Mauritanie : la santé mentale, le pilier invisible de la réponse aux crises humanitaires

Mauritanie : la santé mentale, le pilier invisible de la réponse aux crises humanitaires

Amourj – Dans le désert étendu du Hodh El Chargui, là où les frontières deviennent floues entre l’exil et l’espoir, l’impact silencieux des crises humanitaires laisse des cicatrices invisibles et profondes. Si les réfugiés Maliens, les retournés et les communautés hôtes affrontent les défis visibles des maladies et du manque d’accès aux soins, ils doivent aussi composer avec une douleur moins perceptible : la détresse psychologique.

« Les gens arrivent brisés. Ils ont fui des violences, perdu des proches, tout abandonné. Mais ici, personne ne parle de ce qu’ils vivent intérieurement », confie Cheick Oumar, un infirmier basé à Amourj.  C’est pour répondre à cette urgence invisible que le Bureau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Mauritanie et le Ministère de la Santé, grâce au financement du Fonds central pour les interventions d'urgence des Nations Unies (CERF), ont décidé de faire de la santé mentale une priorité au cœur de la réponse humanitaire.

Quatre espaces d’écoute et de soutien psychosocial ont été ouverts dans les départements d’Amourj, Timbedra, Adel Bagrou et Bassikounou. Ces centres, simples mais essentiels, offrent un lieu où les mots peuvent se libérer, où les traumatismes trouvent un écho, et où l’isolement peut enfin céder la place à l’écoute. 

Mais l’innovation majeure repose sur le renforcement des capacités locales. Au Total 66 professionnels, dont 20 Méharistes – unités militaires mobiles à dos de chameau – ont été formés sur la santé mentale et les premiers secours psychologiques. Une avancée inédite dans la région de Hodh El Chargui, où les barrières culturelles, les croyances mystiques et la stigmatisation entourant la santé mentale restent puissantes. « On nous disait que la folie était une punition, ou une malédiction », témoigne Fatma Zahra, une patiente. « Aujourd’hui, je sais qu’il s’agit d’un mal qu’on peut soigner, et j’ai trouvé du réconfort. »

Entre février et mai 2025, près de 1 000 personnes ont bénéficié d’un accompagnement psychologique et plus de 1 600 personnes ont été touchées par des campagnes de sensibilisation. L’un des défis majeurs qui entoure les questions de santé mentale en Mauritanie demeure le tabou et le silence alimentés par la peur du jugement. « La plupart des gens avec des problèmes de santé mentale préfèrent aller voir un guérisseur traditionnel plutôt que de recourir à la médicine », explique le Dr Elimine Cheick, médecin à Adel Bagrou. « Chaque échange, chaque groupe de parole, chaque accompagnement contribue à faire bouger les lignes. »

Dans le Hodh El Chargui, intégrer la santé mentale dans les soins primaires ne relève pas du luxe ni d’un lointain rêve, mais d’une réalité. Cela signifie redonner une dignité, restaurer une confiance, et parfois même empêcher qu’un traumatisme se transforme en fatalité.

« Renforcer la santé mentale, c’est aussi sauver des vies », souligne la Dre Charlotte Faty Ndiaye, Représentante de l’OMS en Mauritanie, « Ce pilier invisible de la santé est en train de trouver toute sa place dans la réponse humanitaire. Une réponse plus humaine, plus complète, plus résiliente. ».

 

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Kissima Tandia

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