Fièvre de la Vallée du Rift en Mauritanie : agir maintenant pour prévenir et surveiller efficacement

Fièvre de la Vallée du Rift en Mauritanie : agir maintenant pour prévenir et surveiller efficacement

Nouakchott - En Mauritanie, la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR) ne cesse de rappeler sa dangerosité. Entre le 27 septembre et le 30 octobre 2025, 46 cas humains ont été confirmés, dont 14 décès, dans 13 wilayas, principalement frontalières. Depuis août, 62 foyers ont été détectés chez les animaux, avec 235 cas positifs et 71 morts, surtout chez les moutons, bovins et chameaux.

Transmise par des moustiques infectés ou par contact avec des animaux malades, cette maladie provoque chez l’humain de fortes fièvres et parfois des complications graves. Chez les animaux, elle entraîne des avortements massifs et la mort des plus jeunes.

Face à cette situation préoccupante, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a intensifié son appui au gouvernement mauritanien dans le cadre d’une approche intégrée « One Health », mobilisant les secteurs de la santé humaine, animale et environnementale. Un plan national de riposte a été lancé par les autorités sanitaires et vétérinaires. Il bénéficie déjà d’un financement initial, dont un million USD de la Banque mondiale, et fait l’objet de discussions avec d’autres partenaires pour mobiliser des ressources supplémentaires.

Sur le terrain, la riposte s’organise au plus près des communautés. Quatre équipes mobiles ont été déployées dans les zones les plus touchées pour renforcer la surveillance et appuyer les services locaux. « Chaque jour, nous sommes aux côtés des agents de santé, dans les centres de soins et les villages. On enquête, on écoute, on agit. Ce travail demande de la réactivité, de la coordination et surtout, une vraie proximité avec les communautés », explique le Dr Raymond Pallawo, qui supervise les opérations d’urgence à l’OMS Mauritanie.

Des unités d’isolement ont été réhabilitées dans les zones les plus touchées, notamment à Aioun, Modibougou, Temecheket et Bassikounou. Ces structures permettent de prendre en charge rapidement et en toute sécurité les cas suspects ou confirmés, tout en limitant les risques de propagation.

L’OMS a également livré 3,5 tonnes de médicaments et intrants médicaux, ainsi que deux ambulances mobilisées depuis son hub logistique à Dakar. Ces ambulances, désormais opérationnelles dans les régions du Hodh El Chargui et du Hodh El Gharbi, ont été réceptionnées par le ministère de la Santé.

La surveillance épidémiologique a été renforcée par la diffusion des définitions de cas, des briefings et une campagne de communication sur les risques menée par les services vétérinaires et sanitaires. Pour toucher les populations à risque, 6 000 supports en langues locales ont été distribués, complétés par une quinzaine d’émissions radio et des activités de proximité dans près de 160 localités. Des séances spécifiques ont eu lieu dans les abattoirs pour promouvoir la manipulation sécurisée des animaux. Au total, 8 wilayas ont été ciblées, ainsi que Nouakchott et Adrar. Ces actions ont favorisé une meilleure appropriation des messages de prévention par les communautés.

Dans les zones rurales les plus affectées, les habitants témoignent du changement tangible qu’ont apporté ces actions. À Aioun, dans la région du Hodh El Gharbi, Mariem, une femme d’une trentaine d’années, mère de trois enfants et veuve depuis deux ans, raconte avec calme : « Nous avons compris l’importance de signaler rapidement les cas d’animaux malades et d’éviter la consommation de viande provenant de bêtes infectées », confie-t-elle avec gravité. Membre d’une communauté pastorale, Mariem vit de l’élevage et de la solidarité entre familles, consciente que la prévention est désormais la clé de leur survie collective, souligne-t-elle.

Plus au sud, dans la région de l’Assaba, Sidi, un éleveur de 40 ans originaire de Kiffa, évoque lui aussi un tournant dans les habitudes locales. « Quand la maladie est arrivée, beaucoup d’animaux sont morts et nous avions peur. Ce sont les vétérinaires qui sont venus nous informer, avec des affiches et à la radio. Ils nous ont expliqué comment reconnaître les signes chez les bêtes et comment éviter d’être contaminés », se souvient-il. Aujourd’hui, Sidi applique scrupuleusement les mesures de prévention : « On ne touche plus aux animaux malades, on prévient tout de suite le service vétérinaire. Grâce à leurs conseils, on a compris que la vigilance pouvait sauver nos vies et celles de nos troupeaux », dit-il avec conviction.

Du côté des autorités nationales, la mobilisation reste constante. « La situation exige une vigilance renforcée et une action coordonnée. Avec l’appui des partenaires techniques et financiers, nous travaillons à renforcer la surveillance, la prise en charge des cas et la sensibilisation communautaire afin de limiter la propagation de la Fièvre de la Vallée du Rift », déclare le Dr Bouhabib Abdallahi, Directeur de la Médecine préventive et de la Lutte contre la maladie, insistant sur la synergie entre les acteurs.

La riposte actuelle ne se limite pas à l’urgence. Elle s’inscrit dans une dynamique de renforcement durable du système de santé. « La Mauritanie démontre une résilience exemplaire. Ensemble, nous consolidons les acquis, renforçons les capacités locales et intégrons les communautés dans la surveillance. Cette riposte illustre une vraie solidarité, et prépare le pays à mieux faire face aux menaces sanitaires de demain », affirme la Dre Charlotte Faty Ndiaye, Représentante de l’OMS en Mauritanie.

Ce renforcement s’appuie également sur une collaboration étroite avec les services vétérinaires. Dans une épidémie qui touche à la fois l’humain et l’animal, leur rôle est essentiel pour freiner la transmission et coordonner les actions sur le terrain, dans le cadre de l’approche One Health, qui intègre les dimensions humaine, animale et environnementale. Cette synergie s’est illustrée récemment à travers la mission d’évaluation de haut niveau de la FAO, venue du siège à Nouakchott en début novembre. Conduite en étroite collaboration avec l’OMS, la mission a souligné l’importance d’une approche préventive, fondée sur le renforcement de la sensibilisation des communautés à risque et la mobilisation des acteurs locaux pour une réponse durable.

Alors que la riposte se poursuit, les efforts conjoints du gouvernement mauritanien et de ses partenaires témoignent d’une volonté commune de contenir l’épidémie et de protéger les communautés les plus vulnérables. En Mauritanie, la lutte contre la Fièvre de la Vallée du Rift se vit au cœur des communautés, entre solidarité et résilience, symbole de l’engagement collectif face aux défis sanitaires.

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Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique 
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Kissima Tandia

Chargé de communication

OMS Mauritanie

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