Paludisme au Congo : priorité à la protection des femmes enceintes et des enfants
Brazzaville, 15 mai 2025 – C’est en différé, mais avec une mobilisation palpable, que le Congo a célébré la 18e édition de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, sous le thème : « Le paludisme prend fin avec nous : réinvestir, réimaginer, relancer ». L’événement a été l’occasion de faire le point sur les efforts déployés dans la lutte contre cette maladie endémique qui continue de faire des ravages, en particulier chez les enfants et les femmes enceintes.
Le ministre de la Santé et de la Population, le Professeur Jean-Rosaire IBARA, a livré un message fort, réaffirmant la volonté du gouvernement de hisser le Congo à la hauteur de l’ambition mondiale : réduire de 90 % le fardeau du paludisme d’ici 2030.
« Le paludisme est évitable et curable. L’atteinte de l’objectif 3.3.b des ODD n’est pas une simple lueur d’espoir : avec nos efforts conjugués, nous allons y arriver », a-t-il déclaré.
Dans cette perspective, le ministre a rappelé les avancées majeures obtenues ces dernières années, notamment l’effectivité de la gratuité du traitement pour les enfants de moins de 15 ans et les femmes enceintes dans plus de 2 600 formations sanitaires, l'implication des relais communautaires, et les campagnes de distribution massive de moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action (MIILDA).
La journée a également été marquée par des communications scientifiques de haute portée. Le Professeur Francine Toumi, experte en parasitologie, et le Dr Patrick Bitsindou, entomologiste, ont animé deux exposés particulièrement attendus.
Ils ont abordé, entre autres, la question cruciale de la surveillance génomiquede la résistance des souches de Plasmodium aux antipaludiques, un enjeu majeur dans l’adaptation des traitements et des stratégies nationales. Leurs interventions ont mis en lumière l’importance d’une veille scientifique continue pour anticiper les mutations du parasite et les résistances émergentes.
Présent à la cérémonie, le Représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Congo, le Dr Vincent Dossou SODJINOU, a salué les efforts nationaux tout en soulignant l’importance de maintenir le cap.
« Le paludisme reste l’un des défis sanitaires majeurs du continent africain. Mais les solutions existent. Le renforcement de la mobilisation locale des ressources financières, de la coordination multi-sectorielle et le passage à l’échelle des soins de santé primaires ainsi que l’introduction de la vaccination contre le paludisme, augmenteront nos chances pour accélérer la marche vers l’élimination du paludisme », a-t-il souligné.
Au-delà des interventions sanitaires, la lutte contre le paludisme se joue aussi sur le terrain de l’assainissement. Le ministre a rappelé la pertinence de la circulaire gouvernementale du 6 octobre 2018, instituant une journée citoyenne d’assainissement chaque premier samedi du mois. Une mesure salutaire dans un contexte où les eaux stagnantes favorisent la prolifération des moustiques vecteurs du paludisme.
Avec une incidence actuelle de 215 cas pour 1 000 habitants, le Congo est encore loin d’avoir éliminé le paludisme, mais les bases sont posées. L’introduction prochaine du vaccin antipaludique homologué par l’OMS, actuellement en phase de planification, pourrait accélérer la marche vers un avenir sans paludisme.
« Ensemble, poursuivons notre marche vers un avenir où aucune mère ne pleure son enfant, où aucun village ne s'endort dans la peur de la piqûre mortelle. Un avenir où nous pourrons dire, enfin, que nous avons vaincu », a conclu le ministre Jean Rosaire IBARA.