La situation actuelle de la méningite cérébro-spinale au Sénégal n’exige pas une vaccination de masse de la population

La situation actuelle de la méningite cérébro-spinale au Sénégal n’exige pas une vaccination de masse de la population

Il n’y a pas d’épidémie de méningite cérébro-spinale au Sénégal, les seuils épidémiologique par rapport au nombre de cas suspects n’étant pas encore atteint malgré la notification de centaines de cas, dont plusieurs ont été confirmés, dans toutes les régions du pays. Il n’y a donc pas lieu d’organiser une campagne de vaccination de la population, d’autant que le vaccin efficace n’est pas disponible en quantité suffisante au niveau international.

C’est, en substance, la conclusion tirée par le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Pr Awa Marie Coll Seck, à l’issue de la visite de travail qu’elle a effectuée, du 16 au 18 avril 2012, dans les régions de Thiès, Diourbel, Kaolack et Fatick pour apprécier le dispositif mis en place par les équipes cadre de régions et de districts sanitaires dans la prise en charge et la prévention des cas de méningite.

Le Ministre de la Santé et de l’Action sociale était accompagné par les responsables de la Direction de la Santé, de la Direction de la Prévention médicale, le Directeur de la Pharmacie nationale d’approvisionnement, le Coordonnateur du Réseau national des laboratoires, le Représentant de l’OMS au Sénégal, le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, le responsable du volet Santé de la Coopération technique belge, les représentants des syndicats de la Santé et de l’Action sociale, les Chargés de la lutte contre la Maladie et de la Promotion de la Santé du Bureau OMS/pays.

Les réunions qu’il a présidées, en présence des autorités administratives, des élus locaux, des médecins chefs des régions et districts sanitaires, des directeurs et spécialistes des hôpitaux publics et privés des zones visitées ont permis au Ministre de la Santé de recueillir des informations détaillées sur l’historique de l’apparition de la maladie, le nombre de cas notifiés, la confirmation au laboratoire, la répartition par tranche d’âge et par sexe, la disponibilité des médicaments et moyens de diagnostic, le système de surveillance mis en place, la forte demande de vaccination exprimée par les populations.

Des différentes présentations faites par les médecins chefs de régions et de districts sanitaires, il ressort que les premiers cas de méningite remontent, dans certaines zones, au mois de janvier 2012 et que la tendance est actuellement à une baisse très sensible, après la poussée observée durant plusieurs semaines. Le W 135 est la souche prédominante qui a été identifiée comme étant responsable dans la majorité des cas de méningites confirmés par des analyses de laboratoire. Les personnes de sexe masculin et la tranche d’âge 4-15 ans ont été les plus touchées.

Globalement, la prise en charge des patients a été correcte bien que quelques décès aient été enregistrés. Dès l’apparition des premiers cas de méningite, la Direction de la Prévention médicales a pré-positionné des médicaments et matériels de diagnostic et diffusé les directives techniques élaborées, avec l’appui technique de l’OMS, auprès des équipes cadre de régions et de districts. Les fiches techniques et les protocoles de prise en charge ont été partagés au cours de sessions de mise à niveau avec les points focaux de la surveillance, les infirmiers chefs de poste de santé et autres personnels de santé à tous les niveaux.

Quelques initiatives prises localement méritent d’être soulignées. Il s’agit de la prise en charge gratuite de plusieurs cas sociaux au niveau des hôpitaux, de la contribution financière des comités de santé à la prise en charge des frais liés aux examens de laboratoire et à l’hospitalisation de malades, de la diffusion d’informations sur la méningite sur internet et par affichage par les pharmaciens privés pour satisfaire la demande d’informations des populations.

Cependant, des solutions pérennes doivent être trouvées pour un certain nombre de problèmes afin de renforcer les capacités de riposte du système de santé face à la méningite et d’autres maladies à potentiel épidémique. Il s’agit, tout d’abord, de la disponibilité en quantité et en permanence de réactifs, du fonctionnement effectif des laboratoires au niveau de quelques districts sanitaires, de la gratuité des examens de laboratoires et des médicaments.

A ce propos, le Ministre de la Santé et de l’Action sociale a donné l’assurance que les dispositions seront prises pour résoudre ces difficultés. En attendant, le Pr Awa Marie Coll Seck a insisté sur la nécessité de renforcer la surveillance épidémiologique pour le dépistage, la prise en charge précoce des cas et d’assurer la gratuité du traitement. Elle a également mis l’accent sur l’urgence d’élaborer une stratégie de communication avec les populations. Elle a enfin remercié l’OMS pour son assistance dans la préparation de la réponse face aux cas de méningite et sollicité l’appui des autres partenaires techniques et financiers dans l’amélioration du dispositif de prise en charge des patients.

Les partenaires sont prêts à apporter leur contribution à la résolution des problèmes identifiés a déclaré le Représentant de l’OMS au Sénégal. En ce qui concerne l’OMS, le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama a souligné qu’elle apportera aux pays toute l’aide nécessaire pour leur permettre de se préparer au mieux à une éventuelle flambée de cas de méningite à souche W135 qui surviendrait en 2013.

Elle a révélé que l’OMS a déjà entreprise des négociations avec l’industrie pharmaceutique pour la production en quantité suffisante de vaccins efficaces contre le W135. Ce qui permettra d’assurer, en cas de besoin, la couverture vaccinale des populations à risque.

Pour ce qui est de la riposte en cours au Sénégal face aux cas de la méningite enregistrés, le Représentant de l’OMS a recommandé:

- la vigilance des personnels de santé, notamment au niveau communautaire, bien que le nombre de cas ne soit pas encore alarmant,

- l’information et la sensibilisation du public sur les symptômes de la méningite afin d’encourager le recours précoce aux soins,

- l’amélioration de la coordination et de l’échange d’informations entre les hôpitaux et les districts sanitaire,

- l’utilisation de tous les médicaments efficaces contre la méningite actuellement disponibles,

- la documentation de la riposte apportée par le système de santé en vue d’une meilleure préparation des réponses à venir contre une éventuelle épidémie de méningite et d’autres maladies à potentiel épidémique.

La situation actuelle de la méningite cérébro-spinale au Sénégal n’exige pas une vaccination de masse de la population

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