La 16^ème Conférence des Chefs d’État de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), tenue à Bangui, a été marquée par le plaidoyer de haut niveau du Professeur Mohamed Yakub Janabi, Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique.

Une note de plaidoyer préparée par le Professeur Janabi a été adressée aux Chefs d’État afin de rappeler l’urgence d’une mobilisation collective pour relever les défis sanitaires persistants en particulier l’éradication définitive de la poliomyélite dans les pays de la CEMAC. Le document insiste sur la nécessité d’une réponse multisectorielle et coordonnée, mobilisant plusieurs ministères au-delà de la santé, afin de garantir une riposte robuste et efficace.

Le Directeur régional de l’OMS a également souligné que les pays d’Afrique centrale doivent se mettre ensemble pour renforcer leurs échanges et assurer une meilleure coordination au plus haut niveau politique, condition indispensable pour arrêter la transmission du poliovirus dans la région.

Le Directeur général de l’OMS a également saisi cette occasion pour aborder la question du financement, exhortant les décideurs politiques à renforcer la mobilisation des ressources domestiques afin de faire face aux restrictions financières actuelles et de garantir la durabilité des interventions de santé publique.

Ce plaidoyer constitue un acquis majeur pour l’initiative mondiale d’éradication de la polio. Pour la première fois, la question est portée au plus haut niveau politique en République centrafricaine (RCA) et dans la sous-région, renforçant ainsi la dynamique de lutte transfrontalière dans le bassin du Lac Tchad, l’une des zones les plus sensibles à la circulation du poliovirus. Cette dynamique repose sur des campagnes de vaccination synchronisées dans les cinq pays du bassin, une microplanification renforcée pour atteindre les enfants déplacés, nomades ou vivant dans des zones difficiles d’accès, le renforcement de la surveillance (paralysies flasques aiguës, surveillance environnementale, transport rapide des échantillons), le renforcement de la vaccination de routine, sans oublier l’intégration des interventions de santé publique à haut impact et une collaboration transfrontalière structurée à travers le partage d’alertes, les supervisions conjointes et la coordination régionale via la Task Force du bassin du Lac Tchad. 

En 2025, la RCA a vacciné 2,4 millions d’enfants en avril et 2,6 millions en juin lors des journées nationales de vaccination avec le vaccin nVPO2, démontrant une mobilisation exceptionnelle. Dans le cadre de la surveillance, plus de 1 436 échantillons ont été analysés, incluant ceux des 495 cas de paralysie flasque aiguë, renforçant la vigilance épidémiologique du pays.

La Conférence a adopté une résolution clé : la mise en place d’une réunion annuelle des Ministres de la Santé des pays de la CEMAC. Cette décision illustre la volonté politique des Chefs d’État de bâtir un cadre pérenne de coordination régionale en santé, avec l’éradication de la polio comme une priorité commune.

Le Ministre de la Santé et de la Population, Dr Pierre Somse, a salué l’impact de cete initiative du Directeur Régional en affirmant que l’appui technique et politique de l’OMS, à travers son Bureau régional et son Bureau pays en RCA, crée un cadre propice pour accélérer la lutte contre la polio et renforcer durablement le système de santé.

La Représentante de l’OMS en RCA, Dr Marie Roseline Darnycka Bélizaire, a souligné que le Sommet de la CEMAC à Bangui démontre que la santé est désormais placée au cœur de l’agenda politique régional et que l’engagement collectif des Chefs d’État ouvre de nouvelles perspectives pour parvenir à l’éradication de la polio en Afrique centrale.

Ces avancées n’auraient pas été possibles sans la disponibilité et l’engagement du Ministère de la Santé et de la Population, qui a porté ces enjeux au cœur du dialogue régional. Le Bureau de l’OMS en RCA a également joué un rôle clé en assurant la préparation technique, la coordination et la visibilité de ces priorités sanitaires lors du Sommet. Cette synergie entre leadership national et appui de l’OMS a permis de transformer un plaidoyer en résultats concrets.