Fiscalité pour la santé : un levier essentiel pour la santé publique au Cameroun
Yaoundé, 25 juillet 2025 – Le Palais de Verre Paul Biya a abrité un séminaire de haut niveau consacré à l’urgence de réguler et de taxer les produits alimentaires nocifs pour la santé. L’événement, organisé par la Reconciliation and Development Association (RADA) en collaboration avec plusieurs partenaires de santé – dont le Caucus parlementaire pour le financement de la santé, le réseau parlementaire camerounais pour la lutte antitabac (Oxygen), le ministère de la Santé Publique, la Clinton Health Access Initiative (CHAI) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) – a réuni des parlementaires, des responsables de santé publique et des représentants de la société civile.
Une crise sanitaire liée à l’alimentation
Les maladies non transmissibles (MNT) liées à l’alimentation dépassent désormais le tabac comme première cause de mortalité dans le monde, avec plus de 12 millions de décès d’adultes chaque année dus au cancer, au diabète et aux maladies cardiovasculaires. Cela représente 26 % des décès adultes, un chiffre alarmant. Au Cameroun, l’absence de politiques fiscales fortes sur les produits alimentaires malsains accentue le problème. Au lieu de taxer ces produits, des exonérations favorisent encore leur consommation, renforcée par l’absence de régulation de la publicité ciblant en particulier les jeunes.
Un plaidoyer pour une fiscalité de santé
Le séminaire visait à renforcer les capacités des parlementaires sur la nécessité d’instaurer des taxes spécifiques sur les produits alimentaires nocifs. L’objectif : encourager un plaidoyer en faveur de mesures fiscales auprès des ministères compétents, afin de réduire la consommation de produits malsains et de promouvoir l’accès à des alternatives plus saines.
Des experts ont présenté des preuves convaincantes, illustrant les bénéfices de telles politiques. Des pays comme le Mexique, le Royaume-Uni et l’Afrique du Sud ont déjà mis en œuvre des taxes sur les boissons sucrées ou les produits ultra-transformés, avec des résultats positifs sur la santé publique.
Une approche durable pour la santé et l’économie
Au cours des débats, l’accent a été mis sur le double impact de la fiscalité de santé: réduire la prévalence des MNT et générer des revenus supplémentaires pour financer des initiatives de santé. L’OMS a rappelé sa stratégie mondiale « 3 by 35 », qui recommande d’augmenter de 50 % d’ici 2035 les taxes sur le tabac, l’alcool et les boissons sucrées.
Ce séminaire marque une étape décisive dans la lutte contre les MNT au Cameroun. Il appartient désormais aux parlementaires de porter ce plaidoyer auprès des ministères concernés pour faire de la fiscalité un véritable outil de santé publique, garant d’un développement économique durable et soucieux de la santé des populations.