Les ministres africains en réflexion autour de la production locale de médicaments et d’autres technologies de la santé à Alger
Alger, – La Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et d’autres technologies de la santé s’est ouverte ce 27 novembre 2025 à Alger en Algérie. Cette rencontre se veut non seulement un cadre de réflexion autour de la production locale de médicaments mais aussi une occasion pour les pays africains de réitérer leur engagement en faveur de ce pilier essentiel pour la souveraineté sanitaire du continent.
Le renforcement de la production pharmaceutique en Afrique constitue une nécessité stratégique afin de garantir un accès équitable aux médicaments et d’assurer une autosuffisance du continent.
Pour le ministre de l’Industrie pharmaceutique, le Dr Ouacim Kouidri, « cette conférence représente une étape déterminante puisqu’elle permettra de passer en revue les moyens de renforcer la production locale, de développer l’industrie pharmaceutique africaine et de concrétiser la vision du président de la République visant à faire de l’Afrique un continent fort par sa souveraineté et uni par ses intérêts ».
Renforcer les investissements dans la production locale, c’est améliorer la qualité de vie des populations et préserver la santé de chaque individu. « L’une des nombreuses leçons apprises de la pandémie de COVID-19 est que la concentration de la fabrication dans un petit nombre de pays a entraîné des inégalités dans l’accès aux vaccins et à d’autres produits de santé. Renforcer la production locale et régionale est indispensable pour améliorer la préparation et la réponse aux épidémies et pandémies, mais aussi pour progresser vers la couverture sanitaire universelle et faire face à des menaces telles que la résistance aux antimicrobiens », a déclaré le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Dr Tedros Ghebreyesus. « L’expansion de la production locale et régionale est essentielle pour protéger et promouvoir la santé sur notre continent. »
Pour sa part, le Dr Mohamed Janabi, Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, a souligné la nécessité pour l’Afrique de prendre son destin en main à travers un ferme engagement.
« L’Afrique ne sera plus la dernière à accéder aux contre-mesures médicales essentielles. C’est un engagement envers nos populations : les médicaments dont elles ont besoin seront sûrs, abordables et produits sur le sol africain. Cela implique une réglementation solide, un financement fiable et des partenariats stratégiques favorisant le transfert de technologies, l’innovation et la compétitivité », a indiqué Dr Janabi. « Renforcer la production locale n’est pas un choix — c’est une nécessité pour la sécurité collective et l’indépendance économique », a-t-il ajouté.
Le lien entre la production locale de médicaments et l’économie a été aussi mis en exergue par le ministre algérien de la Santé. « Il n’est plus possible de considérer la production pharmaceutique nationale comme un simple enjeu industriel. Elle est désormais devenue un pilier de la sécurité sanitaire, du développement économique et de la stabilité sociale. Renforcer nos industries nationales signifie garantir l’accès aux médicaments essentiels et maîtriser les coûts », a déclaré le Dr Mohamed Seddik Aït Messaoudène.
A Alger, les discussions tourneront également autour du renforcement des cadres réglementaires visant à améliorer le contrôle, la traçabilité et l’assurance qualité des produits fabriqués sur le continent. Dans cette dynamique l’Agence africaine de médicaments (AMA) se tient prête à accompagner les pays. « Les produits médicaux peuvent être autorisés plus efficacement à travers les frontières, avec la confiance et la crédibilité qu’ils méritent. Ainsi, lorsqu’un fabricant produit un article dans un pays africain et souhaite l’utiliser dans un autre, les délais sont raccourcis et l’accès aux produits médicaux essentiels est facilité. Chaque fabricant doit fonctionner avec un système robuste de gestion de la qualité, et l’AMA veillera à garantir la conformité de ces produits aux normes de qualité », a expliqué la Dre Delese Mimi Darko, Directrice générale de l’AMA.
Elle a insisté sur la synergie d’action. « L’Afrique ne peut pas continuer à être fragmentée. L’Afrique ne peut pas continuer à dupliquer les efforts. Chaque pays ne peut pas – et ne doit pas – fabriquer tous les produits. Nous devons être stratégiques et créer des pôles régionaux de fabrication, des plateformes logistiques ou chaînes d’approvisionnement régionales, ainsi que des laboratoires régionaux. »
La rencontre d’Alger s’inscrit dans la vision des chefs d'État africain qui consiste à ce que au moins 60 % des produits utilisés en Afrique viennent de l'Afrique. Le Directeur général de CDC Afrique, Dr Jean Kaseya, a particulièrement félicité l’Algérie pour ses efforts. Dans le pays, plus de 82 % des produits utilisés sont fabriqués localement. Dr Kaseya espère mieux : « nous ne voulons pas que les médicaments fabriqués en Algérie qui doivent être consommés dans nos pays deviennent l'objet d'un marchandage bilatéral. Nous travaillons à ce que tous les produits fabriqués dans nos pays africains soient disponibles dans d'autres pays africains. Nous voulons la souveraineté africaine et cette souveraineté va commencer à partir d'aujourd'hui en Algérie ».
Fort de son engagement en faveur de la souveraineté sanitaire, l’Algérie se veut un acteur clé dans la mise en œuvre du Cadre régional pour la promotion de la production locale de médicaments, vaccins et autres technologies de la santé en Afrique, adopté en août 2024 par les ministres de la Santé de la Région africaine de l’OMS.
Dans son message lu par le Premier ministre M. Sifi Ghrieb, le Président de la République, M. Abdelmadjid Teboune, a déclaré que cette conférence intervient à la suite du succès réalisé par 4e Foire commerciale intra-africaine (IATF2025), organisée par l’Algérie en octobre 2025. « L’organisation de cette conférence en collaboration avec l’OMS vise à renforcer l’industrie pharmaceutique en Afrique pour assurer l’équité en médicaments et en vaccins pour tous les peuples d’Afrique, à travers des systèmes de santé résilients et des produits pharmaceutiques sûrs et à moindre couts », a-t-il précisé.
Après trois jours de travaux, la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et d’autres technologies de la santé prendra fin le 29 novembre avec l’adoption de la Déclaration d’Alger. Il s’agira d’une feuille de route pour orienter les politiques et stratégies en faveur de la production locale.
HPR
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