Conduire à l’OMS, c’est aussi servir la santé publique : le parcours de Malick Ndiaye

Dakar – Derrière chaque mission de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il y a des femmes et des hommes dévoués. Parmi eux, Malick Ndiaye, qui a choisi de mettre son talent de chauffeur professionnel au service de la santé des populations. Recruté en 1988 par l’OMS, il entame alors une carrière exceptionnelle, jalonnée de kilomètres, de missions exigeantes et de rencontres marquantes, entièrement consacrée à assurer la continuité et la sécurité des opérations de l’Organisation.

A vingt-huit ans, débute son parcours remarquable marqué par une profonde envie de se rendre utile. Sourire bienveillant, poignée de main ferme et rassurante, uniforme toujours impeccablement entretenu : au fil des années, Malick Ndiaye a su dépasser la fonction de chauffeur pour devenir un appui de confiance au sein de l’OMS.

Né à Minguegne Boye, un petit village de la région de Saint-Louis, situé à une centaine de kilomètres de la frontière mauritanienne, Malick a grandi dans une zone où les échanges entre les deux pays faisaient partie du quotidien. C’est donc tout naturellement qu’il s’est d’abord tourné vers la Mauritanie pour chercher du travail comme chauffeur, après avoir obtenu son permis de conduire en 1978. Il est recruté par le bureau de l’OMS en Mauritanie. Ses débuts restent gravés dans sa mémoire :« Dès mon premier jour à l’OMS, voir ce véhicule immaculé m’a fait comprendre que j’étais entré dans un monde où l’excellence compte. J’ai senti à ce moment que je voulais m’y investir pleinement. ». Un an plus tard, lorsque la crise frontalière d’avril 1989 éclate dans la vallée du fleuve Sénégal, Malick est déployé au Sénégal pour appuyer le bureau pays. Ce transfert marque alors le véritable tournant de sa carrière.

Avant de rejoindre l’OMS, Malick exerçait comme chauffeur de transport scolaire, un métier qui lui a appris la ponctualité, la vigilance et le sens des responsabilités, des qualités qu’il met au service de l’Organisation depuis plus de trois décennies.
Au cours de sa mission à l’OMS, Malick a été le chauffeur attitré de 15 représentants résidents de l’OMS au Sénégal. Il a aussi conduit plusieurs Directeurs généraux en visite officielle, dont le Dr Hiroshi Nakajima en 1993, ou encore le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus en 2018. Ses trajets l’ont emmené dans plus de cinq pays d’Afrique et plus de 100 localités, parfois reculées. Selon Malick, être chauffeur n’est pas seulement conduire : c’est représenter l’OMS, incarner ses valeurs et prendre soin du matériel confié. Une responsabilité qu’il a porté avec rigueur et dignité constantes. « À travers notre conduite, notre comportement et notre disponibilité, nous incarnons l’image de l’Organisation », confie-t-il.

Son parcours, c’est aussi celui de souvenirs qui marquent une vie parsemée de défis immenses et de moments de tension extrême. Il se souvient parfaitement de la mission périlleuse lors de l’épidémie de maladie à virus Ebola, en 2016, en Guinée et de ses « routes étroites et dangereuses dans des ravins et des zones à risque » qu'il a dû négocier avec une prudence de chaque instant. Il se rappelle aussi, avec une maîtrise qui force encore aujourd'hui l'admiration, de ce jour critique de 1996 lors d’une cérémonie officielle du Système des Nations Unies, où des manifestants en colère avaient bloqué l'entrée de Mbour, sous une pluie de jets de pierres. « Grâce à mon sang-froid, j'ai pu sortir de la zone dangereuse sans dommages. »

Son collègue et ami Moussa Cissokho, avec qui il a partagé plus de vingt-deux ans de compagnonnage à l’OMS, en parle avec admiration. « Malick, c’est le calme dans la tempête. Même quand tout semblait hors de contrôle, il gardait toujours son sang-froid, on se sentait en sécurité, quoi qu’il arrive. »
Plus tard, Malick a vécu des moments difficiles, comme le choc de la disparition à Brazzaville du Dr Roger Molouba, alors représentant de l’OMS au Sénégal. Un souvenir douloureux, qui a marqué profondément celui qui voyait en lui un mentor et un guide.

Sa carrière a aussi été jalonnée de moments d’honneur et de reconnaissance, comme en témoignent les diplômes et attestations qui lui ont été décernés pour son engament et son expertise. Au fil des ans, son expertise et son intégrité ont fait de lui une personne-ressource incontournable, régulièrement sollicitée pour participer au recrutement et à la formation des nouveaux chauffeurs du bureau. Selon un de ses superviseurs, avec qui il a travaillé entre décembre 2024 et juillet 2025, Malick a servi l’OMS avec une constance exemplaire « Il restera pour nous, un modèle de dévouement », a indiqué le Dr Jean Marie Vianny Yameogo, ancien représentant de l’OMS au Sénégal.
L'histoire profondément humaine de Malick n'est pas uniquement tissée d'asphalte et de chemins périlleux, derrière le volant, il y a un homme attentif et attentionné à l’égard des autres. Un de ses collègues dit qu’il n’oubliera jamais ce jour où, voyant un autre membre de l’équipe vaciller, Malick l’a aussitôt soutenu et transporté en urgence à l'hôpital. Toujours présent, toujours vigilant, il se trouvait une fois de plus au bon endroit au moment le plus critique, prouvant que son rôle de protecteur ne s'arrêtait pas au seuil du véhicule. « Le médecin qui nous avait accueilli, nous a disait que s'il était tombé par terre, cela lui aurait été fatal », se souvient Malick, avec émotion.
En 35 ans, il aura parcouru des centaines de milliers de kilomètres et eu le privilège d'être le conducteur de confiance des plus hautes autorités de l'Organisation, celles qui ont marqué l'histoire de la santé publique mondiale. Il a conduit tous les directeurs régionaux de passage au Sénégal: Dr Goetlieb Monekosso, Dr Ebrahim Malick Samba, Dr Luis Gomes Sambo, et Dre Matshidiso Moeti.

« Chaque trajet, chaque conversation discrète, était pour moi un pan de l'histoire de la santé publique en Afrique qui s'écrivait sur la banquette arrière de ma voiture, et dont j’étais le témoin humble et attentif. »
À l’heure de tourner la page, Malick Ndiaye confie un ultime conseil à ceux qui prendront le relais : « Soyez patients, respectueux, disponibles et professionnels. Conduire à l’OMS, c’est aussi servir la santé publique. » De ses premiers trajets en Mauritanie à ses dernières missions à Dakar, son histoire est celle d’un homme qui, derrière le volant, a servi pour atteindre la santé pour tous.

Au mois de novembre 2025, Malick Ndiaye rangera son véhicule officiel pour la toute dernière fois, fermant un chapitre majeur de sa vie. Passionné d’agriculture, il compte consacrer sa retraite à l’exploitation des terres familiales à Minguegne Boye, où il projette de cultiver l’arachide et l’oignon. « C’est une autre forme de service, confie-t-il, celle de nourrir et de faire vivre la communauté à travers le travail de la terre. »

Merci pour ce long, beau, et précieux voyage, « Père Malick ». Votre route a compté.

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Aïssata SALL

Chargée de Communication
OMS Sénégal
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