L’OMS Afrique mobilise ses partenaires pour renforcer le suivi de la protection financière en santé
Dakar – Alors que la promesse de la Couverture sanitaire universelle (CSU) reste encore inachevée pour des millions d’Africains, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé, en collaboration avec la Banque mondiale et l’Institut africain de statistique (STATAFRIC) de l’Union africaine, une formation sous-régionale visant à renforcer la capacité des pays à mesurer et à suivre la protection financière en santé.
Réunissant des experts venus de plus de 20 pays francophones du 14 au 17 octobre à Dakar, au Sénégal, cette formation intervient dans un contexte où près de 150 millions d’Africains s’appauvrissent chaque année à cause de dépenses médicales directes. Dans de nombreux pays, ces paiements représentent plus de 40 % du revenu disponible des ménages les plus modestes, franchissant le seuil des « dépenses catastrophiques de santé ».
« Derrière chaque indicateur se cache une histoire humaine, une famille contrainte de vendre ses biens ou de renoncer à des soins vitaux », souligne la Dre Sophie Faye, experte en financement de la santé au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. « Mesurer la protection financière n’est pas qu’un exercice statistique : c’est un acte politique fort – refuser que la pauvreté soit le prix à payer pour se soigner. »
Les participants apprennent à utiliser les micro-données issues des enquêtes nationales et les outils analytiques développés par l’OMS pour produire des indicateurs fiables, notamment l’indicateur des Objectifs de développement durable (ODD) relatif aux dépenses catastrophiques de santé. Le but est que chaque pays reparte avec un profil national de protection financière, véritable photographie de la situation des ménages face aux coûts des soins.
Pour la Banque mondiale, la qualité des données constitue un levier essentiel de réforme. « Il n’y a pas de politiques de santé efficaces sans données solides », affirme la Dre Laurence Lannes, économiste principale à la Banque mondiale. « Lorsque les pays utilisent les mêmes indicateurs et les mêmes méthodes, ils peuvent apprendre les uns des autres et progresser ensemble. »
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la Deuxième Stratégie pour l’harmonisation des statistiques en Afrique (SHaSA 2), pilotée par la Commission de l’Union africaine, la Banque africaine de développement et la Commission économique pour l’Afrique, qui vise à améliorer la comparabilité et la fiabilité des données à l’échelle du continent.
« La donnée africaine doit devenir un patrimoine commun, produite et analysée localement pour orienter les choix nationaux », déclare le Dr José Awong Alene, Responsable de la coordination et de l'innovation des systèmes statistiques de STATAFRIC.
Selon le Dr Mady Ba, chargé du bureau par intérim de l’OMS au Sénégal, « atteindre la CSU, ce n’est pas seulement offrir des services de qualité, c’est aussi garantir que le prix du soin ne soit jamais un facteur d’exclusion. La protection financière est le miroir de la justice sociale. »
Chargée de Communication
OMS Sénégal
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Communications officer
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