Après Ebola, revivre : à Bulape, le Programme des Guéris redonne espoir à Héritier

Après Ebola, revivre : à Bulape, le Programme des Guéris redonne espoir à Héritier

Bulape, RDC – À Bulape, au cœur d’une communauté marquée par l’épidémie d’Ebola, Héritier Bope Mpona, 25 ans, travaille à reconstruire sa vie. Vendeur au marché, il proposait principalement du haricot pour subvenir aux besoins de sa famille.

Au début de l’épidémie, sa fille de deux ans et sa mère ont été les premières victimes. Peu après, sa femme et lui ont présenté les mêmes symptômes. Testés positifs, ils sont conduits au Centre de Traitement d’Ebola (CTE) pour trois semaines de soins. Héritier survit, mais sa femme n’a pas eu cette chance.

Avec simplicité, il résume son expérience : « Je suis sorti vivant, mais je suis sorti seul », confie-t-il.

À sa sortie du CTE, la maison est vide. Les voisins hésitent encore à s’approcher. Sans revenu immédiat, Héritier doit trouver un nouvel équilibre.

Pour répondre à ces besoins, le Programme des Guéris a été mis en place par le Ministère de la Santé Publique, de l’Hygiène et de la Prévoyance Sociale, avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ce programme accompagne les 18 survivants d’Ebola à Bulape, en leur offrant suivi médical, soutien psychosocial et appui à la réinsertion sociale et économique.

Depuis le début de la réponse, l’OMS apporte un appui technique et opérationnel au Ministère pour la mise en œuvre du Programme. Cet appui inclut la mobilisation de cinq experts pour renforcer la prise en charge post-Ebola, le suivi clinique, la santé mentale et l’accompagnement communautaire.

L’OMS a coordonné la formation de 15 prestataires de soins, fourni des médicaments essentiels, des kits de consultation, des équipements de protection individuelle, ainsi que les outils nécessaires au suivi clinique et psychosocial. D’autres partenaires viennent progressivement soutenir ces efforts pour garantir la continuité du Programme et la réintégration durable des survivants.

Dès les premières heures de la riposte, l’OMS s’est mobilisée aux côtés de l’Institut National de Santé Publique pour mettre en place rapidement le suivi des guéris, indique le Dr Richard Kitenge, Coordonnateur national du Programme de soins et de suivi des personnes guéries d'Ebola et gestionnaire des incidents pour cette épidémie. Cet effort s’inscrit dans une approche collaborative avec le PAM qui assure la distribution de vivres secs aux personnes guéries et l’UNICEF qui a détaché un agent sur le terrain pour renforcer les capacités locales. « Cet accompagnement multipartenaire est essentiel pour garantir la continuité du suivi, favoriser la réinsertion des survivants et assurer une stabilité sanitaire durable dans la zone », souligne-t-il.

Pour souligner l’importance de ce travail, le Dr Brys Busanga Shibari, responsable du Programme des Guéris à l’OMS, rappelle : « Survivre à Ebola ne marque pas la fin de l’histoire. C’est le début d’une reconstruction. Aucun survivant ne doit affronter cela seul », affirme-t-il.

À la clinique des guéris, Héritier vient une fois par mois pour son suivi. Les équipes vérifient son état général, sa vision, son sommeil et ses douleurs, mais surtout, elles prennent le temps de lui parler. Pour lui, ce moment est important : « Ici, je ne suis pas seulement un patient. On m’écoute et on m’aide à retrouver confiance », dit-il.

Parmi les professionnels formés, Thérèse Mboli, psychologue clinicienne, l’accompagne régulièrement. Elle voit son rôle comme essentiel pour la reconstruction : « Après Ebola, il faut aussi soigner ce qui ne se voit pas : la fatigue, la peur, la tristesse. Mon travail est d’être présente et d’avancer à son rythme », précise-t-elle.

Pour compléter cet accompagnement, le Médecin Chef de zone, Dr Jean Paul Mbantshi Beya, insiste sur la dimension sociale de la guérison : « Être guéri ne suffit pas. Il faut pouvoir reprendre sa place et se sentir entouré. C’est cela aussi la guérison », souligne-t-il.

À Bulape, la reprise de la vie après Ebola devient une réalité grâce à la continuité des soins, au suivi régulier, au soutien psychosocial et à l’accompagnement des survivants dans leur réintégration. Ce travail collectif vise à restaurer la confiance, la dignité et l’autonomie de chaque survivant.

Héritier n’a pas encore repris son activité au marché, mais il sait désormais qu’il peut compter sur un soutien. « Ebola a bouleversé ma vie, mais il n’a pas changé qui je suis. Aujourd’hui, je retrouve confiance. Lentement, mais sûrement », dit-il.

 

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