Le don de sang, « un acte de solidarité »
Kinshasa – « Ces dons de sang me sauvent la vie. Sans eux, je n’aurais jamais soufflé sur ma 26ème bougie, ni même vu ma fille âgée aujourd’hui de 8 mois », raconte Marie*, 26 ans, une habitante de Righini, un quartier de la commune de Lemba, à Kinshasa. « Quand on est une personne drépanocytaire, le don de sang est un acte solidaire capital pour notre survie. »
Malade de drépanocytose, Marie a cru mourir en accouchant de son enfant, en octobre 2021. « Pendant le travail, j’ai fait une anémie sévère comme c’est souvent le cas chez les patients drépanocytaires. Mon taux d’hémoglobine a chuté et je me suis retrouvée à 3g/dL contrairement à la moyenne de 12,1 et 15,1 g/dL chez les femmes. Cet épisode m’a fortement marqué. Sans la mobilisation de donneurs bénévoles de la fondation Cœur de compassion, je n’aurais jamais survécu. »
La drépanocytose est une maladie génétique courante due à une anomalie de l’hémoglobine, qui se manifeste par l’anémie, les crises douloureuses et une moindre résistance à certaines infections. Chaque année, quelque 300 000 enfants naissent avec une anomalie majeure de l’hémoglobine et l’on recense plus de 200 000 cas de drépanocytose en Afrique. C’est la maladie génétique la plus répandue à la surface du globe. Elle est particulièrement fréquente chez les personnes originaires d’Afrique subsaharienne, d’Inde, d’Arabie saoudite et de pays méditerranéens.
« Chaque année, le 14 juin, Journée mondiale du donneur de sang, offre l’occasion d’apprécier le chemin parcouru un peu partout dans le monde. Donner de son sang est un acte de solidarité. Près de 118,5 millions de dons de sang sont effectués chaque année dans le monde. On dénombre cependant 60 pays sur 125 – ayant communiqué leurs données en 2018 – indiquant recueillir moins de 10 dons pour 1000 habitants. Parmi eux, 34 appartenant à la Région africaine de l’OMS. Pour inverser durablement la tendance, l’information, la sensibilisation, la mobilisation et la fidélisation des donneurs restent la clé », déclare le Dr Amédée Prosper Djiguimdé, Chargé de Bureau de l’OMS en RDC.
À 28 ans, Deborah Kalaki est présidente de la fondation Cœur de compassion basée à Kinshasa. Depuis 2016, sa fondation sensibilise à la drépanocytose et à l’importance du don de sang, en particulier chez les jeunes. « Je parcours les communes, les villes, les quartiers, les ménages pour passer le message et encourager les personnes à réaliser leur électrophorèse (qui sert à détecter des anomalies de l’hémoglobine) pour épargner la vie de leurs futurs enfants. Pendant les campagnes organisées sur les campus, je propose aux jeunes des prélèvements gratuits pour la réalisation de leur l’électrophorèse », raconte la jeune infirmière. « Avec l’appui du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), je mobilise des donneurs bénévoles pour constituer une banque de sang. Ces dons contribuent aussi à soutenir la santé transfusionnelle des patients drépanocytaires, car à chaque crise vaso-occlusive, une complication de la drépanocytose caractérisée par une obstruction locale de la circulation sanguine, leur pronostic vital est engagé. »
Deborah Kalaki utilise des journées comme celle du 14 juin pour amplifier le message encourageant le don volontaire du sang. « Dans la famille, nous sommes neuf filles, parmi lesquelles trois sont drépanocytaires. Si mes trois sœurs sont en vie jusqu’ici, c’est grâce aux poches de sang de personnes qui, de manière volontaire et régulière, donnent de leur sang pour sauver des vies. »
En République démocratique du Congo (RDC), chaque 14 juin est une opportunité de mobilisation tous azimuts. Cette année, le CNTS a déployé plusieurs stands et mobilisé une centaine de donneurs bénévoles à son siège, à Kinshasa. Des initiatives qui permettent des améliorations non seulement dans la capitale, mais aussi dans plusieurs autres provinces. « En 2022, le pourcentage de dons de sang – issus de donneurs bénévoles – a nettement évolué passant de 34 % à 40 % voire 44 % », détaille Pacifique Misingi, Directeur du CNTS.
L’Est du pays fait figure d’exemple, avec 90 % de dons bénévoles non rémunérés au Nord-Kivu, alors que le Tanganyika et le Sankuru sont autour de 5 % à 6 %. À Kinshasa, le taux de dons bénévoles non rémunérés culmine à 65 %.
Aristide Miteleji, 24 ans, est un étudiant et également membre de la fondation Cœur de compassion. Depuis 2018, le don de sang est devenu une routine pour lui. « Je donne de mon sang pour soutenir la santé transfusionnelle des personnes drépanocytaires mais aussi pour aider les personnes dans le besoin. Cette année, j’ai déjà donné une poche de sang. Comme à l’accoutumée, je participerai aux autres collectes annoncées », dit-il fièrement.
En 2021, la RDC a mobilisé à peu près 420 000 dons sur 750 000 attendus. L’objectif d’ici à 2030 est de parvenir à 80 % de dons bénévoles non rémunérés. Les défis restent nombreux. Pour Pacifique Misingi, « il faut déconstruire les préjugés et rumeurs autour du don de sang, et fidéliser les donneurs. Très peu de personnes reviennent et il se pose toujours le problème de la prise en charge du donneur lui-même. Nous devons accentuer par ailleurs l’information et la sensibilisation parce que chaque don compte. »
Comme tous les ans, le Bureau de l’OMS en RDC a collaboré avec les autorités et la presse locale pour relayer plusieurs messages et statistiques clés autour du thème retenu, y compris sur les réseaux sociaux. « À travers les réseaux sociaux, Twitter et Facebook, nous voulons lutter contre le phénomène des infodémies mais surtout, atteindre le plus grand nombre en diffusant des informations fiables », ajoute le Dr Amédée Prosper Djiguimdé.
Pour Déborah Kalaki, le don de sang est un don de soi, une part de compassion présent dans le cœur de chaque humain. En cette journée célébrée sur le thème « Le don de sang : un acte de solidarité. Rejoignez le mouvement et sauvez des vies », elle invite ses amis, sa famille, ses connaissances, les hommes et femmes à travers le monde à donner de leur sang sans jamais se décourager.
« Une poche de sang, c’est au moins une vie sauvée sans compter les dérivés utilisés pour venir en aide aux femmes, enfants mais aussi aux hommes. Tout le monde doit s’engager », insiste Pacifique Misingi.
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