treize pays ont atteint l’objectif de réduction des décès de 35 % en 2020. Cependant, l’analyse a également révélé des lacunes importantes en matière de données dans des domaines clés, inhérentes en partie aux problèmes posés par la pandémie de COVID-19. Même si la majorité des pays ne communique pas de données sur le traitement préventif de la tuberculose, en particulier pour les personnes vivant avec le VIH, cinq pays ont dépassé l’objectif fixé : le Kenya, le Malawi, le Nigéria, l’Ouganda et le Zimbabwe.

Le tableau de bord met aussi en évidence la proportion des ménages qui ont supporté des dépenses astronomiques pour les soins d’un membre atteint de tuberculose. Les patients et leurs familles peuvent être confrontés à des coûts financiers et économiques directs et indirects importants qui constituent autant d’entraves et peuvent fortement affecter leur accès au diagnostic et au traitement. Huit pays ont achevé les enquêtes sur les coûts de la lutte antituberculeuse en 2020. Aucun pays n’a encore démontré qu’il avait atteint l’objectif consistant à éviter des dépenses catastrophiques pour tous les ménages touchés par la tuberculose.

La tuberculose est la principale cause de mortalité chez les personnes vivant avec le VIH et la Région africaine a la charge la plus élevée de tuberculose associée au VIH. Plusieurs autres facteurs, parmi lesquels figurent le financement insuffisant des programmes, l’accès limité aux outils modernes de diagnostic et la mise en œuvre à faible échelle des traitements préventifs freinent le progrès contre la tuberculose.

La lutte contre des facteurs tels que les mauvaises conditions de vie et de travail peut faire reculer l’épidémie de tuberculose, tout comme la lutte contre des facteurs de risque tels que l’infection à VIH, la malnutrition, le diabète, le tabagisme et l’usage nocif de l’alcool. Le succès de cette lutte passe par des efforts de collaboration impliquant le secteur de la santé, d’autres organismes gouvernementaux, le secteur privé, les donateurs non gouvernementaux et les communautés.

« Pour maîtriser cette maladie évitable et curable, les ressources doivent être en adéquation avec la volonté politique. Nous devons accroître les investissements dans les produits de diagnostic et dans le traitement pour nous remettre sur les rails », a indiqué la Dre Moeti.

Malgré les difficultés, des progrès ont été accomplis pour d’autres indicateurs clés. Par exemple, la plupart des pays africains ont atteint ou dépassé l’objectif qui consiste à placer sous traitement antirétroviral au moins 90 % des patients VIH-positifs atteints de tuberculose pendant leur traitement antituberculeux. Cinq pays – le Burundi, Maurice, Sao Tomé-et-Principe, les Seychelles et la Sierra Leone – ont signalé que 100 % des patients VIH-positifs atteints de tuberculose ont commencé ou poursuivi un traitement antirétroviral parallèlement à leur traitement contre la tuberculose.

En outre, le taux de guérison des nouveaux cas et des cas de rechute a dépassé la barre de 90 % au Burundi, en Érythrée, en Éthiopie, au Mozambique, en République démocratique du Congo, en République-Unie de Tanzanie et au Sénégal.

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