Réunion de plaidoyer en faveur du financement durable de la vaccination

Réunion de plaidoyer en faveur du financement durable de la vaccination

Le secteur privé s’engage à apporter un soutien multiforme pour le renforcement du Programme élargi de vaccination du Sénégal

Selon les prévisions actuelles de l’évolution des ressources financières consacrées à l’achat des vaccins au Sénégal, l’Etat devra débourser 7 046 000 dollars américains en 2016 pour satisfaire les besoins du Programme élargi de vaccination (PEV) contre 2 038 000 dollars en 2013. Cette forte augmentation des dépenses est liée à l’impérieuse nécessité de consolider les acquis en matière de couverture vaccinale des enfants de 0-12 mois et des enfants de moins de 5 ans, d’élargir la cible vaccinale au-delà de 12 mois, d’atteindre les objectifs d’introduction de nouveaux vaccins dans le PEV et de remédier à la sous-utilisation de vaccins existants.

Parallèlement à l’achat des vaccins, des investissements importants devront être faits pour la maintenance et le renouvellement de la logistique, la gestion efficace des déchets produits au cours des activités de vaccination et pour la sécurité des injections.

En cas de non-respect de ces obligations, le Sénégal s’expose à la réapparition d’épidémies, à l’importation des cas de poliomyélite, à l’échec de l’initiative d’élimination du tétanos maternel et néonatal. La ligne budgétaire de 900 millions actuellement allouée par l’Etat à l’achat de vaccins est nettement insuffisante.

D’où l’initiative prise par le Ministre de la Santé et de l’Action sociale d’organiser, le 25 octobre 2013, la Réunion de plaidoyer en faveur du financement durable de la vaccination avec le secteur privé, en vue d’assurer le co-financement l’initiative nationale d’indépendance vaccinale.

Dans l’argumentaire qu’elle a développé devant les responsables du secteur privé, le Ministre de la Santé et de l’Action sociale a commencé par les informer sur les progrès accomplis, les défis à relever et les perspectives en ce qui concerne le PEV.

A cet effet, le Pr Awa Marie Coll Seck a présenté les résultats de la dernière enquête de couverture vaccinale effectuée en mars 2013, avec l’appui de l’OMS.

Selon elle, si 79% des enfants de 12 à 23 mois sont complètement vaccinés, le taux alliant quantité et qualité est de 31%. L’augmentation de ce taux passe par le maintien et le renforcement de la chaîne de froid, de la logistique roulante, des capacités techniques du personnel de santé, du système d’information, du recrutement et de la fidélisation du personnel.

Il s’y ajoute la nécessité de réviser et de rendre disponibles des outils de gestion du PEV, d’élaborer des stratégies de communication innovantes.De plus, le Sénégal va faire évoluer le nombre d’antigènes du PEV de 9 actuellement à 12 d’ici la fin 2014.

Les enfants de 0 à 5 ans représentent (19,4%) de la population sénégalaise, avec un taux de mortalité très élevé. Le partenariat public-privé préconisé, en plus de mettre en évidence le rôle central des acteurs du secteur privé dans la réponse aux besoins d’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant, contribuera à la réduction du déficit actuel de soins de santé à ces couches vulnérables. Il faut donc un financement conséquent, prévisible et durable », a ajouté le Ministre de la Santé et de l’Action sociale.

Appuyant le plaidoyer du Ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Représentant de l’OMS, le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, a indiqué qu’en matière de santé publique la vaccination des enfants a le meilleur coût-efficacité. En effet, la mise au point et l’introduction de nouveaux vaccins et d’autres interventions à haut impact, ont permis de réduire le nombre annuel de décès chez les enfants de moins de 5 ans. Il a chuté de 9, 6 millions en 2 000 à 7, 6 millions dont environ 2 millions imputables aux maladies évitables par la vaccination en 2010.

Pour le Représentant de l’OMS, la dynamique actuelle en faveur de l’enfant impulsée sous la haute autorité du Président de la République, Mr Macky Sall, dans le cadre de la mise en oeuvre de son programme politique « Yoonu Yokkuté » est en phase avec les principes directeurs et les objectifs stratégiques du Plan d’Action Mondial pour les Vaccins 2011-2020 auquel le Sénégal a adhéré en 2012.

Ces objectifs stipulent que les pays doivent s’engager à faire de la vaccination une priorité, que les individus et les collectivités doivent comprendre la valeur des vaccins et réclamer la vaccination à la fois comme un droit une responsabilité et que les programmes de vaccination doivent avoir un

financement prévisible, un approvisionnement de qualité et à des technologies innovantes. Au nom des partenaires techniques et financiers, le Dr Diarra-Nama a remercié les opérateurs économiques désireux d’assumer leur rôle social, le retour sur investissement étant garanti avec la santé.

Après avoir passé en revue les objectifs du PEV, les résultats obtenus, les défis et les menaces, le Directeur de la Prévention, le Dr Mamadou Ndiaye, a présenté le projet d’une structure ou d’un mécanisme de gestion des ressources qui seraient mobilisées en faveur de la vaccination.

Basé sur le partenariat et le volontariat, le Fonds autonome privé sera destiné au financement du PEV.

Il sera ouvert à toute entreprise soucieuse de la santé des enfants et désireuse d’apporter sa contribution et à toute personne désireuse de prendre en charge la vaccination d’un ou plusieurs sénégalais durant la première année de vie.

La traçabilité de l’utilisation des ressources sera établie de manière transparente avec comme crédo le devoir de rendre compte. En plus des dons effectués par les bienfaiteurs, un diner de gala annuel sera organisé à la fin de chaque année pour boucler le budget de l’année suivante.

Le Fonds jouira d’une autonomie de gestion, d’une cogestion transparente entre les donateurs et le département de la santé.

Un site web sera créé pour permettre aux donateurs d’accéder aux informations financières.

Vers la création d’un Groupe de réflexion multipartite chargé d’approfondir la réflexion

Les responsables du secteur privé qui ont participé à la réunion de plaidoyer en faveur du financement durable de la vaccination se sont engagés à soutenir la protection des enfants contre les maladies cibles du PEV. Ils appartiennent à divers secteurs d’activités : travaux publics, assurances, produits alimentaires, banques et institutions financières, laboratoires, cliniques, mines, pétrole, agriculture, transfert d’argent, logistique, transit et entrepôt. Des chambres professionnelles, réseaux et organisations patronales étaient aussi représentées.

Les appuis proposés vont des ressources financières aux moyens logistiques, en passant par la formation, l’information et la sensibilisation des populations à travers les programmes d’alphabétisation fonctionnelle, la mise à disposition de personnes ressources, d’outils informatiques pour améliorer la gestion et le système d’information sanitaire. En contrepartie, les responsables du secteur privé souhaitent que leurs contributions soient déductibles des impôts dus à l’Etat.

Les chefs d’entreprises ont également fait des suggestions visant à améliorer le projet du ministère de la Santé et de l’Action sociale d’un Fonds autonome de financement de la vaccination. Il s’agit de la création d’un Groupe de réflexion multipartite chargé d’approfondir la réflexion sur la mise en place du Fonds, l’exécution d’actions de plaidoyer ciblant des entreprises évoluant dans des domaines d’activités spécifiques, l’organisation, au niveau national, d’une levée de fonds et d’un système de parrainage à travers l’Ecole par l’implication des élèves et de leurs familles, la capitalisation des bonnes pratiques, y compris celles du projet Optimize OMS/PATH sur l’amélioration du processus et de la décentralisation de l’approvisionnement du système de santé en vaccins et autres produits de santé qui s’est déroulé durant 3 ans au Sénégal.

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