Renforcer les équipes médicales d’urgence d’Afrique

Thiès – Avec plus de cent urgences de santé publique par an – allant des épidémies aux catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme – l’Afrique enregistre la charge la plus lourde dans le monde. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) soutient les pays de la Région pour renforcer leurs équipes médicales d’urgence et les aide à améliorer la qualité et la rapidité des services de santé lors des catastrophes et autres urgences.

Les exercices de simulation sont essentiels pour tester la préparation et la capacité des équipes médicales d’urgence. En mai 2022, l’équipe médicale d’urgence de l’armée du Sénégal a effectué un exercice, avec le soutien de l’OMS, afin de renforcer ses capacités et d’obtenir une certification internationale correspondant aux normes élevées de sa riposte aux urgences.

Sur un terrain poussiéreux de la base militaire de Thiès, une ville située à 70 km de la capitale Dakar, un hôpital de campagne a été installé en moins de 72 heures – l’un des critères pour l’obtention d’une certification internationale et avoir une capacité optimale pour réponse aux urgences de santé publique dans la Région. Les 59 membres de l’équipe médicale d’urgence ont travaillé d’arrache-pied et se sont montrés déterminés à remplir les conditions requises en termes de qualité et de rapidité de la riposte aux urgences.

De plus, l’hôpital de campagne doit disposer d’au moins 30 lits, être en mesure de traiter 1000 patients par jour et d’avoir assez de puissance énergétique pour faire fonctionner un bloc opératoire.

« Notre puissance énergétique est plus élevée que celle requise et nous avons assez d’eau pour être autonome pendant une semaine », s’enorgueillit le sergent Ibrahima Ba, responsable de la logistique, en pointant les trois générateurs et les citernes à proximité de l’installation. « Nous sommes prêts. »
Le personnel paramédical, qui a participé au montage de l’hôpital, est désormais prêt à accueillir les premiers patients. Chaque membre de l’équipe a enfilé son équipement de protection individuelle, en ligne avec les critères d’une intervention en situation épidémique.

« L’exercice va nous permettre de savoir où nous en sommes dans le processus de classification, d’identifier nos faiblesses, et de développer des aptitudes à intervenir partout selon des normes internationales », explique le dentiste Colonel Amady Barro Mbodj, Officier adjoint au directeur du service de santé des armées et évaluateur principal de l’exercice.
«Nous sommes la première équipe du circuit (de gestion des patients). Nous vérifions les constantes, posons la voie… tout ce qui est nécessaire pour le classer en fonction des formes de COVID-19, que ce soit la forme légère, sévère ou critique », détaille le médecin capitaine Mariam Kamara. « Dans un contexte d’urgence comme ça, ce qui change c’est la rapidité d’action et le nombre réduit de personnel et de moyens (par rapport à un hôpital normal). »

Une équipe médicale d’urgence internationale de type 2 doit disposer d’un personnel multidisciplinaire habitué à travailler avec des ressources limitées. L’équipe du Sénégal a déjà été déployée en République démocratique du Congo et en Sierra Leone. Pour l’OMS, le Sénégal peut servir d’exemple pour les autres pays africains et les inspirer à renforcer leurs capacités à répondre rapidement et efficacement aux crises sanitaires.
Dans l’hôpital de campagne, les « patients » suivent un parcours défini pour limiter au maximum de possibles infections. Chaque unité a été placée à distance des autres et chaque travailleur de la santé a un rôle précis à jouer.

À l’entrée du service de réanimation, le Dr Thierno Baldé, responsable des opérations de riposte à la COVID-19 au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, détaille : « Cet exercice de simulation a été pensé comme un outil d’accroissement des capacités de prise en charge clinique dans le cadre des épidémies. C’est primordial pour la Région ».
Le troisième jour de l’exercice, c’est au tour des chirurgiens d’être mis à l’épreuve, toujours en situation de pic épidémique. Une « femme enceinte », admise la veille après avoir été testée positive à la COVID-19, doit subir une césarienne en urgence. À son arrivée, elle a été vue par un psychiatre.

« Mon rôle est d’assurer le soutien psychosocial des patients et du personnel médical », explique le médecin psychiatre Commandant Khadim Fall. « Le contexte est stressant pour tout le monde. »

La chirurgie obstétrique fait partie des minimums requis pour la classification de type 2. À ce niveau, l’équipe doit être capable d’effectuer sept interventions lourdes ou 15 interventions légères par jour.

L’OMS a invité des représentants du Cameroun, de l’Éthiopie, de la Guinée, de la République du Congo et de la République démocratique du Congo à observer l’exercice. « Nous voulons montrer aux autres pays africains que la formation d’une équipe médicale d’urgence est possible », souligne le Dr Baldé. « Nous espérons que cela les inspirera. »
La « patiente » et son « bébé » vont bien. Chirurgiens, anesthésistes et infirmiers rangent le matériel. L’exercice de simulation est terminé.

Le service de santé des armées du Sénégal effectuera ensuite son propre bilan. L’OMS partagera le sien avec l’équipe médicale d’urgence sénégalaise pour continuer à la guider dans le processus de classification en huit étapes, qui peut prendre jusqu’à deux ans.

En cas de réussite , le Sénégal deviendra le premier pays africain à obtenir une classification internationale, qui sera réévaluée tous les cinq ans.

Depuis le déclenchement de la pandémie de COVID-19, l’OMS collabore avec 10 pays de la Région africaine pour l’établissement d’EMU nationales.
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