Des flambées épidémiques à un climat de durabilité : les ministres africains s’engagent à accélérer la phase finale de la lutte contre la poliomyélite

Des flambées épidémiques à un climat de durabilité : les ministres africains s’engagent à accélérer la phase finale de la lutte contre la poliomyélite

Lusaka – Les ministres africains de la santé se sont engagés à redoubler d’efforts pour mettre fin à toutes les formes de poliomyélite et préserver les acquis de l’éradication de cette maladie, qui a permis de sauver des millions d’enfants de la Région de la dévastation du poliovirus.

Réunis lors de deux sessions de haut niveau tenues dans le cadre de la soixante-quinzième session du Comité régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique à Lusaka (République de Zambie), du 25 au 27 août 2025, les ministres se sont engagés à renforcer la coordination de leurs interventions, de même que la collaboration transfrontalière pour mettre fin à la poliomyélite de façon définitive.

Les ministres et les partenaires ont convenu que l'intégration des services de lutte contre la poliomyélite au reste des services essentiels est primordiale pour garantir l'efficacité des ressources en matière de santé, tout en renforçant la confiance au sein des communautés.

Parmi les récentes avancées, on peut citer la fin de l’épidémie de poliovirus circulant de type 1 à Madagascar en mai 2025, après des évaluations rigoureuses. Pourtant, le variant circulant du poliovirus de type 2 (PVDVc2) continue de circuler, en particulier dans le bassin du lac Tchad et dans la corne de l’Afrique. À la mi-2025, 15 pays avaient signalé la détection de 177 cas de polio, la majorité d’entre eux étant concentrée dans le bassin du lac Tchad et dans la corne de l’Afrique.

« Grâce à des partenariats solides et aux efforts inlassables des communautés, nous avons franchi une étape historique. Toutefois, le variant du poliovirus de type 2 continue de circuler, en particulier dans le bassin du lac Tchad et dans la corne de l’Afrique, a déclaré le Dr Mohamed Janabi, Directeur régional de l'OMS pour l'Afrique. « L'Afrique a vaincu deux fois la poliomyélite sauvage. Nous devons maintenant éliminer tous les variants, préserver nos acquis et mettre en place des systèmes qui protégeront les générations futures. Nous avons les preuves, nous avons les infrastructures et nous avons la volonté. Transmettons maintenant cet héritage », a déclaré le Dr Janabi.

Le poliovirus de type 3 (absent depuis 2022) a également été détecté au cours des 12 derniers mois en Algérie, au Cameroun, au Nigéria et au Tchad, ce qui souligne la nécessité d’une surveillance rigoureuse et d’une riposte rapide.

Les ministres et les partenaires ont convenu de stratégies ciblées, notant l’importance de renforcer la micro-planification pour s’assurer qu’aucun enfant n’est oublié, y compris dans les communautés nomades et difficiles à atteindre. Les représentants des pays ont en outre discuté du déploiement de superviseurs expérimentés et de contrôleurs indépendants pour améliorer la qualité des campagnes, tout en intensifiant la coordination transfrontalière dans les zones où les populations sont mobiles.

Des innovations telles que le système de ciblage géographique (GTS) au Tchad et au Niger améliorent déjà la portée des campagnes grâce à la cartographie des établissements par satellite et au suivi des performances. Des améliorations ont déjà été constatées au Tchad entre le premier et le deuxième cycle : les évaluations de l’échantillonnage par lots pour l’assurance de la qualité après la campagne ont montré que la proportion de districts ayant réussi la campagne d’avril était de 57 %, passant à 65 % en juin. De ce fait, les États Membres ont été encouragés à continuer d’améliorer la qualité de la campagne.

« La collaboration transfrontalière reste essentielle. Une épidémie déclarée dans un pays est un risque pour tous », a affirmé le Dr Gedi Mohamed, Coordonnateur de la lutte contre la poliomyélite à l’OMS Afrique.

La session extraordinaire a également porté sur la transition de la lutte contre la poliomyélite, en intégrant les fonctions essentielles d’éradication dans les systèmes de santé nationaux afin de pérenniser les progrès au-delà du soutien de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP). Quinze pays planifient activement leur transition, tandis que 32 autres, bien qu’officiellement en transition, sont encore confrontés à des insuffisances en matière de durabilité.

La transition implique de réduire progressivement la dépendance à l’égard du soutien de l’IMEP, tout en renforçant l’appropriation et les capacités nationales. Des fonctions clés telles que la surveillance des maladies, l’expertise en matière de vaccination, les capacités des laboratoires et les systèmes d’intervention d’urgence sont au cœur de ce processus.

Dans la Région, 15 pays ont été prioritaires pour la planification active de la transition, tandis que 32 autres, bien qu’officiellement en transition, continuent de se heurter à des difficultés pour maintenir ces capacités essentielles. Le processus de transition est guidé par une vision globale intégrée à un cadre stratégique, parallèlement à un plan stratégique régional en cours d’élaboration, à des plans d’action spécifiques à chaque pays et à un cadre de suivi et d’évaluation.

« Ces derniers mois, les pays d’Afrique ont réalisé des progrès extraordinaires dans la lutte contre la poliomyélite, allant de l’ouverture de laboratoires capables de détecter rapidement la transmission jusqu’à l’éradication de flambées de variants de la poliomyélite grâce à des campagnes de vaccination renforcées. Ces progrès montrent ce qui est possible lorsque les pays et les communautés prennent les devants. Ensemble, nous pouvons offrir et maintenir une Afrique sans polio, où chaque enfant est protégé des conséquences dévastatrices de la poliomyélite », a déclaré le Dr Chris Elias, Président du Développement mondial à la Fondation Gates et Président du Comité de Surveillance de l'Éradication de la Polio (POB).

Avec des plans renouvelés visant à éradiquer les virus orphelins, à atteindre les enfants nomades et à améliorer la qualité, les dirigeants africains indiquent que la fin est proche et que le continent peut reléguer la polio au passé.

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