Il faut investir dans la santé pour éliminer la peste à Madagascar
8 janvier 2018, Antananarivo, Madagascar - Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé a exposé ses vues sur les moyens de préserver Madagascar des épidémies de peste, à l’occasion d’une visite de trois jours dans la nation insulaire, qui a débuté dimanche 7 janvier.
«Madagascar peut faire disparaître à tout jamais les épidémies de peste grâce à des investissements stratégiques dans son système de santé, et notamment en améliorant l’accès aux soins de santé, ainsi que la préparation, la surveillance et les capacités de riposte, et en appliquant le Règlement sanitaire international (2005)» a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Pour sa première visite à Madagascar depuis son élection, l’an dernier, au poste de Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros rencontrera des survivants de la peste et des familles touchées, les principaux ministres et les autorités chargées des efforts d’intervention, le Président et la Première Dame, ainsi que des représentants des organismes des Nations Unies et des partenaires de santé. Il se rendra également dans un centre de traitement contre la peste, ainsi qu’au Centre national opérationnel et stratégique de surveillance épidémiologique.
Le Directeur général de l’OMS a commencé par remercier les autorités nationales de leur conduite éclairée et les partenaires de l’appui qu’ils ont offert face à la récente épidémie de peste bubonique et pneumonique qui a frappé l’ensemble du pays, causant la mort de plus de 200 personnes en quatre mois.
«Cette épidémie de peste pneumonique sans précédent a été enrayée grâce aux efforts inlassables des agents de santé et des partenaires malgaches. L’Organisation continuera d’appuyer les activités de préparation visant à prévenir toute flambée de peste et, le cas échéant, à la contenir et à la combattre, et elle demande à ses partenaires de développement internationaux de l’aider à faire échec aux épidémies humaines. Il s’agira à cette fin de mieux comprendre les causes plus générales de la propagation de la peste, et de renforcer les capacités nationales afin de pouvoir, à l’avenir, faire face à des situations d’urgence analogues», a indiqué le Dr Tedros.
Bien que les autorités malgaches aient annoncé à la fin de novembre 2017 que le pays était sorti de la phase aiguë de l’épidémie, la peste revêt un caractère saisonnier à Madagascar où elle se déclare d’ordinaire entre septembre et avril chaque année.
Le Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti, qui accompagnait le Dr Tedros, a averti que les opérations de riposte devaient être maintenues jusqu’à la fin de la saison de l’épidémie de peste, et même au-delà.
«Nous devons maintenir un dispositif d’alerte et de riposte solide afin de détecter rapidement les nouveaux cas de peste et y faire face au fur et à mesure qu’ils apparaissent», a déclaré le Dr Moeti. «L’OMS a besoin d’urgence de 4 millions de dollars (US) supplémentaires pour poursuivre les opérations de riposte au cours des trois prochains mois, jusqu’à avril 2018. »
Lorsque l’épidémie a été détectée en août 2017, l’OMS a rapidement mobilisé un appui financier, opérationnel et technique à l’intention de Madagascar et des pays voisins, en débloquant des fonds d’urgence, en livrant des médicaments et des fournitures, en mettant en commun des directives sur la gestion des cas et les inhumations sans risque, en concourant à la surveillance des cas et aux analyses en laboratoire, et en renforçant les mesures de santé publique dans les ports et les aéroports. Plus de 4400 agents ont été formés à identifier les sujets en contact étroit avec les malades de la peste et à les aiguiller vers les services de soins appropriés afin d’empêcher la propagation de la maladie.
«Avec l’appui de l’OMS et d’autres partenaires, nous avons fourni gratuitement des traitements à presque tous les malades identifiés et à plus de 7300 sujets contacts», a indiqué le Dr Lalatiana Andriamanarivo, Ministre de la santé à Madagascar.
Via son programme de gestion des situations d’urgence, l’Organisation a reçu du fonds de réserve de l’OMS pour les situations d’urgence ainsi que de l’Italie, de la Norvège et de la République de Corée, un appui financier à l’action qu’elle mène pour circonscrire la flambée de peste à Madagascar. L’OMS et le Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie ont déployé à Madagascar plus de 135 membres de leur personnel pour faire face à l’épidémie.