Mali : des comités scolaires pour protéger les jeunes du tabagisme

Mali : des comités scolaires pour protéger les jeunes du tabagisme

Bamako – Il y a pratiquement un an que Aziz*, 17 ans, élève en classe de terminale, a abandonné le tabac. Il avait sombré dans le tabagisme à l’âge de 14 ans sous la pression de ses amis doublée à la curiosité. « J’ai commencé à fumer un peu pour faire comme les autres. Au début, c’était juste pour essayer, mais ensuite, je ne pouvais plus m’en passer. Je fumais presque tous les jours », confie l’adolescent. « En fumant, je me sentais plus adulte, plus branché, mais je ne me rendais pas compte des risques sur ma santé. »

Chaque année, plus de 146 000 décès attribuables au tabagisme sont enregistrés dans la Région africaine. Aujourd’hui, la Région compte plus de 61 millions de consommateurs de tabac. La prévalence croissante de la consommation de tabac chez les adolescents âgés de 13 à 15 ans constitue une source majeure de préoccupation. Plus de 6 % des personnes de cette tranche d’âge consomment déjà des produits du tabac, attirés en grande partie par des concepts et des messages fallacieux.

Le Mali ne fait pas exception à cette tendance à la hausse de la consommation du tabac par les adolescents. Pour y remédier, le pays, avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a pris diverses mesures pour protéger les jeunes du tabagisme, parmi lesquelles la mise en place à partir de 2015 des comités scolaires antitabac. 

A ce jour, le pays compte 32 comités antitabac dont le rôle est de sensibiliser les pairs sur les dangers de la consommation du tabac dans les établissements scolaires, dans les quartiers populaires et au niveau des places publiques. Ces comités proposent également des accompagnements avec des conseils et une orientation vers des professionnels de santé.  

Depuis deux ans, Moussa, étudiant, a adhéré au comité anti-tabac de son institut. Durant cette période, il a accompagné cinq jeunes à abandonner le tabac. « Ce qui me motive, c’est de voir des camarades changer et se sentir mieux dans leur corps. Le tabac détruit la santé, et je trouve important de protéger notre génération contre ses effets. C’est un engagement que je prends très à cœur », relate le futur infirmier. « Nous essayons d’abord de comprendre les raisons qui poussent la personne à fumer. Ensuite, on lui explique les dangers réels sur sa santé, et surtout, les bénéfices à arrêter. On ne juge pas, on écoute et on encourage. »

Cette approche permet aux comités antitabac de toucher plus de jeunes et contribuent à la réduction du tabagisme au sein de cette couche. « Nous savons que nous avons fait des progrès mais nous devons mener des études pour montrer les évidences sur les actions menées contre le tabagisme afin de mieux ajuster les actions futures », a indiqué le Dr Abdoulaye Koné, point focal national de la lutte contre le tabagisme au Mali. « Si les tendances actuelles se maintiennent, l'objectif de 30 % de réduction entre 2010 et 2025 sera probablement atteint. »

De 11,3 % en 2010, le taux de tabagisme chez les personnes âgées de 15 ans et plus au Mali a baissé de quatre points pour être à 7,3 % en 2023. Le Dr Koné a expliqué que « les comités scolaires antitabac sont des moyens de prévention du tabagisme chez les jeunes par les activités de communication continues au sein des établissements scolaires ». 

En plus des comités antitabac, le pays a procédé à l’augmentation des taxes sur les importations des produits de tabac passant de 25 % en 2018 à 40 % en 2023. En plus de l’interdiction de fumer dans les lieux publics et sur les lieux de travail, le Mali interdit l’importation, la distribution, de la vente et de l’usage de nouveaux produits de tabac et dérivé comme la chicha et l’e-cigarette. Il en est de même pour la publicité et le parrainage des évènements par l’industrie du tabac.

Par ailleurs, le Ministère de la santé offre un accompagnement à ceux qui veulent arrêter de fumer. Le pays propose de thérapies de substitution à la nicotine ainsi que des services de sevrage tabagique.

Grace à ces différentes initiatives, le pays a été sept fois lauréat du prix sans tabac de l’OMS entre 2000 et 2022 (2000, 2004, 2010, 2012, 2015, 2020 et 2022). L’Organisation apporte son appui au réseau de lutte antitabac, à travers la mise à disposition des supports de sensibilisation. L’OMS soutient également les efforts de plaidoyer et appuie les formations des membres des comités antitabac ainsi que des professionnels de santé.

« L’OMS soutient toutes ces initiatives du Ministère de la santé afin de protéger la jeunesse contre le fléau du tabagisme. Le rôle de l’OMS est entre autres d’aider les comités antitabac dans la sensibilisation pour mieux informer les jeunes sur les dangers du tabac et assurer une meilleure santé des populations », a déclaré le Dr Patrick Kaboré, représentant de l’OMS au Mali. « La prévention est notre meilleure arme pour un avenir plus sain. »

Pour mobiliser les jeunes, des compétions sportives interscolaires et inter quartiers sont souvent organisées au cours desquelles des messages sur les dangers du tabagisme sont véhiculés. 

« Un jour en marge d’une activité sportive à l’école, nos camarades ont organisé une séance de sensibilisation sur les méfaits du tabac. J’ai vraiment compris les dangers pour ma santé et je me suis rapproché d’eux. Ils m’ont écouté sans juger et m’ont donné des conseils pour arrêter. Ils m’ont aussi motivé et soutenu pendant les moments difficiles », témoigne Aziz. Depuis 11 mois, Aziz n’a plus touché au tabac ni à ses produits dérivés. « Je me sens beaucoup mieux et je suis fier de moi d’avoir réussi à arrêter le tabac. »

Désormais Aziz se fait le portevoix de la lutte antitabac. « Le tabac n’apporte rien de bon. Il vaut mieux arrêter maintenant, et vous verrez que vous serez plus libre et en meilleure santé. »

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
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M. Cissé Abdoulaye

Chargé de communication

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