En RDC, un centre de traitement de choléra proche des déplacés

Goma –  L’Est de la République démocratique du Congo (RDC) enregistre plus de 6 millions de personnes déplacées internes fuyant les conflits armés et intercommunautaires. Depuis le début de l’année 2023, six provinces du pays, à savoir l’Ituri, le Kasaï, le Mai-Ndombe, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et la Tshopo, connaissent une escalade de la violence obligeant près d’un million de personnes à abandonner leur domicile, à la recherche d’un abri sûr. Ces personnes se retrouvent sur des sites de déplacés.

Dans les sites de déplacés, les conditions de vie sont très précaires avec un accès difficile et limité à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement. Des conditions qui favorisent le choléra et font perdurer la maladie. Une épidémie de choléra déclarée dans le Nord-Kivu depuis octobre 2022 est toujours en cours sur les sites des déplacés notamment celui de Rusayo. Entre juin et septembre 2023, le centre de traitement de choléra a été fermé rendant très difficile la prise en charge de cette maladie. Les cas les plus sévères étant obligés de se rendre à pied ou à moto au centre de santé le plus proche situé à plus de 4 kilomètres du camp. 

Devant la gravité de la situation, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a soutenu l’installation d’un nouveau centre de traitement de choléra (CTC) à la sortie du site de Rusayo. Opérationnel depuis le 28 septembre, ce centre de traitement a déjà pris en charge plus de 1500 patients dont la plupart des enfants de moins de 5 ans.
 

Le site des déplacés de Rusayo, situé au pied du volcan Nyiragongo, est à une quinzaine de kilomètres de la ville Goma, capitale de la province du nord Kivu. Il accueille plus de 143 000 personnes dans des conditions d’hygiène très précaires avec deux litres d’eau par personne et par jour et une latrine pour près de 200 personnes alors que les normes recommandent 15 litres par personne et par jour et une latrine pour 50 personnes.

« Le problème du choléra dans ce site c’est comme un serpent qui se mord la queue », laisse entendre le coordinateur du site de Rusayo, André Munyaruhame, soulignant les problèmes d’eau potable et d’assainissement.
Depuis le début de l’année jusqu’ au 10 décembre, 30 255 cas de choléra ont été enregistrés dans la province du Nord-Kivu, qui compte à elle seule plus de deux millions de déplacés. Le choléra est une maladie extrêmement dangereuse qui provoque une diarrhée aqueuse aiguë sévère. Les symptômes apparaissent entre 12 heures et 5 jours après l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminée. La maladie peut tuer en l’espace de quelques heures si aucun traitement n’est administré.

Le nouveau centre de traitement de choléra de Rusayo, d’une capacité d’accueil de 50 lits, reçoit des patients qui arrivent généralement très tôt.

« Ce résultat est le fruit du travail des relais communautaires que nous avons formés avec l’appui de l’OMS. Ils sensibilisent sur les symptômes et insistent sur la nécessité de se rendre au centre de traitement dès l’apparition des premiers signes », explique Dre Lydie Fatuma, Superviseure médicale au centre de traitement de choléra du site de Rusayo.
Agnès Olive, 24 ans, a amené son fils Eric de 15 mois, au CTC, il y a trois jours. Eric faisait un peu de fièvre mais ce sont la diarrhée et les vomissements qui ont alerté Agnès. « Les relais communautaires nous avaient dit que dès que quelqu’un fait la diarrhée et vomit, il faut directement aller à l’hôpital. C’est ce que j’ai fait », relate Agnès. « Le médecin a dit que nous allons être libérés aujourd’hui et j’en suis très heureuse. »
C’est en suivant les mêmes conseils que Shangoma Shabunyere, 71 ans, s’est rendu de lui-même la veille au CTC. Satisfait de son traitement, il espère retourner dans le site bientôt.

« Nous sommes rassurés d’avoir un centre de traitement tout près d’ici et en plus, le traitement est gratuit. Je ne fais plus de diarrhée. S’ils me remettent les médicaments, je pourrai retourner dans le site », dit-il.

La rapidité de recours aux soins et dès les premiers signes contribue énormément à sauver des vies.

Dans le cadre de la lutte contre le choléra dans le Nord Kivu, l’OMS apporte un appui considérable à la province. En plus du CTC, l’Organisation a construit deux citernes d’une capacité de 5 000 litres chacune qui sont approvisionnées quotidiennement.

Aussi des points de réhydratation orale ont été installés dans le site. Ces points constituent la première étape du traitement contre le choléra. Les patients se réhydratent afin de réduire le risque d’arriver au centre de traitement dans un état de déshydratation grave.
En plus du centre de traitement de choléra installé récemment, l’OMS a déjà livré plus de 78 tonnes de produits médicaux et autres intrants pour le traitement du choléra au Nord-Kivu et envoyé des équipes de quadrillage sur le terrain pour désinfecter les centres de santé et les foyers de l’épidémie. « Dès la confirmation d’un cas, le ménage et les tentes aux alentours sont systématiquement désinfectés avant la sortie du malade du centre de traitement », a affirmé Dr Alain Mangolopa, Coordinateur terrain de l’OMS au Nord Kivu.

« La riposte contre le choléra doit se faire selon une approche holistique. Car la solution pour contenir l’épidémie réside notamment dans l’accès à l’eau potable et à des services d’assainissement en plus de la prise en charge médicale. »
Dans la province du Nord Kivu, le choléra sévit en permanence et est aggravé par les afflux constants de populations déplacées, la pénurie d’infrastructures hydro-sanitaires dans les sites de déplacés et la saison des pluies qui vient de commencer.

Au vu de la situation sanitaire dans ces sites, la province mise sur la prévention et principalement la vaccination. « Nous sommes dans la saison de pluie et on s’attend à des flambées donc on renforce la réponse en termes d’approvisionnement en eau et de prévention notamment la vaccination contre le choléra », détaille le Chef de Division Provinciale de la santé du Nord-Kivu, Dr Stéphane Hans Bateyi. « Nous avons déjà sécurisé 2,6 millions de doses pour les déplacés internes et les populations environnantes. »

La campagne de vaccination a commencé le 11 décembre dans huit zones de santé les plus touchées de la province, sur les 15 zones ciblées pour tout le pays.

Du 28 septembre au 13 décembre 2023, le centre de traitement de Rusayo, où la durée d’hospitalisation n’excède pas quatre jours, a pris en charge 1516 personnes sans dénombrer un seul cas de décès.

Agnès Olive, son fils au dos, et deux autres patients déchargés ce jour rentrent chez eux avec la ferme résolution d’être plus regardant sur l’hygiène afin d’éviter d’y retourner.

« Avant de partir, le médecin a insisté sur la propreté et l’hygiène. Je vais bien suivre ses conseils. »
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